Lettre retrouvée

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Cher toi,

Toi qui se trouve sous ce magnifique saule aux branches qui se repeuplent de couleurs verdoyantes;

Toi qui se trouve près de moi, profite de cette douceur printanière.

Toi qui tient cette feuille en ce moment, lis moi s'il te plait.

Soit celui qui fasse en sorte que quelqu'un m'entende une ultime fois, même s'il est trop tard et que je ne peux plus faire aucun bruit. 

Déjà trop tard. Ou enfin. Je ne sais pas, mais de toute façon peu importe. Tu le sauras mieux que moi.

Crois-tu que cette histoire s'ébruitera ? J'en doute. Je ne le saurais jamais de toute façon. Ou peut-être que si, en fin de compte. Car ça, j'en suis sûr, personne ne le sait.

Toi qui me lis, assure toi un bel avenir, tu le mérite, ne laisse pas les paroles et les actes d'autrui te détruire comme ils ont pu détruire ma vie. 

Souviens-toi.

Souviens-toi de ces moments heureux que tu as vécu, laisse toi porter lorsque la fenêtre de ton monde t'emmène vers ta propre dimension hypnotique. 

Souviens-toi de ton enfance, de ton soleil avant que n'arrive ce mélancolique hiver. 

Ouvre-toi au monde, partage le tient et sois heureux.

Fais tout ce que je n'ai jamais réussi à faire.

Parle.

La parole est un don dont il faut que tu te serves, crois moi. Ne te ferme pas au silence, ne te ferme pas sur toi. Partage tes émotions au monde, je n'ai fais que les coucher sur papier et ça n'a pas suffit, regarde où ça m'a mené.

Non, ne pleure pas en me regardant, c'est mieux ainsi. Continue de lire ce que j'ai à te raconter s'il te plait : 

J'écrivais le soir en secret, en silence, dans ma chambre, mon propre univers. 

Si je n'avais pas eu à sortir de cet univers, peut-être que je serais encore emmuré et bloqué dans ce silence. 

Rends-moi ce service, prend le journal que j'ai laissé près de moi et fais en sorte que mon histoire s'ébruite. 

Ils ont tout prit et je ne pouvais plus supporter de regarder ce qu'il restait de moi : une coquille vide. Plus rien à l'intérieur, il ne restait plus que cette enveloppe souillée. Souillée, déformée, maltraitée et pire encore par leurs paroles, leurs gestes, leurs actes... 

Mon âme était déjà partie, ils l'ont fait disparaitre ce jour là, je ne sais pas où mais je veux que tu saches qu'elle est surement dans un monde meilleur à présent, à attendre que tu viennes la rejoindre une fois que tu auras accompli tout ce que tu avais à faire ici. 

Mon travail est désormais accompli, j'ai transmis tout ce qu'il m'était possible de transmettre : une leçon sur la vie. 

Et pour faire la morale sur la vie, il me fallait avant tout la quitter. C'est ce que j'ai fais, tu vois. 

Emmuré par ce silence de mon vivant, c'est sans un bruit que je suis parti. 

Alors je t'en prie, toi fais-en. Fais tout le bruit que tu peux, et hurle-le sur tous les toits s'il le faut. 

Ne me laisse pas pour toujours dans le silence.


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