• Les Souvenirs sont dans les Mots •

𝑵𝒐𝒔 𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆́𝒆𝒔

Je ne sais plus exactement quand tout ça a commencé, ni même pourquoi c'est arrivé à ce moment-là. Mais je sais seulement, qu'à cet instant, je voudrais sortir d'ici et retrouver l'usage de mon corps.
Au lieu de cela, je me retrouve assise sur les marches de cet escalier, presque autant en piteux état que moi, le regard vide et le corps meurtri. D'un œil furtif je regarde, sans vraiment pourvoir m'y attarder, tous ces gens dansant au rythme de la musique, heureux et souriant face à leurs amis. Moi je suis là, assise, avec pour seule compagnie celle de mes pensées, toutes altéré par ces voix qui arrivent les unes sur les autres pour me faire perdre la raison et consumer mon énergie comme un orage qui arrive sans prévenir et qui laisse derrière lui, pour seule témoin, la foudre et ses ravages.
Je regarde la personne qui m'a amené à cette soirée, elle danse joyeusement, le corps épris d'une flemme passionnelle. J'aimerais sourire devant cette si belle scène mais je réalise soudainement dans la situation auquel je me trouve; je ne peux plus bouger, je ne peux plus rien faire.
J'aimerais dire à ma meilleure amie : Sors-moi de là.

La son se fait de plus en plus fort, chaque tonalité de la musique se mélange entre l'enceinte et les murs de cette maison, et en un fracas, la mélodie résonne dans mon cœur comme une bombe.
Si je ne retrouve plus mon corps je crois bien que je vais succomber face à cette bombe à retardement qu'est mon cerveau; je ne peux plus, je ne plus supporter mes pensées. J'essaye de me concentrer sur les choses que je pourrai faire, je regarde le placard en face de moi, il est si grand et si seul lui aussi. J'imagine qu'il représente mon esprit, et qu'une fois fermée plus aucune pensée ne viendra se poser sur mon chemin, comme une embûche empêchant un loup d'attaquer un mouton. À cette pensée, je suis effrayé à l'idée d'être ce frêle mouton et j'essaye, soudainement, de me lever, mais la réalité me rattrape bien trop vite et je tombe la tête première contre la rambarde de l'escalier.

À ce moment-là, je sens tout le poids de l'univers me tomber sur les épaules et aussitôt les voix dans ma tête reprennent le dessus, comme si elles n'avaient jamais quitté ce lieu si sombre qu'est mon esprit. Je me sens démuni dès la première remarque.
"Personne ne vient t'aider", "tu es si seule et pathétique", "tout le monde s'amuse dans cette soirée sauf toi".
Stop, Stop, Stop je vous en prie.

J'essaye de me redresser, et décide de rester encore un peu de temps dans cet escalier.
En bas la fête bas à son plein, et moi je suis là dans le noir, assise sur une pauvre marche qui supporte mon poids depuis, ce qui me semble être, une éternité.
"C'est de ta faute", "c'est toi qui t'es isolé" "tu fais toujours pareil" "tu penses que les gens ne t'aime pas mais c'est toi qui les fuis" Je commence à pleurer, ça ne peut plus continuer comme ça, que ça s'arrête s'il vous plaît.
Je prends ma tête entre mes mains comme pour faire fuir toutes ses pensées et pleure. Je pleure sur cette musique qui commence à passer, et mon esprit divague en se remémorant tout ce que ces voix dans ma tête mon dites. Elles sont raisons, je me sens si seule et si nulle. Je suis pathétique et personne ne m'aime. Je lève la tête et croise le regard de ma meilleure amie. Elle chuchote un mot à l'oreille de sa petite amie et commence à marcher en ma direction. En la voyant venir vers moi, mes pensées reprennent; "c'est faux, des gens t'aiment, c'est toi qui fuis , c'est toi qui te mets dans ces situations" je me déteste.

"Tu vas bien", voilà ce que j'entends. Je relève la tête et croise le regard de la seule personne en qui j'ai réellement confiance.
Ma meilleure amie est soudainement prise de panique devant mon regard si vide et si impassible face à sa question, mais c'est avec les yeux rouges et la voix enrayée que je tente de lui dire "non je ne crois pas". Seulement rien ne sort, les mots ne veulent pas passer la barrière de mes lèvres comme s'ils n'auraient jamais été la solution à mon problème. En réalité je ne sais pas si les mots auraient pu aider, c'est vrai qu'est-ce qui pourrait réellement m'être utile dans cette situation si douloureuse ?