Le lac Aryth est un lac pratiquement rond d'environ 30 km de diamètre qui est situé au Sud-ouest de cette terre appelée Taradur dans le langage des Hommes.
Le long de la route du Nord menant à Alania on pouvait voir un nuage de poussière se déplacer. Un magnifique cheval noir monté était lancé au galop en direction du village. Lorsqu'il arriva à l'entrée, le cheval s'arrêta. Un paysage de désolation s'offrait à la vue du cavalier. Tout était noir, une épaisse fumée sombre s'élevait encore par endroit. Après avoir contemplé ce carnage pendant quelques secondes, le cavalier partit au trot pour rejoindre la route qu'il avait quitté quelques mètres plus loin. Mais après avoir parcouru quelques mètres, comme il lui sembla entendre quelque chose, il arrêta son destrier et retourna vers l'entrée du village. Il descendit de cheval, lui souffla quelques mots, et se dirigea seul vers l'intérieur du village.
C'était une vision de chao, plus rien ne tenait debout, tout était calciné, des cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants gisaient partout brûlés ou ayant d'énormes entailles. Ça avait été un véritable massacre. Le village devait compter environ 300 habitants, et il semblait qu'aucun n'aient survécu. Le cavalier posa un genou à terre et examina l'un des cadavres. Puis il entendit un faible bruit ressemblant à des sanglots venir d'un peu plus loin. Il se releva et se dirigea vers la source de ce bruit. Au détour d'une ruine qui semblait autrefois être une grande bâtisse, il arriva à l'entrée d'une une petite place. En son centre se trouvait une petite fille aux longs cheveux châtains, agenouillée, en train de pleurer. Sans se poser de question le cavalier se dirigea vers elle. Lorsqu'il ne fut plus qu'à deux mètres de la fille, celle-ci se leva et se retourna en tenant fermement une épée avec ses deux mains. On pouvait lire une certaine terreur dans ses yeux bruns encore remplis de larmes.
Ses vêtements ressemblait plus a des haillons qu'autre chose, mais on pouvait deviner qu'il devait s'agir d'une robe simple lui arrivant aux genoux. Elle portait également de vieilles sandales composées simplement de quelques lanières de cuire. La couleur claire de sa peau contrastait avec le noir fumant des habitations tout autour et du ciel déjà relativement sombre.
-« Ne craint rien, je ne veux pas te faire de mal... Comment t'appelles-tu ? » dit une voix douce un peu métallique dû au casque que portait le cavalier.
La petite fille regarda attentivement le cavalier. Il portait une armure de mailles noires le long du torse, ainsi que des pièces de plate en or sur les bras et les jambes. Comme pour faire ressortir l'éclat de cette armure, il était équipé d'un pantalon et d'une chemise en cuir noir.
Le casque, également en or, ne laissant voir que les yeux, possédait deux petites ailes de dragons sur les cotés. Quant aux bottes, elles étaient composées du même cuir noir que les vêtements et étaient serties de plaques en or par endroit, protégeant le pied, tout en ne réduisant pas sa mobilité.
Sur son coté gauche était accroché un magnifique fourreau de cuir, dans lequel se trouvait une épée dont le pommeau était une tête de dragon et la garde, les ailes.
-« Ar...Aryne... » fini par articuler la petite fille abaissant son épée.
-« Ne craint rien Aryne, maintenant tu es en sécurité. » dit le cavalier en enlevant calmement son casque. Il révéla ainsi de magnifiques cheveux bruns lui arrivant jusqu'aux seins, qui ressortaient légèrement sous l'armure.
Elle eut à peine le temps d'accrocher son casque à sa ceinture qu'Aryne se précipita dans ses bras en pleurant.
Ne sachant quoi dire, elle serra la jeune fille contre son corps.
Elles restèrent ainsi plusieurs minutes jusqu'à ce qu'Aryne ait fini de pleurer, alors elle se retira gentiment, et regarda la cavalière.
Tout en sanglotant elle dit.
-« Comment tu... tu t'appelles ? »
-« Jaina » lui dit-elle en souriant.
-« Jaina ? Qu'est ce...que je... vais faire maintenant ? »
-« Dit moi Aryne, quel age as-tu ? »
-« huit ans. »
-« huit ans... aucun enfant ne devrait avoir à vivre ça ! »
-« Hé bien, c'est une bien jolie épée que tu as là ? »
Aryne se retourna et regarda l'épée posée deux mètres en arrière.
-« Elle était... à mon... père je... je crois...» une larme coulant le long de son visage.
Jaina se dirigea gentiment vers l'épée et la ramassa.
-« Ton père s'est battu avec, et elle possède une grande force en elle. Je crois qu'elle te revient maintenant. » lui dit-elle en lui tendant le manche de l'épée.
-« Si tu le veux, tu peux venir avec moi. » ajouta Jaina.
-« C'est vrai ? »
-« Oui, je ne vais pas te laisser toute seule ici, et en plus tu as déjà vu plus d'horreur qu'une fille de ton âge devrait voir... »
-« Et...où est ce qu'on va ? »
-« A Dawynarith... » lui répondit-elle avec un grand sourire.
-« La... la cité du lac ? » dit-elle en tournant naturellement la tête en direction de l'ouest.
-« La cité de l'Aube, oui... L'Empereur doit être averti de ce qui s'est passé... Même si je ne suis pas la bien venue...Allez en avant, il est déjà tard et tu as besoin de te reposer, la journée a été mouvementée... trop mouvementée pour une si jeune fille... »
Aryne se retourna en direction du corps de son père.
-« Voudrais-tu qu'on l'enterre ? » dit Jaina d'une voix douce et pleine de compassion.
-« Non... je ne crois pas »
Sur ce après avoir jeté un dernier regard autour d'elle, elle se mit en marche aux cotés de Jaina.
