j'veux faire couler tes lèvres, pas tes larmes

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EPILOGUE !

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EPILOGUE !

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Jeongguk s'est plongé dans le travail pour ne pas penser à Taehyung.

Il ne le voit plus, ne lui envoie plus de messages ni n'en reçoit, parfois ça l'inquiète et l'embête mais il se dit que toute cette distance, c'est pour le mieux. C'est pour que ça puisse fonctionner. Alors le tatoueur continue de s'occuper de lui, des commandes de ses clients, du salon avec Krystal, il lui arrive de sortir dans des bars comme avant et de repousser les avances de certaines personnes parce qu'il ne les désire plus comme autrefois. Il ne veut qu'une personne, mais celle-ci l'ignore.

— Eh, y a du monde pour toi!

La voix de Krystal le sort de ses pensées, et Jeongguk se dirige vers l'avant de la boutique où un groupe de jeunes attendent d'être tatoués. Le tatoueur les reconnaît et se retient de soupirer, se rappelant du motif que tous souhaitent se faire, et de la première fois où ils ont mis les pieds sur son lieu de travail, râlant quant à l'attente pour le rendez-vous.

— Laissez-moi juste le temps d'imprimer les flashs, je reviens. Que deux d'entre vous prennent place, c'est le studio sur la gauche.

Son ton professionnel en fait frémir plus d'un, cependant ils ne bronchent pas et deux du groupe se dirigent vers la salle où tatoue Jeongguk. Arrivés là, ils observent le matériel, s'émerveillent devant les dessins accrochés au mur et ceux dans un cadre posé sur un tabouret haut. Leur contemplation prend fin lorsque Jeongguk revient, les flash en mains et un masque chirurgical sur le visage.

— Qui veut commencer?

La fille du duo se dévoue, elle tente un sourire aimable à Jeongguk mais celui-ci passe outre et lève les yeux au ciel une fois qu'il a le dos tourné. En attendant que sa cliente s'installe, Jeongguk indique au jeune homme de se mettre dans un coin et d'attendre, lui faisant également signe d'enlever son haut pour qu'il puisse poser le tattoo. Il fait de même avec l'adolescente qui, un peu embarrassée, se dénude jusqu'au début de sa poitrine.

— C'est la première fois?

Elle hoche la tête, et Jeongguk mord sa lèvre inférieure. Il se dit qu'elle est bête de se faire tatouer quelque chose d'aussi gros à un tel endroit, elle risque de le regretter pendant longtemps.

— T'es sûre de toi?

— Ouais, sinon j'dois filer quinze balles et je les ai pas.

— Parier sa peau au risque de regretter... puéril, souffle tout bas Jeongguk.

Néanmoins, il n'ajoute rien de plus et met ses gants en latex noir, rempli son pistolet d'encre noir, le met en marche et commence à tatouer. L'ado grimace, soupire, demande à ce que Jeongguk s'arrête un instant et ce dernier lui conseille de ne pas continuer si elle ne le veut plus. Il recule alors, regarde sa cliente qui est au bord des larmes et soupire à nouveau.

— J'vais te mettre une compresse stérile et du sparadrap pour que ça cicatrise. Laisse trois jours comme ça, porte des vêtements amples pour pas que ça frotte et utilise de l'huile de coco, ou bien de la crème pour tatouage. Pour les douches, c'est à l'eau tiède, pas chaude.

La jeune fille acquiesce, sèche ses larmes de crocodile et se rhabille une fois le pansement fait. Jeongguk lui fait savoir que sa collègue va encaisser, il lui souhaite une bonne journée et elle en fait de même, puis Jeongguk se concentre sur son deuxième client tout aussi douillet que son amie. Il en déduit alors que c'est également sa première fois, mais le jeune homme lui fait savoir que ce n'est pas le cas alors ils conversent un peu ; l'ado avoue s'être fait tatouer pas moins de trois fois, mais que ça reste toujours douloureux. Jeongguk l'écoute parler, lui donne quelques directives, puis le tatouage est terminé.

— Pareil que ta copine. Et réfléchissez la prochaine fois que vous décidez de faire un tatouage, c'est personnel.

— Oui m'sieur.

Et le reste de sa journée se passe de la même manière.

Quand il sort du salon, il est pas loin de vingt-deux heures, il y a encore du monde dans la rue mais pas autant qu'espéré. Jeongguk se faufile à travers la foule, écouteurs dans les oreilles et les pensées un peu ailleurs. Il ne fait pas attention à qui il bouscule, à qui l'injurie parce qu'il se fout de ce qui l'entoure ; il s'occupe juste de la mélodie dans ses oreilles, de la voix de Lauv et de ses paroles, tattoos together something to remember. Jeongguk arrive au croisement entre son quartier et le grand boulevard qui dessert les rues les plus fréquentées de la ville, et il aurait préféré ne pas le voir. Taehyung. Avec une autre personne. Et elle lui ressemble beaucoup.

Alors Jeongguk presse le pas, il serre son téléphone entre ses mains et se retient de hurler. Il n'a pas envie que ça se finisse mal, il ne veut pas croire qu'il s'est donné tant de mal pour qu'au final, Taehyung trouve quelqu'un d'autre à aimer que lui. Encore faut-il que ce soit de l'amour.

— Taehyung.

Pas de réponse. Jeongguk s'avance alors vers lui, vers cet amant pour qui il pourrait crever si on le lui demandait. Il lui attrape l'avant-bras, Taehyung rechigne et se débat afin que Jeongguk le lâche, l'homme qui lui tournait autour s'en va lorsqu'il croise le regard furieux du tatoueur.

— Merde, Taehyung! Tu foutais quoi, là?

— Lâche-moi! J'ai pas de compte à te rendre! Tu m'fais chier, d'accord? Tu m'appelles plus, tu me parles plus et Jimin non plus, alors allez vous faire foutre.

Le tatoueur fronce les sourcils, troublé des propos de Taehyung. Lui, l'emmerder? Alors qu'il lui a laissé du temps, de l'espace? Alors qu'il l'a chérit, pris soin de lui?

— Regarde-moi.

Silence.

— J'ai pas la patience de jouer à ça, alors regarde-moi Taehyung!

C'est désormais yeux dans les yeux que les deux amants peuvent voir l'état de l'autre, ils observent les dégâts de leur absence dans la vie de l'autre, et tout leur revient en pleine face : les non-dits, les secrets inavoués, les sentiments à demi-partagés, cette volonté de s'unir, de se rapprocher alors que l'un a toujours eu peur de s'engager. Finalement, ce n'est pas Jeongguk qui avait besoin de temps. C'est Taehyung, ça a toujours été Taehyung. Depuis le début.

— Je te laisse du temps parce que t'en as besoin. Je t'ai pas envoyé de messages par respect pour toi, pour ce que tu ressens, et le seul moyen que tu trouves pour me remercier c'est d'aller voir ailleurs?

— Et alors? C'est ce qu'on faisait de base, toi et moi, non?

Jeongguk ne sait pas ce qui le retient de frapper dans le mur derrière Taehyung. Vraiment, il se demande pourquoi il n'a toujours pas déversé sa colère autrement que par les mots.

— Mais c'était avant. Avant qu'on se revoie, avant qu'on se parle plus longtemps, avant tout, Taehyung.

Sa gorge se serre, la chanson dans ses oreilles continue de défiler et des larmes lui montent aux yeux. Jeongguk les balaye rapidement, il prend une grande inspiration, craque ses phalanges et...

— J'arrête. Toi et moi, c'est terminé. J'ai pas envie de continuer d'essayer, alors que t'en as rien à foutre. Tu t'en fous de ce que je ressens, tu sais que je t'aime mais je l'ai jamais dit parce que j'aime pas passer par les mots. Maintenant que c'est fait, j'me casse.

— Tu peux pas faire ça...

Mais Jeongguk ne l'entend plus. Il a remis ses écouteurs, et pleure silencieusement lorsque Lauv chante :

Tattoos together, something to remember
If it's way too soon, fuck it, whatever
Give me shapes and letters
If it's not forever, then at least we'll have tattoos together

𝐓𝐀𝐓𝐓𝐎𝐎𝐒 𝐓𝐎𝐆𝐄𝐓𝐇𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant