0 - Murmures

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  Syim courait, de plus en plus vite, il courait à en perdre haleine ! Autour de lui la forêt était noire, et les arbres, immense et large, s'élevaient jusqu'au firmament. Il entendit les murmures derrière lui, ça se rapprochais, il fallait aller plus vite ! Syim zigzagait entre les racines tortueuses des arbres géants. C'est dans ce genre de moment que de l'aide lui aurait été utile, mais il était seul. Fyr était mort quelques heures auparavant, il avait disparu dans le brouillard. Quant-à Nela,  ils s'étaient séparés quand les murmures s'étaient rapprochés, il était parti seul, en espérant que les voix ne le suives pas, pour survivre. Il avait laissé ses deux compagnons et maintenant il courait seul dans la forêt, poursuivit par il ne savait quoi. Apeuré, il courut comme jamais auparavant, espérant, priant. Il se sentait mal, il pleurait, il avait abandonné ses amis et maintenant c'est la vie qui risquait de faire de même. Il sêcha ses larmes d'un coup de bras et regarda devant lui, pas le temps pour les émotions, il devait survivre coûte que coûte.

  Il n'en pouvait plus, ses jambes souffraient le martyre, d'énormes gouttes coulaient de son front et se mélangeaient à ses larmes. Ses pieds se prennaient dans les racines, il ne distinguai plus les arbres et les taillis. Courir, courir, courir, cette pensée lui hantait l'esprit, la mort l'obnubilait, il n'arrivait plus a rien, sont esprit était brouillé, malgré tout il continue à courir. Il n'entendait plus le bruit de ses jambes frappant les branches au sol, il n'entendait même plus ses propres cris de douleur quand une ronce lui lacèrait les pieds. Les murmures qui le suivaient se mélangeaient dans sa tête, que disent ses voix ? Il ne savait pas, il ne comprenait pas, il courait.

  Plus il avançait, plus la forêt devenait dense, les espaces entre les arbres étaient de plus en plus minces, Syim peinait à se frayer un chemin. Se rapprocherait-il du cœur ? Pourquoi sa fuite désespérée le mènerai ici ? "C'est un endroit que ceux qui cherchent ne trouveront pas", ces mots lui revinrent à l'esprit. Soudain tout s'éclaircit, c'est pour ça qu'ils ne l'avaient jamais trouvé ! Mais étaient-ce ses pas qui l'avaient par chance mené ici, ou était-ce les murmures de la forêt derrière lui ? Quoi qu'il en soit, il y penserait plus tard, s'il y avait une issue c'était bien celle-là, il devait courir. Il redoubla d'effort et dans un ultime élan il fonça tête baissée au coeur de la forêt.

Les événements qui suivirent s'enchainèrent très vite.

  Le pied de Syim se bloqua dans une racine et pris par son élan il s'étala sur le sol. Il n'eut pas le temps de subir la douleur de la violence de sa chute. Syim se retourna. Devant lui les arbres disparaissaient petit à petit, enveloppés par la brume épaisse. Les murmures se rapprochaient, lentement. Maintenant il les entendait, il comprenait les voix. " Pourquoi ? Pourquoi m'as-tu laissé ?

  - Tu nous as tous abandonné !

  - Pourquoi Syim ?

  - Syim, Syim, tu m'as laissé seul.

  - Syim, Syim, pourquoi tu nous laisses ?"

  Syim recula en tremblant, quelle était cette sensation qui s'emparait de son corps et l'empêchait de faire le moindre mouvement ?

La terreur.

Voilà ce qu'il ressentait.

  Son corps ne répondait plus, il n'allait tout de même pas abandonner si près du coeur de la forêt ? Les voix continuaient de parler : " Syim, Syim, ne nous laisse pas...

  - Syim, tu vas encore nous laisser ?

  - Arrête de nous abandonner Syim.

  - Syim, combien de fois déjà... tu t'es abandonné ?"

  Syim ne bougeait plus, il ne savait pas quoi faire. La brume se stoppa. Il entendit des pas. Quelqu'un sorti du brouillard, une personne à l'allure familière, le visage caché par l'obscurité. La personne s'approcha de lui. " Syim, Syim, ne me laisse pas...". Syim ferma les yeux. Il devait reprendre possession de son corps, un instant lui suffirait. J'espère que Nela est bien morte... Il ouvrit les yeux et regarda la personne en face de lui. Il prit une inspiration :

" J'abandonne "

À ces mots, la forêt autour de lui commença à disparaitre. La personne s'arrêta et le regarda dans les yeux. Syim pu enfin apercevoir son visage. Son visage se crispa et ses dents se sérrèrent. Oui, évidemment que visage lui était familier. Cette expression si triste, ces larmes sur les joues, ces cheveux en travers du visage. Syim ouvrit la bouche : " Mais tu es..."

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. La forêt autour de lui avait disparu, il tombait maintenant dans un néant sans fin.

" Syim, ça va ? T'as pas l'air bien... Tu veux un gâteau ?". À ces mots il reprit ses esprits. Il se trouvait dans une clairière, le soleil matinal caressait ses joues. Il était debout sur un chemin de terre, son sac sur le dos. Qui était ces deux personnes avec lui ? "- Laisse le Nela, monsieur est encore dans ses esprits, à s'imaginer quelle fioles intéressantes il pourra trouver au village...

  - Eh Fyr ! Je te permet pas, il a vraiment pas l'air bien !"

Ah oui, c'était Fyr et Nela, ses compagnons de voyages, et ce chemin, c'était la route parallèle à la grande voie Est. On était le troisième jour du deuxième mois d'été, ils étaient en direction du village d'Anola, ils étaient partis tôt le matin pour profiter de la fraîcheur. " Nela il faut vraiment que t'arrête d'être trop gentil avec Syim, t'a rien à y gagner.

  - Et toi ça te ferait pas de mal de l'être un peu plus !

  - Je suis pas payé pour être gentil, moi mon boulot c'est de vous protéger, je suis guerrier, pas nourrice ! Et toi d'ailleurs, t'es pas censé être notre navigatrice ? Alors comment ça se fait qu'on soit pas encore arrivé ? Tu nous as dit qu'on y serait à l'Aube. Et toi Syim, arrête de rêver et marche, Nela sera pas toujours là pour s'inquiéter pour toi !

  - Je m'inquiète pas pour lui !"

Syim releva la tête : " Oui désolé... Avançons, la journée promet d'être chaude...

  - Voilà, je préfère ça ! Nela cesse de t'inquiéter tout le temps et marche !"

  Ils reprirent leur route. Le soleil levant éclairait leurs pas, Fyr marchait en tête d'un pas confiant, tandis que Nela tentait de le rattraper. Syim se mit à marcher, le regard emplis...

...de lassitude.

La Forêt aux MurmuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant