Chapitre 1 : Ici commence lundi

21 2 2
                                    

Ah, la semaine!  Cette phase incroyable de pur plaisir!  Parfaite pour passer du temps enfermé dans un hôpital pour les quotients intellectuels négatifs!

En fait, c'est pas si mal.  Comparativement à bien des gens, je n'ai pas vraiment de problème, ici.  La seule chose qui m'embête, c'est quand il y a des bagarres dans les couloirs.  C'est plutôt fréquent, malheureusement.  Parfois, on jurerait qu'on ne nous élève pas!  Quoi qu'il en soit, moi, tant que je ne suis pas impliqué là-dedans, ça va.  Il y a quelques petits pépins de temps à autres, comme la fois où j'ai eu le malheur de trébucher sur un gars « populaire » et qu'il m'a fait savoir sa façon de penser, mais pour le reste, on va s'en sortir indemnes!

Au programme : une journée un peu nulle.  En gros, on a des sciences antiques, des mathématiques antiques, et de l'éducation en capacités.  C'est pas si mal, malgré tout.

Puisque l'on commence en sciences antiques, je prends mes sacs de la matière, ferme la porte du casier, et puis, sorti de quelque part, un gars qui m'a accidentellement accroché.

- Pousse-toi!

Bien!  Ça commence bien!

Après l'avoir regardé d'une manière montrant d'avantage d'interrogation dans son dos, il se retourne.  Coup de bol, c'est un Mentali.  Évidemment!

- Répète ça?  Tu me veux quoi?

Je ne sais pas trop comment réagir.  Je ne bouge plus.  Je reste droit comme un piquet en attendant que quelque chose ou quelqu'un arrive pour m'aider.  Ah, tiens.  Un prof.  Je suis sauvé!

- Hé!  Dans vos classes!  Tout de suite!

La voix du prof de sciences antiques n'a été qu'un bruit fluide flottant dans l'espace entrant par une oreille et sortant par l'autre.  La preuve, ce très cher garçon sympathique commence à serrer les dents.  Mauvais signe.

Je recule un peu.  Il avance.  Je recule plus vite.  Il avance plus vite.  Ça y est.  Sauve qui peut!

Nous traversons le corridor principal à toute vitesse.  Je m'empresse de prendre la porte à droite qui mène à la bibliothèque.  J'ai tout juste le temps de me cacher derrière une pile de livres bien rangée au moment où il entre en claquant la porte derrière lui.

Une voix plus calme sort de sa bouche.

- Storm Bringer.  J'te connais, en vrai.  C'est pas pour te faire peur, mais je sais ton secret.  Mes amis savent ton secret aussi.

Sa voix se déplace dans la salle.  Intrigué par ce qu'il dit, j'essaie de le suivre sans le moindre bruit pour mieux entendre.

- Si tu t'aurais excusé, j'aurais pas fait ça!  Je serais pas obligé de te battre!

Me battre!?  Quoi!?  J'ai pas signé pour ça, wow!

-  Ahah!  J'savais que t'étais un peureux, mais à ce point-là...

Tout à coup, je sais quoi faire.  Je n'ai qu'à lui parler par la pensé!  Il ne va pas pouvoir me trouver!

- Faux!  Tu sais ce qui est cool?  Je peux sentir l'air bouger autour de moi, frère!

Ah non, pitié, quoi?  Donc je ne dois plus bouger?

- Ah, mais au contraire, bouge!  Je t'en prie!

Okay, attends.  Pourquoi on fait ça?  Je sais que je ne me suis pas excusé, mais quand même!  Pourquoi tu te sens obligé de faire ça?

- Okay, ferme-la si tu tiens vraiment à ce qu'on fasse la paix.  Parce que non seulement je vais te trouver, mais en plus, je vais dire ton secret à tout le monde, qu'est-ce que t'en penses?

Pendant qu'il parlait, j'en ai profité pour sortir de ma cachette.  Je n'ai plus vraiment peur.  Je suis juste curieux.  Curieux de ce qu'il dit, mais aussi curieux de savoir pourquoi le prof de tout à l'heure n'est pas encore là.

Je suis derrière lui.  Il se retourne lentement.  Je lui demande :

- De quel secret tu parles?  J'ai pas de secret, sincèrement.

- Arrête.  On sait que tu peux pas te battre.  Dans les corridors, tu te sauves en pleurant ta mère aussitôt qu'il y a un problème.  Et ça, ça m'fait rire.

Ouf.  Ce qu'il ne faut pas entendre.  Heureusement, quelqu'un m'a dit un jour qu'il n'existe pas de personnes stupides.  Ce ne sont que des gens qui n'ont pas bien appris.  D'ailleurs, regardez un peu ça.

- Regarder quoi!?

Je lui pointe la porte de la bibliothèque pour lui montrer ce cher prof de sciences antiques admirant notre spectacle depuis cinq longues secondes.

- Messieurs, en classe, et que ça saute.  Ne me faites pas répéter encore une fois.

Soulagé, je jette un coup d'oeil à l'expression de mon nouveau meilleur ennemi.  Puis, comme s'il ne voulait pas que je savoure cette petite victoire en paix, il me dit :

- Il me reste encore une carte à jouer.

Fier de ce qu'il a ajouté, il part de la bibliothèque.  Le prof, monsieur Zack, ne s'y oppose pas et le laisse passer.  Une fois Mentali parti, mon héro de la journée s'avance vers moi accompagné de son regard réconfortant et me demande si je vais bien.  Pour dire franc, oui.  Ça va parfaitement bien, à vrai dire.  Je suis content que ce malentendu soit enfin terminé.

- Pardon pour le retard, monsieur Storm, mais j'ai eu la visite des amis de ce cher Brandon.  Ils ne voulaient pas me laisser passer, décidemment.

- Ah oui?  Et vous avez fait quoi?

- Je les ai « contournés », me dit-il avec un petit clin d'oeil et un grand sourire.

Satisfaits et souriants, moi et monsieur Zack partons en classe de sciences antiques, là où je devrait être depuis maintenant cinq bonnes minutes.  Une fois arrivés, il m'invite à m'asseoir.  Tout le monde était déjà là.  Cependant, leur esprit, eux, n'était pas à l'école, un peu comme à chaque matin, sauf qu'aujourd'hui, ils ont pu en profiter un peu plus.  Notre prof, aussi gentil soit-il, nous invite donc à nous calmer pour enfin commencer les cours.

Mon attention est fixée sur monsieur Zack.  Puis, du coin de l'oeil, j'aperçois une silhouette entrer dans la classe.  Puis, je me rappelle que tous nos profs nous avaient parlé d'une certaine « nouvelle élève » qui arriverait bientôt la semaine dernière.  J'imagine que c'est cet Évoli.  Je dirais qu'elle a mon âge.  On semble aussi avoir la même grandeur, bref, rien de bien alarmant!  Elle passe aux côtés de moi pour aller au dernier bureau de disponible dans l'avant-dernière rangée, deuxième bureau en partant de la droite.  Elle a eu la chance de prendre le dernier des derniers bureau.

Monsieur Zack commence finalement les cours.

- Salut tout le monde, j'espère que vous allez bien!  Moi, comme d'habitude, je pète le feu!  Surtout depuis que nous avons cette gentille demoiselle de plus!

Pendant qu'il pointe la nouvelle, tout le monde la regarde, y compris moi.  J'entends Mat, le gars juste en avant de moi, lui dire :

- Tu vas voir, meilleur prof du monde!  Et quand il tient une craie dans ses pattes, tu ferais mieux de te baisser!  Il pourrait la lancer sur le mur!  Et peut-être casser une autre horloge!

Tout le monde rit un peu.  Moi aussi, d'ailleurs.  Je suis curieux de savoir si elle rit aussi.  La réponse est oui!  On va passer les meilleurs cours, ce matin!

- Oh, aller, Mat!  Il fallait pas que tu le dises!  Ahah!  Elle va peut-être appeler à la direction, maintenant!  Et moi, je tiens à mon job!

Tout le monde rit sans exception.  Ce n'est pas pour rien que j'adore cet enseignant.  Il est drôle, gentil et nous fait oublier tous nos problèmes.  Même si on a passé une journée catastrophique, quand on sait qu'on a des sciences antiques à la dernière période, on saute de joie à chaque fois.  En plus, il est un ami de ma mère.  Il va la voir quelques fois par semaine.  Il me semble qu'ils se connaissaient avant même que je ne sois au monde.  Ça m'a toujours un peu surpris de l'entendre.

SiliciumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant