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Le coup partit. Ma tête heurta brutalement le mur derrière moi. Je m'écroulai par terre. L'homme me prit par le col et me tira pour me remettre debout.

- Relève toi sale pute, j'en n'ai pas encore fini avec toi.

Sa main entoura mon cou. Sa prise se resserrait de plus en plus. Un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres en me voyant suffoquer. Son regard me disait à quel point il aimait ce qu'il me faisait pendant que le mien était rempli de détresse. Je savais qu'il ne s'arrêterait pas là. Je sentie son autre main se balader le long de mon corps pour arriver à mon pantalon. En une fraction de seconde, il était au sol accompagné de ma culotte. Sa main toujours sur mon cou, il me décolla du mur pour me plaquer au sol. Mon corps n'arrivait plus à suivre ce que l'homme faisait. Plus aucune force ne m'habitait depuis 4 ans. Sans douceur, il baissa son pantalon et me pénétra d'un coup sec. Un puissant cri de douleur s'échappa de ma gorge. Aucune larme ne coula. Était-il possible de ne plus pouvoir verser de larmes ? Ce corps ne m'appartenait plus depuis longtemps. Depuis 4 ans.

Je m'appelle Emily. Emily Brown. J'ai 20 ans et je suis à la rue depuis mes 16 ans. La première année était la plus horrible. Durant celle-ci j'ai connu mes plus grandes pertes : ma dignité et mon corps. Je ne possédais plus rien. Lors de mes premiers viols, j'essayais de me défendre. Mais les hommes ont malheureusement une force plus importante que les femmes. J'avais beau lutter, je terminais toujours avec plus de séquelles en ne me laissant pas faire. Des séquelles physiques car ils me massacraient mais également des séquelles mentales en prenant toujours plus possession de mon corps. L'humiliation était plus intense chaque jour comme s'ils s'étaient tous concertés pour me détruire un peu plus à chaque viol. Et même si je résistais de toutes mes forces, la finalité était toujours la même : les coups puis le viol. Lorsque je m'étais rendue compte de ça, je m'étais vite résignée. Je me disais qu'il était préférable de subir le viol sans rien faire plutôt que d'essayer l'impossible et finir défigurée en plus d'être violée. Mais les coups finissaient tout de même par se manifester. Je ne cherchais plus à me défendre. J'étais arrivée à bout.

A la fin de cette année, je me suis forgée ma force mentale. C'était elle qui me permettait de rester en vie. A partir de ce moment, plus aucune larme n'apparut dans mes yeux. Les viols et les coups étaient devenus mon quotidien. Chaque soir, sans exception, j'y avais le droit. Je m'y étais habituée. Je devais m'y habituer pour garder l'espoir de rester en vie et ne surtout pas tenter d'y mettre fin. Toutes mes journées se ressemblaient. Je me réveillais dans ma tente à moitié défoncée que j’ai réussi à m'acheter avec le peu d'argent que j'avais. Je regardais les passants marcher. Ils semblaient heureux et insouciants. Ça me rappelait cette Emily qui avait un toit sur la tête. L'Emily du passé qui était à présent morte et enterrée. Puis je me rendormais une trentaine de minutes plus tard. Je n'avais plus foi en rien. Je dormais juste pour essayer d'oublier, et le temps passait beaucoup plus vite comme ça. Et non je ne suis pas tombée dans les vices de l'alcool. Pour le moment. Mais si j'ai survécu pendant 4 ans sans ça, j'estime que je n'en aurai pas besoin.

J'ai essayé de m'en sortir, de trouver des solutions, de chercher une issue. J'ai essayé pendant deux ans. Au vu de ma situation actuelle, vous avez compris que cela n'a mené à rien. Ah si. Plus aucun espoir pour m'en sortir. Je m'habituais à l'idée que ce cauchemar ne se terminerait jamais.
Lorsque ma faim se faisait ressentir, ce qui devenait de plus en plus rare étant donné que mon corps s'était habitué, je me nourrissais avec le peu d'argent qu'on me donnait. Et lorsque j'en n'avais pas, je faisais les poubelles. C'était incroyable le nombre de personnes qui gaspillaient, même si dans ma situation je les remerciais intérieurement. Pour me trouver de l'argent, j'ai pensé à des solutions plus sombres comme la prostitution. Après tout je le faisais tous les soirs sans le vouloir donc pourquoi pas être rémunérée en étant cette fois-ci consentante ? Mon corps n'avait plus aucune valeur à mes yeux. Lorsque j'ai commencé à y réfléchir plus sérieusement, une autre idée m'était alors apparue : la drogue. À part des problèmes, ça ne m'a absolument rien apporté. J'ai tenté de rentrer dans certains réseaux, mais avec mon seul habitat qui était une tente dans la rue, j’ai seulement réussi à être en contact avec des personnes les plus mauvaises les unes que les autres. Dans tous les sens du terme : leur caractère et leur capacité. J'étais impressionnée par leur incompétence. Même moi je faisais mieux qu'eux. Ils étaient plus occupés à se défoncer et assouvir leur besoin en m'utilisant plutôt que de tenter de vendre la drogue.

Un Amour Indescriptible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant