Two

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"It's always gonna be you."

J'attrape donc le prochain bus, le véhicule est silencieux, rares sont les passagers à cette heure-ci.

Après une vingtaine minutes de transport, et cinq minutes de marche, je déboule sur la plage.
Évidemment celle-ci est assaillie par les touristes, je n'arrive pas à apercevoir Ander.
Une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter. Un garçon brun, grand d'environ 1m78 m'accoste.
Il aborde un large sourire, dévoilant une dentition parfaite.

"Mary, je suis content de te voir !"

"Tu m'as fait peur !"

J'étreins mon meilleur ami. Le silence s'installe mais il le brise rapidement en reprenant la parole.

"Tu veux en parler ?"

"Non, répondis-je aussitôt."

"Comme tu veux, mais si jamais il va trop loin..."

"Je te préviens, je le sais."

"Bien, dit-il en levant les yeux au ciel, tu travailles quels jours cette semaine ?"

"Uniquement le week-end prochain, demain on est lundi, on a cours je te rappelle."

"Ah oui, les cours."

Ander à 17 ans et j'en ai 16, nous sommes en première mais malheureusement nous ne sommes pas dans la même classe.
Mes camarades sont pour les trois quarts, détestables, ils ne ratent jamais une occasion de juger ma tenue vestimentaire, qui malgré le fait que je ne porte pas du Gucci tous les jours, reste correcte.
La seule personne que j'apprécie dans ma classe de première, c'est Margot. Ce n'est, certes, pas ma meilleure amie, mais je m'entends plutôt bien avec elle.

Avec Ander, on a passé notre après-midi à se promener, et à discuter des derniers ragots.
Vient l'heure de rentrer. Je ne suis pas rassurée du tout, je ne sais pas comment mon père va réagir, sachant que je lui ai désobéi et qu'il doit encore être saoul.

Dès que j'ouvre la porte d'entrée, je me précipite à l'étage sans demander mon reste, et m'enferme aussitôt.
J'entends mon père furieux, monter les escaliers à ma poursuite.

"Ouvre-moi cette porte Mary !"

"Non ! dis-je en refusant de céder."

"On réglera ça demain, quand tu descendras. Bon dieu, qu'es ce que j'ai fait pour mériter une fille comme toi, ton frère était plus agréable."

C'est la goutte de trop, je me laisse glisser le long de ma porte, rapproche mes jambes de mon buste et laisse échapper quelques larmes.

Le lendemain, je tends l'oreille, aucun bruits, mon père n'est pas encore lever.
Je descends donc, sur la pointe des pieds les escaliers, et jette un coup d'œil au salon.
Mon père est affalé sur le canapé, il dort, j'ai beau le détester, je ne cesserai jamais de l'aimer.
Et c'est dans ces moments-ci que je retrouve la figure masculine que j'ai connue.
J'ai juste envie d'aller le serrer dans mes bras, lui dire qu'il va s'en sortir, que je l'aime et que j'ai besoin qu'il redevienne le père qu'il était.

Je ne m'attarde pas davantage, et me rends en cours.
Tous les matins, c'est la même chose, je sors sur la pointe des pieds. Et le soir je rentre en quatrième vitesse, j'attends qu'il parte se doucher pour lui préparer à manger, je n'ai pas d'autre choix, il ne se nourrirait uniquement à l'alcool.

D'habitude, je remonte toujours avant qu'il ne revienne dans le salon.
Mais aujourd'hui,  je n'ai pas envie de l'entendre manger seul, cela me peine énormément.
Alors, je décide de m'installer sur la chaise en face de la sienne et j'attends. Je suis angoissée, je ne sais pas si il va réagir violemment ou non.
Après quelques minutes, qui me paraissent interminables, il sors enfin de la salle de bain.
Il me regarde étonner, mais semble moins agressif que l'autre jour.

"Tu vas manger avec moi, ce soir ? me demande t-il."

Cela faisait bien longtemps que je ne mangeais plus le soir, mais aujourd'hui je voulais prouver à mon père que malgré toutes ses actions, je resterai sa fille.
Je le regarde dans les yeux, et hoche la tête.
Je vois ses yeux bleus s'éclaircirent, puis se remplir de larmes. Ma vue se brouille également, les larmes montent.

Il me regarde, je me lève, et timidement me rapproche de lui.
Il me serre contre lui, et nos larmes coulent.
Je l'entends murmurer à mon oreille :

"Je suis désolé, je vais essayer de m'en sortir, je te le promets."

"Je te crois papa, dis-je en pleurant de plus belle"

Je venais de retrouver le père que j'aimais, je ne sais pas si demain il sera le même, mais pour l'instant il est là. Je sais que je peux encore le sauver, et que je ferais tout, vraiment tout pour retrouver cette facette-là de mon père.

Quelques instants après, nous nous écartons l'un de l'autre et mangeons en silence.
In peu plus tard, je monte dans ma chambre et écris dans mon journal :

[...] et pour la première fois, maman, depuis ton départ, papa m'a prit dans ses bras et m'a souhaiter bonne nuit.
Vous nous manquez énormément vous savez.
Je l'entends papa, il pleure le soir parce que vous n'êtes plus là. 
Mais je ne l'abandonnerais pas parce qu'il a besoin de moi et parce que j'ai besoin de lui...

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NDA : J'aurai besoin de conseils, et d'avis.
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"If I live it's for you... "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant