Chapitre 2

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Un nouveau jour c'était écoulé. Encore un. Et il s'ennuyait ferme. On ne pouvait pas lui donner quelques dossiers à classer et rectifier? Il avait travailler pendant des années pour devenir Intendant, et maintenant qu'il était le comptable principal du Pôle, on ne lui donnait rien. Parce que ce n'était pas parce qu'il était en prison, même si le terme est inexact, que l'économie de l'Arche s'arrêtait soudain. Il  fallait bien que quelqu'un s'occupe des comptes. Et ce rôle lui revenait à lui. Il soupira. Quand est-ce qu'on l'autoriserait à sortir de cet endroit dont il commençait sérieusement à se lasser. C'était un doux euphémisme. En fait, il était las, certes, mais aussi dans une colère noire. Il n'y avait sur le Pôle qu'un homme, un seul, qui aimait travailler et c'était celui-ci que l'on tenait éloigné de son unique havre de paix. C'était assez ironique, un peu plus que cela même. Mais ce que Thorn se refusait d'avouer, c'était qu'il voulait absolument voir Ophélie. D'ailleurs il remarqua, sans le détachement qu'il souhaitait, que le gardien venait de l'introduire. Il lui dit. 

- Exceptionnellement madame, je vous laisse entrer aujourd'hui. Il me fait un peu paniqué là.

- Il va parfaitement bien.

- Vous en êtes sûre?

- Oui. Qu'est-ce qu'il faisait pour vous inquiéter?

- Il calcule de tête des trucs qu'on ne peut normalement pas calculer de tête.

- C'est bon, il va bien.

Thorn remarqua son air rayonnant, comme si le gardien lui avait donner une merveilleuse nouvelle. Elle lui fit signe de partir avec la main. Il s'exécuta, après quelques secondes d'hésitation. Une fois seule, elle s'approcha de son mari et, à sa plus grande surprise, lui caressa la joue. Elle demanda doucement.

- Plus sérieusement, Thorn, comment allez-vous?

- On va dire que j'ai connu des jours meilleurs.

-Enfermé dans votre bureau avec des dossiers?

-Assis avec vous à vous écouter.

Thorn ne comprit jamais pourquoi il avait été sincère. En tout cas, sa femme lui sourit légèrement. Elle poursuivit.

- Cela fait 4 jours que je viens ici, jusque là on m'a interdit l'accès. Visiblement, le gardien s'inquiète pour votre équilibre mental.

A  son sourire, il sut qu'elle le taquinait. Attendez, le taquiner? Depuis quand faisait-elle cela? Thorn ne releva pas plus que ça et demanda, son accent beaucoup moins froid qu'à l'accoutumer.

- Et vous, comment allez-vous?

- Vous savoir enfermé là-dedans me met hors de moi, mais je survis.

Thorn aperçut la légère rougeur sur ses joues. Pour tout dire, lui aussi avait l'impression que ses joues allaient prendre feu. Pourquoi disait-elle ça? Pourquoi se souciait-elle de lui? Elle embraya sur une autre question.

- Et votre jambe?

- Eh bien, elle fait mal, mais ça va.

- Vous avez eu le droit à une chirurgie, au moins?

-Quand je serais sortis, pas avant. Ils me donnent des calmants.

-Les calmants ne vont pas guérir votre jambe. J'ai une bonne nouvelle pour vous.

-Vraiment? Quel genre de  nouvelle?

-Vous serez hors de cette prison demain. Farouk viendra lui même ouvrir la cellule. Probablement armé de ses vautours, mais vous sortirez demain. Je ne vous cache pas que votre tante et moi avons dû débattre et plaider pendant longtemps. Mais une Dragonne et une animiste, on ne forme pas plus têtu comme duo.

-Pourquoi savoir qu'une Dragonne et une animiste ensemble ça déménage, ne m'étonne pas?

-Vous connaissez votre tante et, ma foi, vous commencez à me connaître aussi.

-Je vous remercie.

-Pourquoi? Ce que j'ai fait est normal.

-Vous êtes venue chaque jour insister pour entrer, vous ne vous êtes pas débarrassé de moi alors que vous en aviez l'occasion. Vous ne m'avez pas abandonné alors que vous aviez toutes les raisons de le faire.

Sa voix se brisa sur ces mots. Dans sa tête, il était de retour en enfance. Les soufflets, les coups de poings et les coups de Griffes, les insultes et surtout toutes les fois où ils avaient essayé de le laissez au cœur de  la forêt, espérant qu'il soit dévorer par les Bêtes. Il fut tirer de son passé par la main d'Ophélie posée sur son bras. Il ne s'était pas rendu compte que des larmes coulaient sur ses joues. Pourquoi fallait-il qu'il se montre sensible et plus jeune devant elle? Elle dit, abruptement.

-Je sais qu'ils vous ont fait du mal et j'ignore à quel point. Mais ils n'existent plus, Thorn. Eux n'existent plus mais vous oui. Vous n'avez pas à penser que vous méritiez ce qu'ils vous ont fait subir. On ne torture pas sa famille, que ce soit un bâtard  ou non.

L'autre côté du miroirWhere stories live. Discover now