Chapitre 2

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Je pousse la porte du bar, et le changement d'ambiance est brutal. Comme la plupart des bons bars de cette ville, l'atmosphère y est calme, tamisée et une musique habille le fond. Comparé à la pluie et le brouhaha du dehors, cet endroit est un petit morceau de paradis. Je m'accoude au bar et regarde autour de moi. Nulle trace du mari disparu. Tandis que le barman s'approche, un homme trapu et à l'air brut de décoffrage avec des ancêtres irlandais. Je le regarde et souris en coin. Celui là ne manque pas de secrets honteux. « Qu'est ce que je vous sert ? J'ai du bon vin de l'état si vous voulez. » Je hoche la tête pour lui dire non et demande simplement : « Je me contenterai d'information sur un de vos client, un certain Daniel, Daniel Roberts, on m'a dit qu'il avait disparu, mais qu'il venait aussi souvent chez vous. » Son air se renfrogne, il pose les mains sur le comptoir. « Je n'ai rien à dire à un renifle merde dans votre genre, vous mettez toujours le nez où il faut pas et ça retombe toujours sur les autres. » Souriant plus amplement, je lève les mains en signe d'abandon et me tourne légèrement vers la sortie. « Je vous comprends, aucun problème là-dessus. En parlant de merde, un tas aussi grand que vous aimerai surement pas que sa femme soit mise au courant du disque dur à propos de vos filles... » Ma voix se baisse afin que seul lui et moi entende ce qui suit. « Vous savez, celui bien caché sous la latte du plancher, la troisième en partant du lit. De votre côté bien évidemment. » Son visage devient violet puis rouge de colère. Il se penche tout près de moi, fulminant. « Espèce de fils de pute, je ne sais pas comment tu sais ça, mais je vais te dire. Je  sais rien à son propos, si tu veux tout savoir, ça fait un moment qu'il est pas venu, problème de dettes avec un spaniard du coin, tu devrais lui demander au lieu de venir foutre le bordel dans mon bar. » Sa bouche se ferme et mon sourire demeure. Ça marche à chaque fois, le cafard panique quand la lumière se braque sur lui. « Cherche un certain Jericho, un illuminé. » après ces mots, il se mure dans le silence et retourne à son travail, astiquant des verres, me jetant des coups d'œil furieux jusqu'à que j'ai franchi la porte, retournant au vacarme de la ville.

Nul besoin de chercher qui est ce Jericho, j'ai déjà entendu parler de lui. Un Mexicain à la tête d'un petit groupe de fanatiques qui opèrent sous son nom. Il déclare qu'il faudrait que Dieu lui-même le fasse tomber, car personne n'y arriverait, et il faut dire qu'il a raison. Malgré les nombreux braquages, rapts, affaires de contrebande et de trafics, tant humain que de drogue et d'armes, nul n'est parvenu à l'envoyer dans le couloir. Marchant le long d'une avenue, je bifurque dans une ruelle menant à un petit entrepôt lourdement gardé. Les armoires à glace, armées de fusil à pompe qu'ils ne semblent pas devoir utiliser pour déjouer une attaque, me regardent approcher. Une fois à leur niveau, je m'annonce clairement. « Dites à Jericho que Raz souhaite lui parler. »

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