Chapitre 1

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Il se baladait tout simplement au cœur de Strasbourg.

Proche de la cathédrale pour être exacte.

Son souffle sortait en une douce buée opaque, et ses joues rouges étirées en un large sourire étaient cachées derrière une écharpe violet lilas.

Il portait un lourd manteau fourré jaune pastel, lui portant chaud. Et pourtant il le serra encore plus contre lui, histoire d'essayer de garder le plus de chaleur humaine proche de lui. On était en hiver, en décembre. Il y avait des marchés de Noël partout en Alsace et les touristes affluaient telle des vagues de raz-de-marée.

Il observa avec attention la place. Elle était pavée, propre et surtout immense, même si, pour l'instant, elle paraissait toute petite dû aux attroupements ici et là, aux chalets vendant leurs marchandises, aux petits foods trucks qui proposaient à leur carte vins chaud, jus de pomme chaud, bretzels, tartes flambées et gaufres.

Il sourit lorsqu'une douce odeur de tartes flambées remonta dans ses narines. L'ambiance de Noël était tout simplement féerique. Mais sans doute qu'elle pourrait l'être plus si son abruti d'ami venait pour une fois à l'heure. Pas en retard.

- Comme d'habitude...

L'homme rigola doucement, son nez se plissant et sa peau parsemée de tache de rousseur suivant le mouvement.

Le châtain s'avança lentement, parcourant de son unique œil brun les guirlandes suspendues entre les poteaux de lumière.

Enfin, il entrevit à travers cette dense foule une lumière. Un autre homme, une touffe de cheveux plus clairs au-dessus, le reste étant noir.

Il se frayait un passage entre un groupe de Chinois et l'autre d'américains. À coup de "s'cuse me sir !" et autres "sorry !", il réussit enfin à voir un manteau bleu pastel. Son regard s'éclaira et il accourut vers cette personne qui se détachait clairement du lot.

- Marco !

Le dit garçon le regardait se débattre depuis le début, un étrange sourire flottant sur ses lèvres. Il leva la main pour le saluer comme tous les jours, mais au lieu de ça, son ami vint le serrer dans ses bras.

- Jean... ?

Jean releva la tête, et observa ce cache-œil toujours présent cachant l'œil droit du tacheté. Il posa sa main sur la joue droite de Marco.

- Qu'il est moche, dieu je regrette tellement...

- Mais voyons Jean, tu ne pouvais rien y faire, et... je l'aime bien maintenant, en plus, apparemment, on peut en acheter des coloré, je me verrai bien avec des marguerites dessus !

Marco pouffa, et Jean ne put s'empêcher de laisser un sourire fleurir sur ses lèvres charnues.

- Pardonne moi, si seulement je n'avais pas été complétement tétanisé...

- Arrête d'en parler, je ne t'en voudrai jamais, de toute façon c'est fait désormais, plus de retours arrière possibles. Ces souvenirs de notre service militaire seront enfouis en nous, c'est comme ça, on ne peut rien y faire. L'essentiel est que tu sois en vie Jean !

Le garçon se ressaisit, hocha la tête, et ouvrit en grand son manteau. Il affirma d'une voix franche et pleine de fierté :

- Regarde mon nouveau pull ! Il n'est pas magnifique ?

Si Marco avait un sang-froid légendaire, là, il ne put retenir un pouffement mal-dissimulé, des joues cramoisies de ne plus pouvoir respirer et des tressautements d'épaule irréguliers.

Et ils s'aimeront.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant