1 - Romain

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Quatre mois plus tard.

Je tourne en rond. Toute la journée, je m'ennuie. Je passe mes matinées à chercher du travail sans relâche pour sortir de cet appartement de malheur. Aucun de ces meubles ne m'appartient et la décoration féminine me donne la gerbe, à chaque fois que je la regarde. Enfin, je ne suis pas à plaindre. Je paie une bouchée de pain pour vivre ici.

Aujourd'hui encore, le néant. Pôle Emploi est devenu le site que je visite le plus. Je me dis qu'à force d'acharnement, je trouverai bien un job dans mon secteur, cependant plus le temps file, plus je désespère. Je n'ai pas les moyens d'aller habiter dans la capitale, de toute façon. Je suis obligé de me contenter de cette ville de province. Celle dans laquelle j'ai obtenu un foutu diplôme qui, pour l'instant, ne me sert à rien.

Orléans.

Ma sœur, Victoria, n'en peut plus de me voir dépérir. Elle a même menacé de venir me botter les fesses, si je ne me bougeais pas. Si elle savait que je fais tout mon possible pour trouver un putain de boulot... Les secrétariats des universités alentour doivent être fatigués de mes appels. À moins que ce ne soit devenu un rituel pour eux. « Romain Lemaire au téléphone, allez chercher le café ! » Bordel, il faut que je fasse quelque chose de mes dix doigts ou je vais virer cinglé.

La rentrée scolaire s'est déroulée il y a un bon mois et je suis toujours sur le carreau. Tous mes potes bossent, il n'y a que moi qui suis au chômage. J'en viens même à prier pour qu'un enseignant ait un accident ou qu'une autre tombe enceinte. C'est dire à quel point ça m'atteint.

Après mes deux heures de recherches habituelles, je pars courir, comme un robot. Ensuite, je rentre chez moi, file sous la douche et me pose sur le canapé devant Pascal, le Grand Frère.

Tic. Tac. Tic. Tac.

Foutue pendule qui me rappelle que le temps ne passe pas ! À midi pile, j'avale un des plats préparés qui traîne dans mon frigo.

Trois heures plus tard, j'observe les piétons par la fenêtre et, en début de soirée, je rallume l'ordinateur pour flâner sur Facebook. Cette situation est invivable. Je dois me reprendre en main.

Impulsivement, j'attrape ma veste en cuir sur le dossier de chaise et sors. Je suis aussi excité qu'un gamin la veille de Noël, car, aujourd'hui sera différent des autres jours. Je vais changer d'air. Respirer. Et avec un peu de chance, cela me remettra les idées en place.

Mes pas me guident et je me retrouve devant l'immense enseigne de la Fnac. Je profite de l'agitation pour me fondre dans la masse. Lorsque j'arrive enfin au rayon que je chéris tant, la musique, mon portable vibre dans ma poche. Un numéro masqué. J'hésite à répondre. Je laisse sonner. Une fois. Deux fois. Puis, je décide de décrocher. Après tout, même quelqu'un qui se serait trompé d'interlocuteur saurait me distraire.

– Bonjour, je cherche à joindre Monsieur Romain Lemaire, s'il vous plaît.

– Bonjour, oui c'est moi. Que se passe-t-il ? Qui êtes-vous ?

Mon instinct de frère protecteur panique déjà en s'imaginant que ma sœur a eu un problème quelconque et qu'elle se trouve à l'hôpital. Ou alors, il pourrait s'agir de mes parents. J'ai tellement peu de nouvelles de leur part que l'un d'entre eux pourrait être agonisant sans que je le sache. Je ne les vois que deux fois par an, à Noël puis mon anniversaire. Entre temps, on ne s'appelle presque jamais. Disons d'ailleurs qu'entre ma maternelle et moi, les relations sont tendues.

– Monsieur Chauvin, président de l'université d'Orléans. Nous avons un poste à pourvoir et j'aimerais que ce soit vous qui interveniez. Votre parcours ici, en tant qu'élève, est exemplaire, vos résultats, surprenants. Seriez-vous disponible pour un entretien, demain matin ?

Golden (Publié chez Butterfly Éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant