Il était une fois dans un royaume lointain un jeune et beau prince qui était monté comme un bourricot. Fort bien tourné de sa personne il portait pour nom Bozob qui est le diminutif de Bonobozob. Le prince Bozob avait un heureux caractère. Tous s’accordaient à dire qu’il n’avait pas inventé la poudre et encore moins le fil à couper le beurre mais qu’il était un gentil garçon.
Un jour son père le roi décida de le marier pour avoir plein de petits-enfants qu’il pourrait faire sauter sur ses royaux genoux. Assis sur son trône doré il fit convoquer son fils adoré.
Comme à l’accoutumée, à l’apparition du prince, la cour entière s’extasia devant sa grande beauté. Toutes les dames se pâmèrent et tous les chevaliers bandèrent. Cet intolérable désordre agaça le roi qui agita son sceptre pour chasser les courtisans. Quand la salle du trône fut vide le monarque invita son fils le prince charmant à s’asseoir sur un coussin de velours. Ce qui était un grand privilège.
Clystère IV dit le Grand est impressionnant de majesté drapé dans son manteau de cérémonie pourpre doublé de fourrure d’hermine
- Mon fils aimé , Ma Majesté va te poser une question à laquelle tu devras répondre avec franchise. Dit-il en se raclant la gorge.
- Je répondrai avec franchise à la royale question de mon père le roi. Répond le prince en s’inclinant.
- Dis-moi, aimes-tu les femmes ?
- J’aime tout et je baise tout, père. Les femmes, les hommes, les moines, les nonnes, les moutons, les chevaux, les dindons, les taureaux, les ânes, les chèvres, les…
- Bon, bon, bon, arrêtons là l’inventaire. Donc, si je comprends bien, tu sautes sur tout ce qui bouge et qui se déplace sur deux ou quatre pattes ? L’interrompt le roi, très impressionné.
- Affirmatif, père. J’ai ainsi baisé toute la population et tout le bétail de votre royaume. Je m’abstiens toutefois d’enculer les vieillards et les vieilles bêtes car ils ne supporteraient pas le choc.
- Tu es décidément un bon fils, prince Bozob. En faisant preuve d’autant de tempérance tu me prouves que tu seras plus tard un grand roi. Gazouille le roi, la larme à l’œil.
- Mais au fait, pourquoi Votre Majesté me pose-t’elle cette question ? S’enquiert le beau Prince Charmant.
- Oh mon fils, il me faut aujourd’hui te conter une bien triste histoire et te faire connaître l’objet de mon tourment. Es-tu prêt à m’entendre ?
- Bien sûr Papa Royal, je vous écoute de toutes mes oreilles. Répond Bozob en s’asseyant en tailleur aux pieds du monarque.
Le roi pousse un grand soupir en passant une main nonchalante dans l’épaisse chevelure bouclée de son fils et ses yeux s’emplissent de nostalgie quand il commence sa narration :
- « J’étais alors un jeune roi encore insouciant et je me promenais seul dans nos montagnes. C’était l’été et il faisait chaud. Dans une prairie parsemée de fleurs paissait un troupeau de moutons blancs. Debout sur la berge d’un petit torrent cristallin, un jeune berger se séchait au soleil. Il était nu et venait de se baigner. Sur sa peau dorée les gouttes d’eau étaient comme des petits diamants. Jamais je n’avais vu si bel éphèbe. Je m’étonnais fort de ma gigantesque érection car jusqu’alors je n’avais jamais été attiré par un homme…
- Il faut dire que le galbe de ses longues jambes et le modelé de son torse athlétique évoquaient les plus belles statues de la Grèce antique. À la vue de la couronne d’or qui ceignait mon front, il comprit que j’étais le roi et mit un genou à terre.