Chapitre unique

152 15 2
                                    

Mon cœur s'emballe, allant chaque seconde de plus en plus vite. Pas une seule fois il ne rate un battement. J'en ai même parfois l'impression qu'il pourrait sortir de ma poitrine tant c'est fort. À tout moment il pourrait s'arrêter et cette pensée ne fait qu'aggraver mon cas le faisant battre encore plus vite à chaque instant.
Mon corps entier tremble sans que je ne puisse le contrôler. Le verre d'eau qui était présent dans mes mains fini par s'en échapper et se brise sur le sol laissant des millions d'éclats de verre. Toute la situation m'échappe. Je n'ai plus aucune maîtrise de moi-même.
Ce feu intérieur qui part de mon abdomen embrase tout mon corps et j'ai cette impression d'étouffer sous cette chaleur. Mais même si je prends de grandes inspirations, j'ai cette sensation qu'il me manque d'oxygène. Mes poumons se gonflent mais l'air ne rentre pas.

Pas de doute là-dessus, c'est bien l'angoisse qui me prend. Une angoisse qui me ronge de l'intérieur, une angoisse qui effraie, une angoisse incontrôlable.
Ne me demandez pas d'où elle vient parce que je ne saurais vous donner une réponse exacte. La vie a tellement été merdique avec moi que ça pourrait venir de n'importe quoi. Je suis son pantin, elle a prit plaisir à me faire souffrir, à me faire vivre des choses plus traumatisantes les unes que les autres. Je suis sûr que si je tendais bien l'oreille, je pourrais l'entendre rire sadiquement derrière moi, fière d'être celui qu'elle a choisi de malmener. Mais voyez, la vie est tellement fière de son travail avec moi qu'elle ne veut jamais me laisser partir entre les mains de la mort. C'est un peu comme si les deux se battaient pour moi, parce que dès que je n'en peux plus et que je tente d'en finir, la vie me maintient de force avec elle. C'est un peu comme si elle était jalouse de la mort.

Mon passé m'a traumatisé et j'essaie de l'oublier, mon présent est une catastrophe et je ne veux pas y penser et mon futur me fait plus peur que jamais... Alors dans tout ça, il m'est impossible de savoir d'où vient cette crise d'angoisse.

Les larmes se mettent à couler, glissant sur mes joues lentement et terminant leur course sur le sol.

J'ai l'impression de toujours tout faire de travers, de ne jamais savoir prendre les bonnes décisions et que ma façon d'être énerve le monde entier. Quand quelqu'un me fait comprendre qu'il n'aime pas ce que je suis, je fais tout mon possible pour changer ce qui déplaît, pour qu'au final ce soit quelqu'un d'autre qui soit insatisfait de ce que je suis devenu. C'est un cercle sans fin et j'ai fini par me perdre et aujourd'hui je ne sais plus qui je suis vraiment. Mon nom reste toujours le même: Lee Felix, mais ma personnalité est passée par beaucoup trop de phases différentes. Au final j'ai compris que je n'arriverais jamais à plaire aux gens alors j'ai tant de fois essayé de m'effacer de leur vie afin de tomber dans les oubliettes de leurs souvenirs et de ne plus jamais décevoir personne. Mais comme je l'ai dis précédemment, la vie m'a toujours gardée à ses côtés malgré mes nombreuses tentatives de l'abandonner.

Dès le jour de ma naissance, ma mère est partie ne voulant pas de moi, me laissant dans les bras de mon père qui a tout fait pour me donner tout l'amour qu'il possédait.
La vie avait déjà commencé son œuvre en tirant doucement sur les ficelles du pantin que j'étais. Mais ce n'était que le début de toute l'horreur qu'elle m'a fait vivre; elle m'a créé un véritable enfer sur Terre.

Mon père était une personne formidable qui a toujours tenu son rôle de parent très à cœur. Il était mon exemple, celui que je rêvais d'être. Toutes les personnes que nous rencontrions ne cessaient de clamer ô combien il était courageux et ô combien il était un père merveilleux.
Nous avons vécu beaucoup de choses formidables tout les deux.
Mais comme nous formions un foyer stable et heureux, la vie a décidé que c'en était assez...

Alors que j'avais seulement douze ans, il est décédé dans un accident de voiture. La personne qui arrivait en face était alcoolisée et n'a plus eu le contrôle de son véhicule.
J'ai presque pu sentir mon cœur se déchirer quand j'ai appris la nouvelle un beau matin alors que j'étais en cours. Le monde s'était arrêté de tourner autour de moi et je m'étais effondré sur le sol faisant saigner mes genoux sous le choc. Je n'ai jamais autant pleuré que ce jour là.
Son enterrement a été l'événement le plus douloureux que je n'ai jamais vécu. Je venais de perdre l'être le plus cher à mes yeux, celui qui m'avait élevé, qui m'avait appris toutes les choses de la vie. Pendant des semaines je n'ai cessé de pleurer sa mort. J'étais devenu une personne inconsolable et sur le moment j'en voulais à la terre entière.

~Angoise de minuit~ChanlixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant