Le Revers De La Médaille

1.

- Vous pouvez demander à votre ami de baisser son arme? Je ne suis pas particulièrement fan des menaces par arme à feu ou tout autre type d'armes d'ailleurs"

En face de moi se tiennent 3 hommes et 2 femmes. L'un des hommes tient son arme pointée sur moi, tandis qu'un autre se rapproche prudemment. Le 3ème jette un coup d'oeil attentif à la porte que je viens de franchir. Les 2 femmes quant à elles portent ce qui semble être un corps. Ou peut-être deux. Complètement saucissonnés dans des draps.

"- T'es qui toi ? Pourquoi t'es là ?" Me demande l'un des gars.

Son haleine est si horrible qu'elle arrive à me filer la nausée.

Pour l'hygiène on repassera.

"- Tu te crois drôle avec t'es airs de gamin tombé du berceau ?

- Ah j'ai vraiment dit ça a haute voix? Désolé mais je dois avouer que tu devrais changer de dentifrice ou alors faire un bain de bouche de temps en temps..

- Oh alors toi...

- Eh il est drôle, il peut toujours nous divertir, s'exclame l'une des femmes. Et puis il faut bien avouer que t'as pas toujours bonne haleine, N° 3.

- Mouais bon, il peut rester en vie. Pour l'instant. N°5 et N°2 faites le tour du proprio et voyez si vous pouvez trouver de quoi manger ou une trousse de secours. N°4 fouille le et garde un œil sur lui. N°6 établis un contact avec N°1 et dis lui qu'on est en stand-by le temps que les choses se calment.

N°4 aka le prudent me dévisage et entreprend de vérifier chaque recoin de mes vêtements, chaque pli chaque couture est passée au crible. Puis, constatant que je ne suis pas en possession de quelque menace potentielle, il sort une corde et décide de m'attacher les poignets et les chevilles et me force à m'allonger sur le sol.

N°2 et N°5 étant l'une des femmes et celui qui regardait derrière moi, même si je n'ai pas encore bien compris qui est qui, sont partis en quête de nourriture et de soins. Donc j'en conclus dans la cuisine et dans la salle de bain.

N°6 était sur le point de brancher un ordinateur portable mais s'arrête à mi chemin l'air perplexe. N°3 le remarqua presque aussitôt.

"- Il y a un problème N°6? Demanda ce dernier.

- Il a dû tourner toute la journée et personne ne s'en est rendu compte. Résultat des courses, il est presque à plat, il reste 7% de batterie.

- Bah branche le pour qu'il charge, c'est pas si compliqué ?

- Si justement, si je me branche sur une prise quelconque, on risque de se faire repérer et ça compromettrait toute l'opération."

Un soupir m'échappa. Ce qui me valut un regard noir de N°3 et un coup de pied dans les côtes de la part de N°4.

"- Quelque chose a dire microbe?

- Derrière vous, troisième tiroir à gauche. Le tiroir a électronique que tout le monde a et qui n'est jamais rangé.

- Et bah quoi? Il a quoi ce tiroir?" s'impatiente N°4.

N°6 semble avoir compris et commence à fouiller ledit tiroir. Et triomphant du bordel, elle ressort avec une sorte d'adaptateur plus gros que les prises générales et jette un regard aux alentours. Elle déniche enfin une prise et y enfonce l'adaptateur. Le bruit de charge se fait finalement entendre et elle annonce victorieusement que l'ordinateur n'a pas dépassé les 2%.

"- Comment ça se fait que tu aies ce genre de matériel ici? Un équipement comme celui là doit coûter dans les 700€.

- J'ai simplement pas vraiment envie d'être espionné quand je regarde du contenu sensible."

Un rire nerveux se fait entendre, suivi presque immédiatement d'un "désolé".

"- N°5, tu as trouvé quelque chose d'utile ?

- Ouais, y a un garde manger rempli et plusieurs pièces aussi grandes les unes que les autres. N°3 je crois que t'as déniché un vrai bunker. On pourrait loger un bataillon entier sans aucun souci d'espace ou de confort.

- T'as vu personne d'autre ici?

- Nan, pas même une ombre. On dirait que le gamin vit ici tout seul. Y'en a qui ont de la chance.

- Si être rejeté par ses proches a cause de ses choix de vie parce qu'on est un déchet à leurs yeux est une chance, alors je pense que c'est pas vraiment une bonne définition.

- Oh pauvre petit chou, tu veux que je m'apitoie sur ton sort pendant qu'on y est?

- Pas la peine, j'ai déjà eu ma dose."

En tournant la tête j'aperçois que l'un d'entre eux a sorti de je ne sais où un pistolet à seringue avec une sorte de liquide bleuté et le dépose sur une étagère. J'aime pas ça. Je le sens pas du tout.

-C'est joli ça, y a des paillettes avec ou c'était plus cher?

-Rhoo mais il la ferme jamais ? Râle N°3.

L'homme qui s'est permis de visiter mon garde-manger sans invitation me jette un regard mécontent et avise le rouleau de scotch qui pend d'une ceinture.

-Ça devrai faire l'affaire.

Sans ménagement, il m'attrape par le col et me soulève pour me balancer sur le lit. Je m'écrase avec un bruit sourd et lâche un 'omph' qui se perd dans les coussins. Puis je sens une main s'écraser sur ma bouche et le contacte froid et désagréable du scotch.

Je proteste avec un 'mmph' sonore pour la forme suivi d'un regard noir appuyé. Toujours pour la forme. Je fini par reposer ma tête sur les coussins, me recaler plus confortablement et finalement fixer le plafond.

Ah y a un autre cadavre de moustique qui a laissé une trace.

Un gémissement attire mon attention. Le paquet que les femmes portaient à finalement décidé de rejoindre la partie. C'est qu'il remue le loulou.

Un coup de pied et un grognement étouffé plus tard, le paquet en question est balancé à côté de moi sur le lit. Faudrait vraiment qu'ils apprennent à viser. Je dégage mes jambes tant bien que mal. Il pèse son poids.

Une odeur bizarre agresse mon nez. Je me rends compte quelle émane du paquet cadeau à côté de moi. Malheureusement, cette puanteur engourdit mes sens et je sombre malgré ma tentative vaine de rester éveillé.

Bon bah pour la surveillance et la sécurité c'est pas gagné.

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