L'âme des druides : 1 - Parle-moi

Chapitre 11 - Le gel

POV Sam

L'aube est à peine levée et déjà j'entends que les gens du domaine s'affairent. Je m'étire langoureusement et regarde un instant le ciel de lit au dessus de ma tête.

C'est dingue la facilité avec laquelle j'ai repris mes marques ici. Je pensais être mal à l'aise, avoir le mal du pays. On est tellement à mille lieues de la frénésie de la grand ville américaine.

Mais au fond, c'est que ça doit être ici ma place. Je n'ai pour autant pas complètement coupé les ponts avec ma vie là bas.  Régulièrement, je reçois des demandes de consultation en tant qu'expert dans mon champ de compétence. Et je suis directeur de thèse. Hors de question de lâcher les étudiants qui dépendent de moi. Ça me donne un équilibre. Je ne me sens pas très utile dans les vignes. Bien sûr, je passe mes journées à essayer d'élucider le mystère des sabotages et des attaques contre Lin et son vin.

Et ça me prend la tête. Je sais que je ne suis pas loin mais je n'arrive pas à faire le lien entre la concurrence rude de ce monde et la présence probable du mage noir.
Penser à lui finit de m'agacer et de me réveiller.

Je me lève et écarte les rideaux de ma fenêtre pour voir les gens s'activer. Je suis surpris de voir Yan en compagnie de André. Celui-ci est revenu depuis peu après son accident et sa convalescence. Ils ont des mines inquiètes. J'ouvre la fenêtre et suis saisi par le froid. Je fronce les sourcils en voyant que Yan n'est encore pas suffisemment couvert.

Décidément, il ne prend pas assez soin de lui. Croit-il que je vais accourir à chaque fois avec manteau, gants et bonnet... ? Et pourtant, c'est mon premier réflexe en cet instant.

Je soupire et le regarde avec tendresse. Je ne peux pas m'en empêcher. Mon monde est rempli de lui à présent.

Je sais que je déconcerte Yan. Après notre fois torride ensemble, je n'ai rien retenté. Non pas que je ne veuille pas. Tout mon être se tend vers lui. Je veux le posséder, le faire mien, l'aimer tout simplement. Mais pas tant que je ne lui aurai rien dit sur moi et sur ce que je suis. Et ça, j'y vais à reculons.

Alors en attendant, je prends le temps de le courtiser. Je sais qu'il ne comprend pas mes attentions, mais il mérite d'être chéri et protégé.

Je suis peut être maladroit. J'aime bien le pousser à bout et le taquiner. Il est si mignon quand il se retient d'exploser et boude. Derrière cette attitude sage et posée, je pressens un volcan de sexitude et de passion. Je souris en y pensant.

Mais ce n'est pas le moment. Je me punis moi même en me refusant ces moments par lâcheté. J'ai tellement peur qu'il n'accepte pas notre destin.

Mon sourire disparaît et je grommele. Revoilà ce mot que j'exècre par dessus tout. Je secoue la tête pour effacer tout ça et tends l'oreille.

- Comment vont les chevaux? demande Yan visiblement inquiet.
- Heureusement, le gel de cette nuit était léger. Les gars ont déjà brisé la glace de tous les abreuvoirs.
- Ok. On va leur mettre les couvertures pour les prochaines nuits, ordonne Yan.

Le voir si décidé et sûr de lui me fait frissonner d'anticipation. Non mais je ne vais pas bien!

Visiblement cet épisode de froid est assez important. Je me prépare rapidement et pars à la recherche de Lin. C'est l'agitation dans la maison et à l'extérieur. J'arrive à arrêter M. Jacques qui coure partout malgré sa prothèse.

- Que se passe-t-il?
- C'est la cata! On annonce un épisode de gel très violent dans la nuit. Il faut protéger les pieds ou toute la production sera fichue.
- Comm...