Chapitre 18 - Gwendoline

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POV Lin

Les mains pleines de courriers, je remonte d'un pas lent l'allée qui mène au domaine.
J'ai vu l'adresse du comité sur une des enveloppes. Je ne l'ai pas ouverte, je ne sais pas si c'est une bonne ou mauvaise nouvelle mais je suis las de me battre ainsi.

Je continuerai, je ne suis pas quelqu'un qui abandonne. Mais je peux quand même avoir des coups de mou et là, il est carabiné.

Je m'arrête près du jardin et contemple les rosiers. Et cela me réconforte. Que je parvienne ou pas à faire entrer mon vin en AOC, je suis heureux du chemin parcouru et de l'endroit où je vis aujourd'hui. Je jette un coup d'œil au château et pense aux gens qui y sont.

Je suis apaisé d'avoir tous les gens que j'aime à mes côtés.
Depuis que Sam est revenu, j'ai l'impression que plus rien n'est insurmontable. Il est la force tranquille, mon ancre, mon double. À deux nous avons toujours tout surmonté. Et puis je vois Yan enfin heureux. Le garçon ne s'est jamais plaint mais je sais toute la solitude qui a été la sienne.

Tiens, c'est lui que je vois d'ailleurs sortir du château. Il semble la tête ailleurs. Je le vois tout sourire, serrant entre ses bras un bouquet de fleurs bleues et jaunes. Il a l'air aux anges, le nez dans ses fleurs.

Je suis surpris. Pour qu'il soit aussi heureux, ce bouquet ne peut venir que d'une seule personne... Mais est ce possible? Je me surprends à sourire. On aura tout vu ! En tout cas, Yan passe non loin de moi sans me remarquer. Je suis heureux pour lui.

Je rapporte mon attention sur les roses. Ces fleurs là, elle me font penser à Gwen. J'ai dans mon bureau la petite peinture qu'elle en a faite à son arrivée et qu'elle m'a offerte. Je chéri cette toile plus que toute autre œuvre d'art de valeur que je pourrai posséder.

Gwen... Gwen, c'est mon rayon de soleil. C'est mon havre de paix, c'est mon bonheur. C'est d'elle dont j'ai besoin. Oui, c'est ça, c'est elle que je dois retrouver.

Je retourne vers le château d'un pas décidé. Mais une fois dans le hall, j'hésite... Où peut-elle être à cette heure? Pas aux écuries, c'est sûr. Depuis l'incident de la dernière fois, elle n'a pas souhaité remonter à cheval. Elle a cependant été voir Diamant car elle ne veut pas que l'animal se sente triste et abandonné.

Peut être est-elle dans la galerie des portraits, au milieu de ses œuvres préférées. Je sais qu'elle s'y sent bien. J'avoue avoir un pincement de jalousie. J'aimerais qu'elle vienne chercher auprès de moi cet havre de paix qu'elle trouve avec la peinture.

Mais j'avoue ne pas être trop disponible. L'exploitation occupe tout mon temps, du lever au coucher du soleil. Elle ne s'en plaint pas. Mais je ne sais pas si c'est par réserve ou parce qu'elle ne ressent pas le besoin permanent de ma présence comme moi la sienne.

Un petit cri m'alarme soudain. Cela vient de la cuisine. Je m'y précipite. Gwen se tient devant l'évier, ses pinceaux renversés sur le plan de travail et un pot de porcelaine brisé sur le sol. Elle se tient la main. Je vois le sang qui perle au bout de son doigt.

Elle a dû m'entendre entrer car elle se retourne avec un air contrit.

- Je suis désolé Lin. J'ai cassé ce joli pot.

Je me rue sur elle. Peut être un peu trop vite. Elle recule d'un pas mais ne peut m'échapper. Je prend sa main blessée et porte instinctivement son doigt coupé à mes lèvres.

- Lin! proteste-t-elle. Tu ne devrais pas...

Nos yeux se croisent. Nous restons immobiles, face à face, moi ayant emprisonné son doigt dans ma bouche.

L'âme des druides : 1 - Parle-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant