Chapitre 1 (réécrit)

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- Maman !

Je cherche comme une furie dans mon armoire à la recherche de la robe que j'étais pourtant certaine d'avoir préparée hier soir, mais il semble que les éléments se soient ligués contre moi ce matin.

- Maman !

- J'arrive, j'arrive !

Ma mère me rejoint et en vingt secondes, arrive à retrouver ce que je cherchais. Je la remercie et la lui prends, puis l'enfile aussitôt. Je n'ai plus de temps à perdre.

- Tu vas être en retard si tu ne décolles pas tout de suite, me dit ma mère avec un ton désapprobateur.

- Je sais, je suis prête.

Je tente vaguement de me coiffer devant le miroir puis ajuste ma robe. C'est une jolie robe blanche à bretelles avec un gros trèfle à quatre feuilles sur le cœur. Je l'ai achetée lors de mon voyage en Irlande en classe de terminale. Un très bon souvenir. Mais je n'ai pas le temps de penser à autre chose qui pourrait me retarder plus que je ne le suis. D'autant plus que je suis aussi vive qu'un paresseux ce matin. J'ai vraiment mal dormi... De grosses cernes soulignent mes yeux et je suis toute échevelée. Super. J'en déduis que c'est le stress qui me vaut cette mine terrible.

Je regarde la petite brune qui me scrute dans le miroir, avec ses grand yeux sombres et ses longs cheveux bruns qui tombent de manière indisciplinée dans son dos, elle a l'air effrayé. Je le suis.

Une fois prête à m'en aller, je jette un dernier coup d'œil circulaire sur la chambre dans laquelle j'ai dormi et passé le plus clair de mon temps ces dix-huit dernières années.

- À bientôt, je murmure en guise d'au-revoir à mon refuge.

Une fois sur le départ j'ai tout de même un petit coup au cœur. Je suis en train de quitter mon chez-moi, et ça me rend nostalgique. C'est dans cette pièce que mes souvenirs sont enfermés ; je me revois encore y courir et m'y enfermer après avoir appris que mon père nous avait abandonnés, ici que je me suis réfugiée après que le plus beau garçon de ma classe m'avait insultée de grosse devant tout le collège... mais également ici que j'ai vécu certaines de mes plus belles expériences. C'est donc avec le cœur gonflé d'émotions que je quitte cette pièce.

- T'es prête ?

- Oui maman, allons-y

J'attrape mes deux énormes valises et entre dans l'ascenseur pendant que ma mère claque la porte.

- Chad, entre, il y a encore de la place, je dis à mon grand frère en calant mes valises dans un coin.

- Avec tes grosses fesses, je crois pas, il réplique avec un sourire sournois.

- Ha ha.

J'essaie de ne pas rire mais c'est vain, un immense sourire me fend le visage... ce qui n'aurait certainement pas été le cas il y a quelques années. Peut-être est-ce en fait l'euphorie de mon imminent voyage qui me rend si souriante.

- On t'attend en bas maman, je crie en fermant la porte de l'ascenseur.

Nous vivons en plein cœur de Paris, dans un magnifique duplex Haussmannien qui donne sur la Tour Eiffel. Je vis ici avec ma mère et mon grand frère Chad depuis toujours. Mon père n'a vécu avec nous que pendant quelques années, ensuite il nous a quittés. Cet appartement est le témoin de toute ma vie et de celle de ma famille. J'y suis profondément attachée.

Après avoir lutté pour faire entrer mes bagages dans notre voiture, nous partons en direction de l'aéroport. J'ai les larmes aux yeux, je n'ai jamais quitté mon pays et ma famille pendant plus d'une semaine, et me voilà en direction de New-York afin d'y faire mes études. C'est une véritable chance de pouvoir étudier dans la somptueuse université de New-York, mais ça n'est que le résultat de la labeur de plusieurs années d'école. Je suis plutôt douée... ou plus précisément surdouée. Ma mère a toujours su que je l'étais mais je ne savais pas que mes facultés d'apprendre et de comprendre aussi facilement étaient dues à cela. Le revers de la médaille lui, s'est en revanche très bien fait ressentir : une insociabilité et un manque de confiance maladifs. De toute ma scolarité je ne suis pas parvenue à me faire un seul ami, trop réservée et «étrange» pour mes petits camarades. Je n'ai jamais compris en quoi être intéressée par l'école faisait de moi une fille si différente, pourtant j'étais le loup blanc de la meute, celle qui était toujours mise de côté et choisie en dernier dans les équipes de sport.

Ne me quitte pas (Disponible en pré-vente chez Hachette, Black Moon Romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant