Le lotus, qui, auparavant, apparaissait comme une simple fleur inoffensive, s'était transformé en un espèce... d'être de l'eau !
Les yeux de Juliette s'agrandirent sous le coup de l'étonnement, puis elle contempla, bouche bée, cette créature s'avancer en ondulant sur l'eau.
Son corps était recouvert de feuilles vertes et sur sa tête se trouvait une sorte de coiffe où le lotus était posé. Elle n'était vraiment pas grande, mesurant tout au plus une quinzaine de centimètres. Mais elle était la grâce incarnée.
Et Juliette en était toute ébahie. La petite créature se dirigea vers la jeune fille et posa ses pieds délicats sur l'herbe fraîche.
Elle parla :
« Toi, petite humaine, a osé me détacher de mon fil. Ce fil, petite ignorante, me relie à ma cité, ma vie. Sache que quand nous naissons, cette fleur nous abrite pendant un temps. Quand elle ouvre ses pétales, c'est pour nous faire profiter de ma sensation que procure l'air sur notre peau, la douceur de l'eau et la caresse que les rayons du soleil nous procurent. Toutes les choses que je viens de citer deviendront inaccessibles une fois dans la cité. C'est comme une sorte d'éveil qui nous prépare à notre arrivée dans le vrai monde. Une fois prêts, la fleur se fane et nous nous laissons emporter par le fil, nous enfonçant sous la surface aqueuse. Il nous emmène à notre cité où l'on reçoit une nouvelle coiffe florale pour définir ce que l'on deviendra et restera plus grand.
Toute cette mécanique, si minutieuse et bien orchestrée vient d'être brisée par une petite idiote comme toi !
– Excusez-moi, je ne pouvais pas savoir !
– C'est toujours pareil ! Les gens détruisent tout, puis après, ils se confondent en excuses ! Cette fois, ça ne marchera pas. Tu vas être punie pour ce que tu as fait. Aussi vais-je t'emmener dans notre merveilleuse cité florale. Mais... Tu aurais pu me laisser dépérir. Ainsi, tu m'as ramenée ici et relâchée. Tu as empêché ma mort certaine hors de cet étang. Rien que pour ça, je ne peux te faire obéir au moindre de mes ordres. Aussi, tu pourras circuler dans la cité librement, mais tu ne pourras jamais en sortir. »
Juliette avait écouté avec surprise ce discours, et faillit éclater de rire quand son châtiment fut annoncé.
« J'aimerais bien visiter votre cité mais, voyez-vous, j'ai des devoirs de maths plus importants ! À une prochaine !
– Vous n'en ferez rien, répliqua la jeune créature, d'une voix anormalement sèche et froide. »
Elle claqua sa langue contre son palais, et se mit à proférer des paroles dans une langue étrangère. Aussitôt, les brins d'herbe, les nénuphars, la mousse, et toutes les espèces végétales se mirent à se déplacer, poussant Juliette dans l'eau, l'empêchant de reculer.
Elle essaya de se débattre mais les algues qui tapissaient le sol de l'étang lui enserraient les chevilles. Juliette vit l'être aquatique reprendre sa forme de lotus et onduler sur l'eau. Quant à elle, l'eau lui montait jusqu'au buste. Le lotus, comme aimanté, rejoignit son fil et s'y accrocha. Juliette, tractée par les algues, fut bientôt à sa hauteur. Elle s'agrippa instinctivement au fil, son seul repère et attendit. Elle ne comprenait pas ce qui allait se passer. Quand tout à coup, elle vit que l'eau lui arrivait au menton ! L'eau montait ! Ou plutôt, non, c'était elle qui descendait ! Affolée, elle voulut s'échapper, mais il était trop tard. Déjà l'eau la recouvrait complètement. Alors elle ferma les yeux et sombra dans un sommeil sans rêves.
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|| Lotus ||
FantasyTout est parti de cette petite plante aquatique, en apparence si innocente... _________________________________ Petite histoire de quelques chapitres.