Différent

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« Je peux le sentir maintenant, c'est dans ma peau, dans mes os ; je ne suis plus le même. »

        ~ Danny Phantom

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Nous restons tous trois silencieux après ma transformation. Ni eux ni moi ne savons comment réagir à cette improbable situation. Puis, sans pouvoir m'en empêcher ou même savoir pourquoi, j'éclate de rire. C'est un rire nerveux où est perceptible à la fois l'incrédulité et un ahurissant soulagement. Tucker et Sam sortent alors de leur torpeur pour se tourner prudemment vers moi, ébranlés par mon brusque éclat.

Reprenant finalement le contrôle de moi-même, je me mords les lèvres, ne sachant que faire d'autre. Un nouveau silence empli de malaise nous enveloppe tous trois ; Tucker est le premier à le briser.

  -  C'était p-peut-être juste un effettemporaire ? lâche-t-il d'une voix légèrement tremblante.

Sans dire un mot, je m'examine, me palpe. Le torse, le visage, les bras... Tout semble normal, ma combinaison a repris son aspect original et le froid fantomatique semble avoir complètement disparu. Saisissant la fermeture éclair de mes doigts gantés, je retire la combinaison. Sous elle, mes vêtements ont un aspect tout à fait normal à mon plus grand soulagement. Je ne sais pas ce que je redoutais, mais je suis heureux d'être humain à nouveau et que le fantôme n'ait été qu'une simple illusion, un effet secondaire temporaire...

  -  Danny ?

La voix concernée de Sam me sort de l'état songeur dans lequel j'étais plongé. Je lève les yeux et lui sourit, à elle et Tucker.

  -   Tout va bien maintenant, leuraffirmais-je soudain de ma voix désormais dépourvue d'écho, plaçant dans mesparoles le plus de conviction possible. T-Tucker à raison, c'était justetemporaire. Je vais bien et je suis normal à nouveau.

Ils acquiescent, visiblement soulagés par mon changement d'attitude. Jetant un œil à mon reflet pour n'y voir que normal Danny Fenton dans ses vêtements de tous les jours, je peux pratiquement me convaincre que rien de tout ça n'est réellement arrivé ; que tout n'était que mirage. Mais cette illusion que souhaite entretenir mon esprit - et sans doute aussi ceux de mes deux meilleurs amis - est malheureusement dissipée lorsque nous quittons la petite salle de bain pour revenir dans le laboratoire.

La pièce est désormais recouverte d'une sinistre lueur verte. Le portail, qui jusqu'à présent n'avait été qu'un trou dans le mur, s'ouvre sur un indescriptible maelström vert et tourbillonnant. Échangeant un regard incertain avec les autres, je m'en approche avec précaution et le scrute un instant puis, déduisant que le portail ne représente pas de danger immédiat, je traverse la pièce pour replacer ma combinaison HAZMAT dans la penderie.

D'un mouvement, je fais signe à Sam et Tucker de me suivre hors du sous-sol. Ils m'emboitent le pas sans un mot tandis que je les guide jusqu'à ma chambre. Nous sommes plus à l'aise ici, hors de l'inquiétante atmosphère du sous-sol/laboratoire.

Comme à l'habitude, je m'assois sur le lit, Sam à mon côté alors que Tuck préfère la chaise faisant face au bureau où se trouve mon ordinateur.

  -   Et maintenant ? demande Sam.  -   On ne peut pas nier que c'estarrivé, pas vrai ? renchéris Tucker.

Je hoche lentement la tête.

  -  Non, dis-je le regard perdu dansle vide, c'était beaucoup trop réel pour ça, beaucoup trop réel...

Un silence tendu nous enveloppe à nouveau un moment, puis un éclair de réalisation mêlé de peur me traverse.

  -   Mes parents ne doivent pas savoirce qui est vraiment arrivé, déclarais-je alors avec conviction. (Pas la fausseconviction avec laquelle j'avais affirmé plus tôt que tout allait bien, maisune vraie certitude. Sentant la différence, Tucker et Sam me regardent tousdeux dans les yeux, vraiment dans les yeux, pour la première fois depuisl'accident.) Ils ne doivent pas savoir que je... que j'ai... que...

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