Les deux autres hommes vinrent en aide à l'homme éjecté au sol.
- C'est qui lui ? demanda celui-ci.
La personne qui venait de me sauver s'avança vers eux d'un pas lent comme un animal s'apprêtant à dévorer sa proie.
- Je suis venu t'éduquer.
Les trois bourrés sont soudainement pris d'un fou rire. Le corps de l'homme se crispa. Il serra ses poings si fort qu'on voyait ses phalanges devenir de plus en plus blanches. En une fraction de seconde, le coup partit et la tête des trois hommes cogna brutalement le mur derrière eux. Mon corps était inerte. Je ne comprenais pas comment la situation avait basculé en quelques secondes. L'individu enchaîna les coups de poings. Ils étaient incapables de se défendre à cause des substances qu'ils ont ingéré. Ils pissaient le sang. Lorsqu'ils étaient tombés inconscients, celui qui venait de me sauver d'un énième viol s'approcha de moi. Mais j'étais toujours incapable de faire un quelconque mouvement. Quand il était proche de moi, il me dit d'une voix froide :
- Lève-toi et rhabille-toi.
Il se retourna en attendant que je fasse ce qu'il venait de m'ordonner. Prise de honte d'être à moitié dénudée, je m'exécutai dans la seconde. J'appréciais tout de même l'intimité qu'il m'accordait.
- C'est bon, lui dis-je.
Il prit quelque chose dans sa poche d'une vitesse affolante et se retrouva face à moi. Il captura mon poignet et me fit pivoter d'un coup sec. Il attrapa mon deuxième poignet et les relia ensemble. C'est à ce moment-là que je compris enfin ce qu'il venait de prendre dans sa poche : un colson.
- Lâche-moi !
- Sois sage et je te ferais aucun mal.Je me mis à hurler de peur, en espérant que quelqu'un m'entende. C'était peine perdue connaissant l'endroit où je me trouvais.
- La ferme putain ! M'oblige pas à te faire subir pire que tout ce que t'as déjà vécu.
Ma gorge se noua. Sa phrase me fit plonger dans de nombreux souvenirs que j'aimerais oublier à tout jamais. Mais c'était impossible.
Je savais qu'il était parfaitement conscient de ce qu'il faisait. Il n'avait pas pris d'alcool ni de drogues et c'est ça qui m'effrayait le plus. Essayer de m'enfuir ne marcherait pas, la supériorité de sa force était bien trop importante face à la mienne. Surtout depuis que j'étais à la rue. J'avais certainement perdu une dizaine de kilos. Alors que la morphologie de ce type me disait à quel point il entretenait son corps de façon acharnée.
Il m'emmena dans la direction d'une grande voiture noire avec des portières arrière coulissantes. Il en ouvra une et me jeta dedans sans prendre la peine de regarder si j'avais bien atterri. Il ferma la portière et se dépêcha de se mettre au volant. J'étais sur le point de m'asseoir correctement sur la banquette lorsqu'il démarra en trombe ce qui me fit trébucher.
- Désolé.
Je me redressai pour le regarder ne comprenant pas pourquoi il me disait ça. J'en profitais pour m'asseoir sur la banquette tout en l'analysant du regard. Depuis que j'étais à la rue, j'essayais souvent de déchiffrer les personnes. Aujourd'hui, j'arrivais à ressentir leurs émotions et leurs sentiments plus facilement qu'auparavant. Je ne connaissais pas cet homme mais j'étais sûre qu'il avait beaucoup souffert et faisait payer les autres pour ce qu'il avait vécu. Mais ce n'était pas ce qu'il voulait au fond de lui.
- Arrête de me regarder comme ça.
- Pourquoi tu fais ça ?Il resta silencieux en guise de réponse. Je ne voulais pas insister de peur de l'énerver. Le reste du trajet se déroula sans aucun bruit. Il était concentré sur la route et moi perdue dans mes pensées. Je repensais à toutes ces années pitoyables de ma vie. Et aujourd'hui, lorsque je pensais enfin être sauvée, j'étais sûre que ce serait pire qu'avant. Je sentais les larmes me monter aux yeux. Je me haïssais de pleurer autant en une journée.
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Un Amour Indescriptible
RomanceEmily Brown est à la rue depuis qu'elle a 16 ans. Aujourd'hui, elle en a 20. 4 ans se sont écoulés. Pourtant, rien n'a changé. Du moins pour l'instant. Un soir, alors que seule la détresse l'animait, elle a vu sa vie basculait pour la deuxième fois...