Redamancy | TaeKook

Chapitre 1 - prologue

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Les mains crispées au volant de sa voiture, lacérant le cuir qui le recouvrait, son pied droit appuyait sur la pédale d'accélérateur de manière effrénée. 

Sur cette route sinueuse entourée d'une épaisse forêt, la vitesse était limitée à soixante-dix kilomètres-heure, mais l'automobiliste n'y accordait que très peu d'importance.

À vrai dire, il avait presque atteint le double.

C'était un soir d'automne assez frisquet. Le soleil s'était couché il y a bien longtemps, laissant l'astre d'argent resplendir de mille feux. Une forte averse s'était abattue sur la ville et, afin d'exprimer le mécontentement des cieux, d'immenses éclairs fendaient le firmament. Les larmes de pluie s'écrasaient bruyamment sur le pare-brise, surplombant le son de la radio qui diffusait d'anciennes chansons des années 80.

Taehyung était empreint de tristesse et son être tout entier s'était engouffré dans une rage folle dont il n'avait plus le contrôle. Un mélange désastreux.

Le monde était-il contre lui ?

Mais qu'avait-il bien pu faire de mal ?

Le jeune homme roulait sans aucun but particulier depuis maintenant presque deux heures, ne sachant pas vers où il se dirigeait. Il se contentait de foncer droit devant lui dans l'espoir, peut-être, d'heurter un mur qui le stopperait dans sa frénésie.

Il avait besoin d'extérioriser et c'est pour cela qu'il sortit de la poche de son long manteau noir un paquet de cigarette. Il en alluma une, empestant au passage l'habitacle de la voiture par l'odeur de la nicotine, et une fois que la fumée atteignit ses poumons, il se sentit libéré.

Étrange non ? De chercher un sentiment d'extase dans une chose qui vous nuit.

Mais c'était se détruire de l'intérieur qui le rendait heureux.

Aveuglé par son état et malgré les nombreux panneaux de signalisations alertant la présence d'animaux sauvages, il ne remarqua pas le jeune cerf aux deux yeux perçants dans l'obscurité qui venait de gaiement débouler sur la chaussée.

— Argh ! Putain ! cria-t-il.

Au dernier moment, le conducteur braqua à fond le volant et écrasa de toute sa force la pédale de frein, tentant d'épargner la pauvre bête sauvage. La voiture dérapa brusquement sur la route, faisant crisser ses pneus sous l'eau, et finit par s'immobiliser d'un coup sec après s'être plongée dans la boue.

Les airbags ne s'étaient pas activés malgré le choc et sa tête se cogna brutalement contre la vitre, provoquant un bruit sourd d'impact. Tout s'était déroulé en un instant, le verre s'était fissuré et un filet de sang affluait désormais le long de sa tempe.

La scène qui s'offrait à lui semblait irréelle. 

Il toucha de son index le liquide carmin qui s'écoulait de sa blessure avant de l'approcher près de son visage et de l'examiner. Sa vision devint de plus en plus floue, s'accompagnant d'un violent mal de crâne. Lorsqu'il reprit un peu ses esprits, la douleur se fit encore plus vive et le sommeil le guettait.

— Aïe ma tête, murmura-t-il d'une voix éraillée.

Il resta immobile de longues et précieuses minutes. Le temps pour lui s'était arrêté ; il n'arrivait pas à se rendre compte de ce qu'il venait de se passer.

En réalité, sa mère envahissait ses pensées, celle qui l'avait si bien élevé, et il ne pût s'empêcher d'imaginer être dans son ventre. Il désirait se mettre en boule et ne plus jamais rouvrir les yeux, couvé par cette chaleur maternelle qui lui manquait tant.