Chapitre 2

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Chaud. De la chaleur sur son corps puis un poids sur son ventre. Des appuis sur sa poitrine. Quatre qui s'étalent partout sur elle. Un miaulement, doux et rassurant comme pour lui dire "Maman, occupe-toi de moi. J'ai besoin de toi.". Oriane sent ses paupières lentement vibrer et son esprit s'ouvrir telle une fleur au soleil. Elle ouvre un œil, puis deux, et pose son regard sur le radio réveil. Dans un rouge agressif, les chiffres "07:00" s'alignent pour former une heure que la jeune fille n'aurait probablement pas choisie pour sortir de son lit. Normalement, c'était au chiffre d'après, à 8 h, que son corps reprenait une position verticale. Mais qu'à cela ne tienne : la boule de poils a bien souvent raison de son sommeil.

Vêtue de sa chemise de nuit et d'une légère robe de chambre pour couvrir ses bras - c'était presque devenu un réflexe de couvrir son corps au maximum -, elle ouvrit la porte de sa chambre et se dirigea dans la cuisine. Elle donna en priorité un bol de croquettes à Miss Marple, vérifia qu'elle avait assez d'eau et la caressa, heureuse de se sentir utile pour un être vivant.

Quand fut venu son tour de se rassasier, elle ouvrit la porte du frigo et en sortit une bouteille de jus d'orange ainsi qu'une pomme. La chaleur devenait écrasante en ce début d'été, et le moindre fruit laissé à l'abandon dans une corbeille devenait le QG de mille et une mouchettes. Le lait suivit peu après, ainsi qu'un bol et des céréales au chocolat. Pas celles qui donnent la taille de guêpe mais celles qui réconfortent. Et c'était là pour la jeune fille une bien belle façon de choisir sa nourriture.

Son petit 35m² - mais bien suffisant quand une présence humaine n'est accompagnée que d'une présence féline - avait au moins l'avantage d'offrir une vue pas trop hideuse à sa propriétaire. Lorsqu'elle ouvrit la grande fenêtre du salon pour renouveler l'air de l'habitacle, Oriane observa, comme chaque matin pendant quelques minutes, le parc voisin. Une allée de terre était bordée de buissons, de fleurs rose, mauve, rouge et jaune ainsi que de deux bancs pour les courageux qui venaient de l'entrée du parc et qui voulaient s'accorder un petit repos.

Oriane observa le ciel. Il était gris et reflétait une lumière blanche presque aveuglante. Si la couleur ne vient pas du ciel, elle viendra au moins de la terre, pensa-t-elle alors qu'à hauteur de son appartement, une vieille dame s'asseyait pour prendre une petite pause, son gros labrador l'ayant probablement quelque peu fatiguée. La jeune fille, du haut de sa fenêtre, se mit un Post-it en tête en se disant qu'il lui faudra prendre son parapluie en partant au boulot, ce qui était assez désespérant en plein mois de juin.

Son bol de céréales en main, les avant-bras sur son appui de fenêtre, Oriane se mit à penser au jour où elle serait aussi âgée que cette dame dans le parc. Que sera-t-elle devenue dans autant d'années ? Sera-t-elle encore seule ? Le destin lui aura-t-il collé quelqu'un dans les pattes, ou juste un deuxième chat ? Croquant dans le chocolat de son petit-déjeuner, elle se mit secrètement à souhaiter qu'à cet âge-là, une autre âme que la sienne aura trouvé la clé de la cage où elle avait enfermé son cœur et ses sentiments. Juste à côté de celle qui contenait son amour pour les livres. Mais ça, personne n'y touchera jamais.

Une fois son bol terminé, elle se retourna pour déposer sa vaisselle dans l'évier tandis que son regard se posa sur l'horloge près de la porte d'entrée. Pardon ? Comment la grande aiguille avait fait un tour si rapidement ? Ni une ni deux, Oriane se prépara avec une méthodologie digne de Fort Boyard qui nous laisse autant de temps pour trouver la clé - de son appartement - que pour dire "Passe-Partout" et s'enfuit en courant de son petit chez elle.

Avec les mêmes grandes enjambées, elle entra dans le bâtiment des bureaux de Claes et Laine, secoua son parapluie avant de le ranger et courut vers l'ascenseur. Un jeune homme allait y entrer. Assez grand, brun aux yeux verts mis en valeur par des lunettes rondes. Sa chemise à carreaux rouge et bleu remontée sur ses coudes laissait paraître une ribambelle de bracelets en cuir et en corde.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 09, 2021 ⏰

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Comme un battement d'ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant