Chapitre 1

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3 fois 587=1761. 6 fois 587=3622. 5 fois 587=2935. 7 fois 587= 4109. 9 fois 587= 5283. 2 fois 587= 1174. 4 fois 587=2348. 8 fois 587= 4696. 15 fois 587=8805... Thorn calculait. Cela ne changeait guère de l'habitude, mais c'était justement pour cela qu'il le faisait. Car s'il n'existait qu'un seul homme au monde à détester le changement, ça ne pouvait être que Thorn. En tant qu'intendant et en tant qu'homme, ce qu'il préférait , c'était les chiffres. Il y avait une exception, mais il ne voulait pas le moins du monde y penser. Il avait commencer à faire des multiplications, les tables plus difficiles et insensées qui soient, la veille au soir. Depuis, il ne s'arrêtait plus, ignorant stoïquement le regard d'incompréhension et de frayeur du gardien. Il ne le quittait pas des yeux, se demandant surement pourquoi il comptait. La réponse était évidente. Il adorait compter, et ce depuis toujours. Les chiffres avaient à ses yeux une fiabilité rassurante, même si quand il s'agissait d'une certaine personne , toujours la même évidemment, ils ne servaient à rien. Cela le dérangeait, d'ailleurs. Mais ce n'était qu'un détail. Les chiffres étaient infinis, partout et surtout utiles. Car s'il y avait une chose que l'on ne reprochait pas à celui qu'on surnommait "bâtard", dans le cadre du travail du moins, c'était son pragmatisme. Ce qui l'intéressait, c'était l'utilité qu'il pouvait tirer d'une chose ou d'une autre. C'était d'ailleurs son pragmatisme qui l'avait pousser à se marier. Et, bien malgré lui, à tomber amoureux. Il s'en serait bien passer, mais il ne pouvait plus retourner en arrière. Il aurait aimer pouvoir utilisé son pragmatisme légendaire, et trouver quelque chose de positif et surtout d'utile dans cette petite personne d'apparence inutile. Il aurait voulu faire sans états d'âme. Seulement, il ne pouvait pas. Il voulait partir, mais il n'en avait pas la force. Il ne pouvait tout simplement pas la laisser seule, livrée à elle même, pendant que lui vadrouille dans le monde. Il aurait sans doute pu, si elle n'avait pas été si émotive quand il avait dit ce qu'il contait se faire. Il aurait pu, si elle ne l'avait pas supplier. Il aurait pu si elle n'avait pas montrer ce qui ressemblait à de l'attachement à son égard. D'un côté, il aurait bien aimer avoir le courage de s'abstenir de tout lui dire. Encore ce jour-là, après 3 jours, il se demandait pourquoi il n'avait pas tout simplement rien dit. Cela avait été indubitablement une erreur. Peut-être la plus grosse de sa vie dérisoire. Mais de l'autre côté, il se sentait libéré d'un poids immense. Il ne savait pas pourquoi il ne ressentait nul culpabilité la où il aurait du. Il ne savait pas et pensait ne jamais le savoir. Bien malgré lui, il repensa à la scène du mariage. Il ne comprenait pas. Et il détestait ne pas comprendre. Il voulait donner un sens à cela et surtout il voulait comprendre pourquoi elle ne l'avait pas abandonné. De cela, il s'en souvenait parfaitement aussi. Le géant blanc qui entre dans la cellule le surplombant de toute sa taille et qui déclare, avec une douceur étonnante qu'il est gracié et anobli, au grand dam de la Cour. Mais plus que tout, il se souvenait de sa nouvelle épouse, en retrait et minuscule par rapport à l'Esprit de Famille. Pourtant c'était elle qu'il avait vu avec le plus de netteté. Elle lui avait dit. Il ne l'avait pas écouter. Pourtant jusque là, elle n'avait pas eu tord. Elle l'avait sauver. De la Cour, certes, mais avant ça, de lui-même.

L'autre côté du miroirWhere stories live. Discover now