Chapitre 14

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« Je comprends pas pourquoi elle a fait ça. »

Les jambes ballantes, Lolita est assise sur le ponton, aux côtés de Charlie. Elle lui a raconté toutes les péripéties de la veille.

La jeune femme n'en revient toujours pas du piège tendu par Sara. Son désarroi en est d'autant plus grand qu'elle se remémore avec quelle gentillesse ils ont été logés à la Ferme. Au début, elle s'était dit qu'il n'y avait rien d'intentionnel, qu'il s'agissait seulement d'une erreur de la belle brune, mais elle s'était souvenue de ses dernières mises en garde.

Si l'un d'entre eux avait consommé une baie rouge, les conséquences auraient pu être dramatiques ; après quelques minutes sans comprendre ce qu'il lui arrivait, les poumons du goéland ont eux aussi été touchés par la paralysie, entraînant la mort de l'oiseau. Tout de suite après, Travis avait balancé de rage les légumes et le lait sur le sable, rendant les aliments immangeables. Mais, de toute façon, ceux-ci étaient contaminés par le poison contenu dans les baies.

« On découvrira peut-être bientôt pourquoi elle a fait ça. » dit Charlie, une fois le récit de sa camarade fini. « Tu as vu, j'ai commencé à rafistoler le radeau. » fait savoir le garçon, sur un ton plus léger.

Lolita tourne la tête et découvre, qu'effectivement, l'embarcation a subi quelques travaux. Le mât a été solidifié à l'aide de branche de pin, et la voile, enlevée pour, sans aucun doute, être recousue. Elle se souvient d'avoir proposé l'idée aux deux garçons, il y a quelques jours. Mais, celle-ci n'avait pas franchement emballé Travis.

Les deux coéquipiers restent là, au bord de l'eau, chacun occupé à ressasser ses pensées, jusqu'au crépuscule. La pénombre s'installe progressivement, et les cris des mouettes sont très vite remplacés par les hululements des chouettes.

Quelques heures plus tard, les voilà tous réunis devant le feu de camp, en train de finir les dernières miettes de poisson. Pendant leur repas, il a été décidé qu'ils effectueront des roulements de veille, par précaution après le coup que leur avait fait Sara. Travis et Lola se sont portés volontaires pour le premier quart, tandis que les trois autres joueurs retournent dans la cabane.

« Tu sais, depuis tout à l'heure, ce qu'a fait Sara, ça me travaille un peu. » commence le garçon, lorsqu'ils sont seuls. « Mais, je comprends un peu, dans un sens, pourquoi elle a fait ça. Les règles du jeu sont simples : si on survit, on gagne. Cindy nous l'a bien rappelé, quand Mary est morte. »

Lolita encaisse ses paroles. Maintenant qu'elle se rappelle, leur « Hôtesse » n'avait pas utilisé le mot « morte » pour désigner la défunte, mais bien « perdante ». Et si ...

« J'imagine que, et ça, Sara l'a sans doute compris, il faut s'arranger à ce qu'à la fin, il ne reste qu'une seule équipe. » continue le grand brun. « Et pour ça, pour que le Jeu s'arrête, il faut être prêt à tuer pour éliminer ses adversaires. »

Le sang de Lola se glace. Est-elle prête à tuer, même si c'est pour s'assurer une victoire qui lui permettra de vivre ?

Pendant un certain moment, leur discussion continue, jusqu'à ce que Charlie sorte de la maison et se rapproche d'eux.

« Si l'un de vous veut aller pioncer, c'est maintenant. » annonce-t-il. « Lola, vas-y. Moi, j'arrive pas à m'endormir, de toute façon. »

Le garçon insiste encore quelques instants, et malgré ses réticences, la jeune fille finit par céder, consciente qu'elle sera bientôt épuisée.

« Essayez de pas vous entretuer. » chuchote-elle à l'oreille de son ami, le faisant, semble-t-il, sourire.

Sans faire de bruit, Lolita s'engouffre dans la petite habitation. Sur le sol, elle parvient à distinguer les silhouettes emmitouflées dans des couvertures de Mathieu et d'Ophelia. Elle s'installe à son tour dans le lit de camp, dénoue ses longs cheveux, et plonge promptement dans un sommeil profond.

***

Clap – Clap

Lolita ouvre rapidement les yeux, alertée par cet étrange bruit. Les corps silencieux de Travis et de Mathieu sont à quelques pas d'elle, qui n'ont, eux, pas bronché. La jeune femme ne sait pas vraiment combien de temps elle a dormi, mais a priori assez pour qu'Ophelia ait pris la place du grand brun.

Clap – Clap

Encore un peu dans le vague, elle se redresse néanmoins très vite, lorsqu'elle entend à nouveau quelque chose taper contre la vitre donnant sur la rivière. Elle tourne la tête, pour essayer de comprendre de quoi il s'agit. A l'extérieur, la lune argentée éclaire le sable, lui donnant un aspect presque brillant ; elle ne voit rien d'anormal au paysage.

Et puis, d'un coup, un mouvement la fait relever la tête : elle jurerait avoir vu passer une ombre par la fenêtre ! Un potentiel danger ?

Lola se met debout, bien décidée à découvrir de quoi il s'agit. Elle enveloppe son corps dans sa couverture et se saisit de sa canne, pour rejoindre la porte. Dehors, le feu n'est plus que braises. Charlie et Ophelia sont tous les deux assoupis.

« Tu parles d'une garde. » ronchonne-t-elle entre ses dents.

Elle contourne en silence la cabane, en veillant à ne pas réveiller ses camarades. Un léger vent marin a refroidi l'atmosphère ; Lolita est presque heureuse d'avoir pensé à prendre de quoi se protéger de cette fraîcheur.

Plus elle s'approche de la rivière, de là où elle a cru apercevoir un mouvement, plus elle se dit que ce n'est peut-être pas une bonne idée d'aller explorer les environs la nuit, qui plus est seule. S'il s'agissait d'un animal ou d'un humain, il pourrait lui arriver quelque chose, non ? Enfin, quoique, armée de sa canne, elle dispose peut-être d'un avantage.

La jeune fille émet tout à coup une hypothèse : et si c'était Sara, ou un autre joueur de son équipe, qui venait vérifier que son piège a fonctionné ? Cette simple allusion au drame qu'ils ont évité de peu lui donne le vertige.

En face du ruisseau, elle ne voit rien. Pas la moindre présence. Personne. Même pas un animal.

Puis, alors qu'elle s'apprête à faire demi-tour, son regard reste fixé au sol, attiré par une irrégularité dans le sable. Oui, une empreinte, fraîche, d'une chaussure. Pieds féminins, à en juger la taille.

Elle en a le cœur net, maintenant. Sara est venue ici. A-t-elle compris son échec ? Est-elle partie chercher ses coéquipiers pour finir ce qu'elle avait en tête d'accomplir ?

Soudain, Lola est alertée par un craquement. Sa tête tourne vivement en direction de la forêt. Elle s'avance, pénètre dans la flore. Bien décidée à suivre Sara, elle a à l'esprit de déjouer son potentiel plan avant sa mise à exécution.

Des pas précipités. A quelques mètres devant elle. Il fait sombre, sous ces arbres. Elle marche aussi vite que lui permettent sa jambe et son aveuglement, mais ce n'est pas suffisant pour suivre la fugitive.

D'un seul coup, un grand fracas. Et puis plus rien.

Que s'est-il passé ? Pourquoi Sara a-t-elle arrêté sa course ?

Lolita joue des épaules entre les étroits passages que forment les pins. Bientôt, elle distingue une tâche sombre. Une silhouette humanoïde se dessine devant elle. De dos, elle semble par terre.

Sara est-elle tombée ?

Lola s'accroupit discrètement pour se saisir d'un silex pointu. Elle se rapproche doucement, tout doucement.


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Bonjour !

Désolée pour mon retard, voilà le 14e chapitre, j'espère qu'il vous plaira ! Comme d'hab, hésitez pas à cocher la petite étoile, et surtout faites moi part de votre ressenti !! Et, si vous pouviez m'aider à faire connaître cette histoire, je vous en serais grandement reconnaissante !!

Je m'excuse aussi pour les potentielles fautes/répétitions, je me suis pas trop relue, et il est tard (23h) quand je poste ce chapitre :)

Sinon, comme je l'ai répété, avec la rentrée qui approche, j'aurais bcp moins de temps ! J'ai déjà commencé le prochain chapitre mais je ne sais pas quand il sera publié ! 

En parlant de reprise des cours (les choses qui fâchent ahaha), quand est votre rentrée ? :) 

A bientôt !

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