À toutes les personnes qui, elles aussi, ont eu envie un jour ou ont encore envie d'ouvrir cette boîte de Pandore et de laisser partir l'espérance.
Bianca claqua la portière du camion : elle était venue aider Argos à ramener les fraises à vendre en ville pour se vider l'esprit. Elle avait bêtement pensé que c'était une bonne idée : mais le temps de transporter les cageots, plein à craquer de fruits rouges, qui se comptaient par dizaines, elle eut le temps de se souvenir de tout. De tout ce qu'il lui restait. On était le 18 août. L'anniversaire de Percy Jackson. Les scènes passaient et repassaient dans sa tête douloureusement : Percy les sauvant du Manticore ; Percy tuant le lion de Némée avec des produits du magasin de souvenirs ; Percy se précipitant sur Talos...
Annabeth était recroquevillée dans sa couchette. Elle lâcha un sanglot et mordit son poignet pour que personne ne l'entende. Seul Malcolm et Léanne étaient encore là : comme elle, ils restaient pour l'année à venir. Ses souvenirs affluaient vers ses yeux vert océan et ses cheveux brun foncé en bataille : Percy était parti en laissant un trou béant dans sa poitrine. Son absence la rongeait. Et elle n'avait pas pu lui dire au revoir.
La douleur n'avait jamais été aussi forte que depuis son retour de quête.
Son demi-frère, assis à son bureau, dessinait, impuissant, et tentant d'ignorer les sanglots qu'Annabeth essayer d'étouffer. Il n'y avait pas plus bizarre que de voir la personne que vous pensiez la plus forte, celle-là même qui n'avait versé aucune larme durant ses années les plus jeunes à la colonie, se noyer de chagrin. Il continua à dessiner, laissant son crayon allé sur sa feuille. En quelques minutes, il réalisa un portrait incroyablement ressemblant : on y voyait les minuscules fossettes qui se formaient lorsque Percy souriait de son sourire agaçant mais contagieux ; ses yeux autrefois pétillants et ses mèches retombant comme des vagues sur son front. Il esquissa un sourire nostalgique devant son dessin. Même après la victoire contre Cronos et celle contre Gaia, les gens en parlaient. Percy incarnait le courage et la joie de vivre. Il était simplement une légende, en quelque sorte.Quelques minutes, par habitude d'avance sur le temps, le pas rapide de Nico le dirigeait vers le pavillon-repas. Comme chaque année, le 18 août, les gens étaient dépités. Il n'aurait su décrire l'atmosphère sombre tombait sur ceux qui gardaient les souvenirs du sourire sans failles du fils de Poséidon : même après 3 ans, tout le monde espérait secrètement qu'il reviendrait, pourtant, on s'acharnait à le dire mort. Mais on n'avait jamais vu son corps, jamais eu une quelconque trace de son vivant qui aurait pu s'inhumer en paix avec son linceul.
Nico le savait plus que quiconque, que c'était ridicule : lui-même qui continuait à l'espérer chaque jour, en gardant la vaste impression de tuer tout espoir. Percy avait été son amour de jeunesse. Il l'avait à l'époque impressionné par son dévouement et sa loyauté sans failles qu'aurait aimé être capable Nico. Bien que quelques années plus tôt, il n'ait jamais été assez mature pour ne pas haïr Percy après son décès.
Il l'avait haï d'avoir disparu en laissant un vide dans les cœurs.Le fils d'Hadès remonta le temps de quelques secondes ses manches : il regarda les cicatrices blanches qui s'étaient marquées à jamais sur sa chair un instant, en ignorant le pincement douloureux qu'il ressentait entre ses côtes. Il chassa ce sentiment. Il n'aimait plus Percy. Son cœur appartenait à quelqu'un d'autre. Il sourit tristement et s'installa à la table des Apollon, à côté de celui qui avait su volé son cœur : Will Solace, les cheveux dorés brillant au coucher de soleil et les yeux bleus perçants.
Mais une partie de lui continuait à espérer qu'il vivait, quelque part, parce que les gens avaient besoin de lui. Annabeth d'autant plus.La livraison de fraises se fit plus rapide qu'elle l'aurait espérée. Elle arriva peu avant le diner, et reprit sa place à côté de Piper : elle se glissa contre l'arbre, sans piper un mot. La fille d'Aphrodite n'avait pas changé de place : elle était assise contre un chêne et lisait un bouquin en silence.
Autrefois, Piper n'avait jamais aimé la lecture, de la même façon qu'elle détestait les cours : c'était compté sans Annabeth. Sa meilleure amie lui avait donné le goût des livres.
Aujourd'hui cependant, son moral n'était pas à la lecture. Ses yeux ne suivaient plus les lignes de mots qui s'étalaient sur la page du roman qu'elle tenait entre ses mains. Son esprit revenait sans cesse vers l'état de sa meilleure amie, qui se dégradait comme un patient atteint du cancer à qui on avait découvert qu'il était au stade 4.
Elle le sentait. Elle l'avait vue. Et elle l'avait entendue. Les yeux d'Annabeth étaient rougis, elle n'avait qu'adresser vaguement la parole à ses amis, et Malcolm lui avait raconté sans s'attarder comment Annabeth avait passé la quasi totalité de la journée.
Cela faisait mal de la voir dans cet état. C'était Annabeth qui avait accueillie Piper. Elle qui l'a soutenue dans sa relation avec Jason. Elle avait toujours été là pour la fille d'Aphrodite.Piper aurait voulu depuis longtemps lui rendre la pareille. Lorsqu'elle était arrivée, elle s'était toujours demandé si Annabeth avait déjà eu un copain, ou bien si elle était amoureuse de quelqu'un. Si quelqu'un l'intéressait sur le bateau, quand ils sont partis en quête de sauver le monde.
Elle n'avait qu'entendue des rumeurs, sur un certain Luke, et sur ce Percy. Celui qui aurait dû avoir 17 ans ce 18 août. Son meilleur ami. Que des rumeurs, parce que les gens autour d'elle n'abordaient jamais le sujet, que c'était tabou. Elle avait osé vouloir en savoir plus sur les coups de cœur de la blonde.Elle s'en était maudit longtemps : quand avait osé aborder le sujet amour avec elle, les yeux d'Annabeth s'étaient perdu et elle n'avait pas répondu, laissant un vide entre elles des jours durant.
La conque du repas, mélodieuse et inchangée depuis des années, retentit. Annabeth n'en prit pas compte, et ne se donna pas la peine de bouger. Si elle pouvait au moins éviter quelque chose, c'était que les gens voient sa tête à ce moment donné. Sans compter Malcolm, qui passa d'un geste rapide sa tête par le cadre de la porte du bungalow d'Athéna :
- Beth ! Viens manger. Tu peux pas rester là ! s'exclama-t-il
Elle ne prit pas la peine de répondre. Malcolm ne comprenait pas : il n'avait jamais compris. Et on le ressentait dans l'énervement qui pointait dans sa voix, comme si ce qui se passait ne dépendait que d'elle.
Il y avait bien eu des fois où le sort était entre ses mains. Elle s'en souvenait très bien, même.
Mais là, ce n'était pas le cas, et elle détestait profondément cette sensation. Perdre le contrôle. Mais personne ne le comprenait.Elle le laissa partir au pavillon-repas avec Léanne. Elle ne pouvait pas manger, elle n'en avait pas la force, pas aujourd'hui. Ses pensées s'envolèrent vers son cœur. Son organe vital, son seul refuge. Son passe-temps et son souffre-douleur. Elle avait tant utilisée son cerveau que son cœur lui semblait être un corps étranger qui n'avait rien à faire dans sa poitrine vide.
Il y avait eu d'abord Luke, son amour d'enfance. Elle avait été folle amoureuse de lui : de sa cicatrice, de son sourire et de ses yeux. Mais Luke était parti et s'était enrôler. Il avait fini par lui avouer qu'il l'aimait aussi, il y a un an, après tout ce temps, avant de mourir dans ses bras. C'était trop tard. Son cœur s'était déjà perdu dans les beaux yeux vert-océan du fils de Poséidon. Dans ses yeux qui ont disparus fatidiquement ce jour-là à cause d'elle. Ceux-là qui auraient dû prendre 17 ans aux côtés des gens qu'il aimait aujourd'hui. Elle regrettait de ne jamais lui avoir dit. De ne jamais avoir dit tout ce qu'elle ressentait envers lui, même si cela n'avait pas été réciproque, même si elle ne pensait que ce n'était qu'une minuscule étincelle du à l'adolescence qui allait finir par s'éteindre, à l'époque.Elle savait qu'elle devait arrêter d'espérer qu'il revienne. C'était sa faute, à elle, Annabeth Chase : il avait fait cette quête pour la sauver, rien que parce qu'il était d'un héroïsme sans nom. Il avait disparu ; et elle aurait préféré mourir à sa place.
Elle frappa rageusement son coussin, y mettant ses dernières forces restantes. Il était mort à cause d'elle. Trop de gens étaient morts pour elle. Et elle ne se le pardonnerai jamais.
Il était mort.
Pourtant elle espérait, encore et encore.voici le premier chapitre réécrit ! les corrections vont vite, donc j'espère publier régulièrement
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ANOTHER YEAR WITHOUT YOU (1) / 𝘱𝘫𝘰
Fanfiction2007. Percy s'est sacrifié pour arrêter Talos, sauvant ses amis du géant d'Héphaïstos. 2010. 3 ans plus tard, personne ne songe plus à un retour. Les guerres ont détruit des vies, et tout le monde le pense mort. Pourtant, tout bascule lorsque la mer...