A MO(U)R(EUSE DE) T(OI) ~> OS EreMika

𝔸 𝕄𝕆(𝕌)ℝ(𝔼𝕌𝕊𝔼 𝔻𝔼) 𝕋(𝕆𝕀) ~> Os EreMika

Mon ange,

Ou bien non, Eren,

Comment vas-tu ? Comment te portes-tu ?

Non, en fait, ne me réponds pas. Je ne tiens pas à le savoir, je ne le veux pas. Ou non, je ne le peux pas.

Chacun de tes mots pèse sur ma chair et s'encre sur mon âme en un fléau éternel. Alors je t'en prie, ne réponds pas. Ne me réponds pas.

Eren. Je ne sais pas pourquoi je t'écris ces mots. Et je ne suis pas sûre de vraiment vouloir le savoir.

Enfin, peut-être n'est-ce en réalité que pour le regard insistant que Conny ne cesse de laisser peser sur moi ? Ou bien celui de Jean qui ne cesse de me scruter ? Je n'en suis pas sûre. Ou bien je ne le sais pas.

Et je ne sais pas si le savoir m'aidera.

Mais sache, Eren, que ces mots n'auraient jamais dû t'être écrits.

Tu sais, tu as tant changé.

Du gamin insouciant aux allures de bambin, tu es devenu le jeune homme qui sous ses paumes, laisse s'inscrire le nom de ceux dont il a ôté la vie.

Et Eren, je ne te reconnais plus.

Où est passé ce garçon qui, il y a encore si peu de temps, ne cessait de m'éloigner des combats ? Où est passé ce garçon qui, il y a encore si peu de temps, nous clamait son amour sous un soleil déclinant ?

Est-il mort ?

Oui, sûrement.

Et avec lui, mon âme s'est enfuie.

Il portait en son sein les espoirs que chaque jour j'avais nourris, les rêves que chaque jour j'avais tentés de reconstruire.

Il portait en lui la vie.

Et celui qui aujourd'hui régit, ne porte que la mort.

Il est celui qui de sa démarche funèbre, laisse s'envoler les hirondelles. Celui, qui de son sourire perfide, laisse attaquer les plus hostiles.

Et il est celui qui, en un rire glaçant, ne cesse d'abattre ses ennemis, et laisse périr ses amis.

Mais Eren, où es-tu ?

Est-ce ces monstres, qui chaque jour n'ont cessé de te changer ? Est-ce ces monstres auxquels tu voues une haine si profonde, qui t'ont laissé errer ?

Ou est-ce cette même haine, qui sans discontinuer ne cesse de te consumer ? T'a-elle tant perdu, au point que le discernement ne s'échappe de ton regard, et l'amour de tes lèvres ?

Eren, celui qui, il y a si peu s'est présenté à ma porte, n'est pour moi qu'un inconnu. Un inconnu dont les yeux seraient les tiens, et dont la voix serait la tienne. Un inconnu que j'ai si souvent vu.

Mais un inconnu qui n'est pas toi. Un inconnu qui ne sera plus jamais toi. Ou bien un inconnu qui ne l'a jamais été.

Mais dis-moi, t'es-tu déjà questionné ? As-tu déjà vu les œillades qui, autour de toi étaient lancées ?

As-tu seulement vu les mots que Jean te prononçait changer ? As-tu seulement vu la terreur dans les yeux de Sasha alors que tu t'étais lancé au combat ? As-tu seulement vu le regard de Conny se briser, à mesure que celle qui plus que tout il avait aimée, laissait son dernier souffle s'échapper ?