Et après ...

Un retour possible ...

Alice aura finalement passé le week-end seule, Ada révisant son brevet et Paul partant "à l'aventure" avec son père.

Elle en a profité pour peaufiner les pièces, ranger les affaires, installer leur nid dans l'attente de leur installation définitive.
Elle aura hélas eu bien le temps de cogiter sur ce changement de vie souhaité, si les enfants allaient s'adapter, si son compagnon réussirait à quitter son poste et la suivre dans ce rêve qui n'est pas le sien.

Elle qui pensait que leur couple était acquis, apprend que rien ne l'est jamais vraiment, qu'elle pourrait le perdre de ses choix ...
Fred, éreinté par sa garde, n'aura que peu donné de nouvelles à sa compagne.

Elle décide de prendre son café sur la table en fer forgé de la terrasse quand son téléphone retentit. Elle le saisit rapidement, persuadée du contact appelant mais pousse un soupir de déception quand elle constate que ce n'est pas le cas.

- Oui, Victor ?
- Ah, bê, quel accueil, ça fait plaisir, râle t'il.
Elle ricane, amusée par son ex greffier qu'elle regrette.
- Mais non, Victor, je pensais que c'était Fred, c'est tout, explique t'elle.
- Tout va bien au moins, Alice s'inquiète t'il.
- Disons que le projet est délicat à mettre en place mais ça va venir, se rassure t'elle en même temps que son interlocuteur.
Elle l'entend ensuite partir dans un de ses habituels monologues pleins de conseils et de déductions à la Lemonier.
- Et vous, comment ça va, Victor, le coupe t'elle. Ça se passe bien avec votre nouveau juge ?

Elle n'a quitté le palais qu'une fois un remplaçant trouvé pour ne pas léser son fidèle binôme et a trouvé en Romain Sergue, le successeur idéal, lui qui a participé à sortir son oncle Lemonier d'une sombre affaire du meurtre de sa compagne, alors qu'Alice donnait naissance à Paul. Elle a pensé que Victor accepterait plus facilement son départ, comme quand Lemonier est parti à Marseille et l'a laissé avec son neveu, devenu un ami maintenant.

- Ah, oui, il est pas mal, même si personne ne pourra vous égaler, la flatte t'il. D'ailleurs, il reprend une de vos affaires : vous vous souvenez de la petite influenceuse, Chloé ? Et de son ptit voisin qui a involontairement poussé la mère de sa copine dans la piscine ? Le dossier sur la testeuse de jouets ?
- Oui, je vois très bien, Victor, comment oublier, se désole t'elle. Et ..., l'encourage t'elle à poursuivre.
- Et il ne suit pas son protocole donc le juge réouvre le dossier, annonce t'il. Il a demandé un placement en établissement d'éducation, s'attriste t'il.
- Mais, il est encore jeune, réfléchit elle.
- Il vient de fêter ses 11 ans donc il a hélas l'âge requis pour ce placement, se désole t'il.

Elle replonge donc dans cette affaire délicate d'enfants déconnectés de la réalité, Chloé et son oncle obnubilés par leur page, le geste du petit Arthur pour "sauver" le rêve de sa copine, les conséquences à subir pour une personne si jeune et son père désemparé, devenu veuf, devant donc assumer cette terrible double épreuve seul ...

Une idée lui vient alors à l'esprit, lui permettant de lier l'utile à l'agréable. Elle raccroche rapidement et monte à l'étage.

Elle prépare de nouveau un sac et prend la route.

Elle se rend directement au palais à son arrivée et retrouve rapidement ses marques : l'odeur du vieux bâtiment, la résonance de la salle des pas perdus, ses statues qui ornent les murs, les fresques, le carrelage, et les nombreux escaliers.
Elle arrive essoufflée dans son ancien bureau. Elle entre sans frapper, Victor l'accueil et la présente au juge des affaires familiales.

- Alice Nevers, le juge Astier.

Elle lui sert la main et face à son étonnement, s'excuse de son irruption.
- Je suis navrée, je n'ai quitté mes fonctions que récemment donc je n'ai pas encore perdu mes habitudes, explique t'elle. J'ai du mal à intégrer le fait que ce bureau n'est plus le mien, avoue t'elle la gorge nouée de nostalgie.
- Pas de problème, Mme Nevers, je comprend, sourit-il.
- En tout cas, elle est bien la nouvelle déco, complimente t'elle en tournant sur elle-même pour observer les tableaux abstraits sur les murs, le tapis sombre au centre de la pièce et l'absence d'effets personnels rendant la pièce sobre mais masculine.