La fille me regarde droit dans les yeux, le regard chargé de haine.
- Toi au moins tu as une maison ! Un chez-toi, un endroit où aller ! Me crache-t-elle, elle se retourne, et s'en va dans la nuit. Un dernier regard méprisant pour moi.
J'entends ses pas s'éloigner sur les pavés.La ville est silencieuse.
Des ivrognes rient quelques rues plus loin.
Un chien aboie.
Une voiture passe.Je regarde la Seine. Ses eaux noires coulent lentement, on dirait une marche funèbre.
Je baisse les yeux, mes cheveux noirs, pas coiffés, me couvrent le visage.
- J'ai une maison, je murmure la voix rauque, mais personne ne m'y attend.
Si je m'en allais, personne ne viendrait me chercher. Je n'y suis pas... chez moi.La ville semble s'être éteinte. Plus un bruit. Il fait sombre, un vieux lampadaire éclaire faiblement le pont sur lequel je me trouve. La lune se reflète sur les eaux du fleuve, parfois cachée par la brume, parfois laissée à découvert.
Je porte la main à mon visage, deux larme coulent sur mes joues. Silencieuses, je ne les avais même pas senties.
Qu'est-ce qui m'arrive ?
Je suis perdue. Égarée.
Je ne sais plus qui je suis. Je ne sais pas où je vais.
Je me lève du banc un peu chancelante.
Je commence à marcher. La ville est presque vide. Les parisiens sont partis en vacances ou préfèrent s'enfermer avec leur clim.
Il fait chaud mais je frissonne.Je marche pour rien, sans but. Je laisse mes pas me guider au hasard des rues. L'hôtel de ville, l'île Saint-Louis, Notre-Dame...
Je me laisse guider pas la Seine, je regarde le ciel.
Je ne sais pas trop pourquoi, je ne sais pas trop comment... mais je me mets à chanter. J'improvise, je chante tout ce qui me vient à l'esprit. Ce n'est pas vraiment beau, ça ne veut pas dire grand chose, mais ça me fait du bien.
J'aimerais le lui avoir dit. Avoir eu le courage de lui dire. Je suis tellement lâche... elle n'a rien... mais - malgré les apparences - je n'ai rien non plus.
La vérité... c'est que je n'ai qu'elle. Et qu'elle n'a que moi.
J'ai comme une révélation. À présent cela me semble tellement évident !
Je m'arrête de chanter. Pour la première fois je regarde Paris et non le ciel. C'est beau.
Je me met à courir. Courir à sa recherche. J'ai l'impression que si je ne l'a retrouve pas maintenant, il sera trop tard, trop tard pour tout lui dire.
Je cours le plus vite possible, dans la chaleur étouffante de l'été parisien. Les gens, les immeubles, les lumières défilent autour de moi comme si j'étais à l'intérieur d'un train. À part elle plus rien ne subsiste.
Son sourire, ses larmes, ses yeux brillants de rage et de mépris... je cours encore plus vite.Quand - un temps indéfini plus tard je me retrouve à bout de souffle, face à elle, mes yeux verts dans ses yeux noirs...
Je suis prête à tout lui dire.
***
Euh... cette histoire a pris un tournant bizarre et c'était pas du tout ce qui était prévu 😂😭 de base je partais juste du mot "égarée" mais après je suis parti sur un truc même (surtout) moi j'ai pas compris !
PS: ironie du sort je l'ai écrit à Marseille 😂 faut croire que Paris me manque vite !
VOUS LISEZ
Égarée
Conto- Toi au moins tu as une maison ! Un chez-toi, un endroit où aller ! Me crache-t-elle, elle se retourne, et s'en va dans la nuit. Un dernier regard méprisant pour moi. - J'ai une maison, je murmure la voix rauque, mais personne ne m'y attend. Si je...