Chapitre 3 - Le protocole

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Elle fut soudainement tirée de son sommeil par un bruit lointain, qui résonna longuement dans son crâne. Elle se redressa lentement, l'esprit encore embrumé par le sommeil. Un deuxième bruit se fit entendre et dissipa les dernières nappes de brouillard qui gravitaient encore dans son esprit. Elle se leva, ses pieds nus se posèrent sur le carrelage gelé. Elle vivait seule et ces bruits ne lui disaient rien de bon. Par mesure de précaution, elle s'empara de sa batte de baseball. Elle jugea cela ridicule mais elle n'avait rien d'autre qui lui permettrait de se défendre.

Elle ouvrit la porte de sa chambre et s'engagea prudemment dans le couloir. Ce-dernier était inhabituellement sombre et elle eut tout d'abord le réflexe de se diriger vers l'interrupteur. Lorsque ses yeux se furent habitués à la soudaine luminosité ambiante, elle lâcha sa batte de baseball. Sur le mur en face d'elle il y avait un immense sourire, peint à la manière des vieilles émoticônes avec deux points et une parenthèse. Elle s'approcha à pas prudents et toucha l'œil droit du dessin. Sa main était à présent tâchée de rouge et sentait le sang frais.

Elle reprit sa batte de baseball. Elle n'avait pas souvenir d'avoir fait ce dessin, en toute logique elle n'était donc pas seule. Elle se dirigea vers les escaliers mais avant même de les atteindre, le grincement des marches les plus basses se fit entendre. Un étrange frisson parcouru son échine et elle serra le manche de son arme de fortune. Le grincement se rapprochait de plus en plus et bientôt, elle vit un masque blanc comme neige avec deux trou noir pour les yeux et un sourire sanglant à l'instar de l'émoticône qui ornait toujours le mur de son couloir. Elle vit ensuite un manteau bleu, des bottes noires et l'éclat d'un couteau de cuisine. La silhouette arriva en haut des escaliers et elle remarqua qu'iel n'était pas plus grand qu'un enfant. Ce détail l'intrigua. Elle attendit que la silhouette se rapproche encore, puis lorsqu'il leva le couteau elle le frappa au niveau de la nuque. Un coup assez fort pour l'assommer mais non mortel. Ses yeux ne l'avaient d'ailleurs pas trompée, iel faisait bien la taille d'un jeune adolescent et iel était léger, elle n'eut donc aucun mal à le porter jusqu'à sa chambre et à l'attacher à une chaise. Elle ferma la porte à clé puis retira le masque de la silhouette. Son visage était jeune également, des traits fins un teint un peu trop pâle et ses cheveux étaient noir et mouillés. La jeune femme drogua son captif afin qu'il reste inconscient.

Il s'éveilla légèrement quelques semaines plus tard. Il ouvrit d'abord un œil encore dans le brouillard, puis écarquilla nettement les yeux lorsqu'il réalisa qu'il était attaché et qu'il ne reconnaissait pas l'endroit où il était. Il se sentait lourd également et sa bouche était pâteuse mais il ne semblait pas avoir d'autres blessures. Il croisa ensuite le regard d'une jeune femme. Il sursauta lorsqu'il vit que ses yeux étaient noir comme la nuit. Il força son esprit à se souvenir de ce qu'il avait vu en dernier avant de perdre connaissance mais c'était peine perdue, son cerveau nageait dans le brouillard.

« C'est quoi ton nom ? » Demanda-t-elle.

L'incompréhension de l'adolescent était totale. La logique aurait voulu qu'en trouvant un tueur chez elle, la fille appelle la police. Or elle était étrangement calme. Cela étant dit, c'était lui qui était attaché à présent, les rôles s'étaient quelque peu inversés.

« Je... » Ne parvint-il qu'à bégayer.

Il remarqua qu'il n'avait plus son masque et se sentit soudain très vulnérable. L'incompréhension fit lentement place à l'angoisse et il déglutit avant de dire :

« Je n'ai pas de nom.

- Tu mens. » Fit-elle en lui coupant la parole sèchement.

Le jeune adolescent ouvrit la bouche plusieurs fois. Il ne pouvait décemment pas dire comment il s'appelait réellement. C'est alors que la jeune femme sortit une arme à feu et colla le canon contre le front du jeune garçon. Ce-dernier sentit un frisson lui parcourir le corps et il trembla.

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