Douleur.

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Je respire, oui.

Seulement, je respire une douleur, illisible aux yeux de tous. Une douleur que l'on ne peut abréger par d'agrestes et candides paroles. Elle m'envahit à chaque instant, sans cesse, ne me laissant point le moindre temps de souffle sans que je ne puisse l'éprouver. Elle est çà et là, de l'est à l'ouest, sous le bout de mon nez et à l'autre bout du monde. Je me noie en elle, je me fais prisonnière d'elle, je suis dépendante d'elle. Elle vit en moi, me hante, se nourrit de ma force. Elle a faim de mes émotions, de mes sentiments, de mon malheur et de mon bonheur, toujours et tout le temps. Elle ne cohabite pas, elle domine, elle contrôle, elle est seule souveraine de mon coeur enflammé, mon esprit enragé et mon âme envoûtée. Elle me conduit vers une limite que je craint de dépasser, cette limite entre vésanie et raison.
Cette douleur, et pourtant si belle, si douce, si amoureuse et si frêle malgré elle, est un jour née en moi. Elle est née d'amour et de passion, d'adulation et d'exaltation.

Elle est née de toi.

Toi qui par ton art circéen et subtil, m'a perdu. Toi qui fomente si bien mon coeur perdu en cette dystopie infâme. Toi qui de ta nitescence langoureuse, me fais tourner la tête et irradie ma thébaïde obombrée d'inquiétudes et fade de douceurs de la vie. Toi qui me donne de quoi nourrir ma douleur. Toi qui de ton être alliciant, me tends vers une mer houleuse et démontée.
Je veux de tout mon être, ébranler cette mer et ses dangers, être ivre de son sel. Je deviens fiévreuse de ton harmonie, et de ton esthétique mielleuse et vénusienne. Quelle infortune, lorsque mes iris veulent te goûter, je te dévore de tout part, imaginant tes saveurs sucrées et chaleureuses, colorées des plus belles nuances de l'euphorie, que mon esprit en devient perclus. Je ne sais plus, je ne pense plus, je ne suis plus.

Accueillis moi avec aménité, que j'embrasse ton corps du miens, chaleureux et embrasé de nos retrouvailles.

Je ne veux plus rien que toi.

Toi, tu es vulnéraire de cette douleur clauquemurant mon Moi.

Je ne veux plus rien que toi.

Atténue cette douleur qui m'oppresse, assouvis sa faim, rien qu'en me faisant sentir ta chaleur, ton esquisse senteur de fée qui chatouille mon coeur lorsque je me tiens près de toi. Tu es abstrus et j'ai soif de ton inconnu. Tu es impavide et je te crains. Permets moi de me musser dans tes bras, ait pitié de mes yeux de Chimène qui ne sont point aveugles de toi mais du monde. Je ne vois plus, je ne reconnais plus, que toi. Ma peau est d'érubescence que si elle te vois et t'admire. Les Perséides traversent tes prunelles et je fais collier de misères, je les contemple et ne sais pas rompre ce fait.

Par mes mots prolixes, ne me blâme pas. Je m'étale devant toi et t'exhibe ma douleur que je ne peux contenir un jour, une nuit, un instant de plus.
J'ai besoin de tes promesses, j'ai envie de tes baisers, j'appréhende tes peines, je suis avide de tes jolis mots, je ne veux plus connaitre cette distance meurtrière entre nos deux univers.
Épargne moi cette douleur qui hurle en moi, je ne te veux que près de moi, enlace moi, étouffe moi, je veux suffoquer de ton amour, aime moi plus que tout, deviens audacieuse, sois jalouse de ma rage et mon adoration fanatique, j'ai appétit de ton âme et de ton coeur, comble moi de ton être.

Vis et meurs en moi, et cette douleur, qu'elle s'échappe de là.

Recueil de Poèmes PersonnelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant