Chapitre 14

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Cette peur, c'était celle de l'inconnu, celle que l'on a quand on ne connait pas quelque chose. Elle savait à l'avance qu'elle aurait les griffes, cependant, le premier coup de griffe involontaire est toujours le pire. Thorn le savait, il l'a expérimenté avant elle. En revanche, il ne savait pas trop comment la rassurer, il n'a jamais été doué pour ce genre de chose. Il ne savait pas comment lui expliquer qu'elle finirait par les maitriser assez rapidement. Il ne savait pas comment lui dire que ce n'était pas fondamentalement grave. Tout ce qu'il pouvait, c'était la rassurer avec ses yeux, lui faire comprendre que, quoiqu'il se passe, il serait là, à côté d'elle.

-Thorn... S'il-te plaît, dis moi ce qui se passe...

-Elles se réveillent vraiment.

Elle le regarda plus intensément, ne comprenant surement pas ce qui se passait dans son propre cerveau. Elle cherchait à savoir. Elle cherchait des réponses pour apaiser son insécurité, comme lui avait chercher sans obtenir quoique ce soit. Elle avait aussi peur que lui quand il avait accidentellement griffé quelqu'un quand il était beaucoup plus jeune. 

-Ce n'est rien, ça devait arriver. Et ça arrive à tout les Dragons un jour ou l'autre;

Tout le monde les regardait, l'air de se demander ce qu'il se passait, terrifiés. Ophélie était perdue, elle ne savait pas quoi dire, il n'y avait rien a dit. A quoi bon s'excuser quand on ne comprend pas ce qui s'est passé? Thorn déclara, son ton aussi froid que d'habitude.

-Veuillez nous excuser, nous devons sortir, elle a besoin de prendre l'air.

Son autorité naturel, qui transparaissait dans sa voix, dissuada qui que ce soit de protester. Il enjoint donc sa femme de le suivre. Elle le fit, encore sous le choc et la détresse. Ils sortirent donc, puis s'arrêtèrent au milieu du couloir, devant la porte de leur chambre. Thorn et Ophélie entrèrent et l'intendant referma soigneusement la porte. Sa femme alla s'asseoir sur le lit, les jambes en tailleur, la tête baissée. Thorn l'a rejoignit, s'assis à son tour et mit sa main contre sa taille en l'attirant contre lui. Il lui dit

-Tu sais que tu n'y peux rien, on ne peut pas toujours se maitriser.

Elle ne répondit pas, chose que Thorn comprit sans mal. Alors il garda le silence, se contenta de la rassurer par ses gestes. Ils restèrent longtemps ainsi, sans bouger. 29 minutes 54 secondes plus précisément. Puis...

-Comment est ce qu'elles fonctionnent, demanda Ophélie à son mari. Sont-elles faciles à maîtriser?

-Tout dépend de la personne, de sa réceptivité. Plus elle l'est, plus il est compliqué de savoir comment s'en servir. Mais ça devrait aller, les miennes sont des griffes abâtardies.

-On aurait pas dit avec Dieu dans la cellule.

Thorn tressaillit à ce souvenir. Il savait que ce jour-là, il avait montrer à sa femme l'étendue que son pouvoir pouvait avoir. Et ça faisait très probablement peur. Mais il la rassura

-Tout est une question d'équilibre. Mon but était simplement de lui faire le plus mal possible, pour nous protéger. Alors cette fois-ci, j'ai un tout petit peu lâcher la bride, mais je gardais mon contrôle.

-Tu l'as déjà perdu complètement?

Il ne répondit pas, ses souvenirs les plus affreux remontant dans sa tête. Il se souvenait parfaitement de la fois où il avait tout lâché. Mais il n'avait pas envie d'en parler, et encore moins à sa femme.

-Thorn?

-Je... Je ne préfère pas en parler...

-Je t'en pris, j'ai besoin de savoir... 

Il hésita. Son cœur lui demandait  de ne rien dire, de peur de la terrifier pour de bon. Mais il estimait qu'elle avait le droit de savoir que son mari n'a clairement pas les mains propres.

-J'avais 9 ans. Un accident à l'école. Ils étaient particulièrement en forme, mes camarades, ce jour-là. Ils m'ont énervé, très profondément. Mon pouvoir m'a surpassé. Seul la moitié des mes 18 camarades ont survécu.  

L'autre côté du miroirWhere stories live. Discover now