Départ

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Chapitre 3
3112 Mots

« Carmen, ouvre ! »

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« Carmen, ouvre ! »

               Quelqu'un frappait avec impétuosité sur la fenêtre encastrée dans la porte d'entrée. La silhouette d'une jeune fille aux cheveux frisés se dessinait à travers le verre en partie opaque. Carmen, qui s'était murée dans le silence par peur de l'inconnu, se détendit bien vite lorsqu'elle reconnut la personne qui se tenait de l'autre côté de la porte. D'une main quelque peu hésitante néanmoins, elle tourna avec précaution la poignet pour laisser entrer une tornade à la chevelure brune qui, aussitôt, passa ses bras autour du cou de la femme dans une étreinte.

« Enfin ! T'en as mis du temps à ouvrir dis ! C'est à cause des ombres c'est ça ? »

               La jeune fille se détacha du cou de Carmen et se recula, mains sur les hanches et regard dur. Par la porte entrouverte, le chat de papier aux yeux de feutre jaune en profita pour s'introduire dans la demeure et se dirigea avec nonchalance vers le salon. La blonde observa ses deux invités, sans un mot, et un sourire vint finalement illuminer son faciès. Julie n'avait pas changé depuis la dernière fois, toujours aussi énergique et directe, malgré le bouleversement du monde. La petite d'une quinzaine d'année était le portrait craché d'Anaïs, bien que cette dernière soit plus douce et calme que sa fille. Dans un geste affectif, Carmen se prit à ébouriffer la crinière brune de la plus jeune et prit enfin la peine de répondre.

« Oui, mieux vaut être méfiant en ce moment.

— On dirait ma mère, s'agaça l'adolescente, vous vous êtes bien trouvées pour ça. »

               A la mention d'Anaïs, Carmen se prit à grimacer et un long silence s'ensuivit. Aucun bruit ne venait du dehors, plus silencieux que jamais. Seul le ronronnement lointain et étouffé du matou en origami se faisait entendre depuis le salon. Les lueurs violacées de la tempête qui n'était plus très loin désormais se reflétaient sur les murs du corridor à travers la lucarne, la maison prenait une tout autre dimension plongée dans l'obscurité avec comme seule lumière celle surréaliste de l'extérieur. Carmen sentit le malaise l'envahir progressivement, remonter le long de sa colonne vertébrale et la faire frissonner. Julie ne semblait pas aller beaucoup mieux. Elle déglutissait avec difficulté alors que la lumière violette ambiante se reflétait sur ses larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Quand la jeune remarqua que Carmen l'observait, elle s'essuya vivement les perles salées d'un revers de manche et afficha un petit sourire maladroit. Ce fut un sourire réconfortant que la blonde lui rendit avant que cette dernière ne toussote ensuite légèrement pour briser le silence qui devenait étouffant.

« Et... Mattieu t'a laissé sortir me voir alors que la tempête n'était plus très loin ?

Julie hésita à répondre pendant un instant ; nerveuse, elle ne pouvait s'empêcher de jouer avec ses mains.

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