Chapitre 7

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Elle chute. Lolita tombe. Dans l'incompréhension la plus totale, en quelques instants la voilà par terre. Elle entend la pierre rebondir près d'elle. Au contact avec le sol, une douleur lui traverse la hanche, qui a violemment heurté la roche. Pour encaisser le choc, la jeune femme a fermé ses paupières. Elle ne les a pas rouvertes, pétrifiée. Elle sent un poids sur elle, qui se soulève presque instantanément après la chute.

Quelqu'un lui tire le bras pour la relever, et là, elle ouvre les yeux. Deux prunelles vertes, inconnues, sont plongées dans les siennes. Devant elle se tient un garçon aux cheveux bruns. "Il ne faut pas rester ici" lui lance-t-il. Mais Lola ne l'écoute qu'à demi-mots, trop préoccupée à observer ce qui se passe derrière lui. 

"Attention !" parvient-elle à articuler.

Le jeune homme a juste le temps de se retourner et de s'accroupir pour esquiver le poing de Travis. En réponse, il envoie un coup de pied dans l'entrejambe de celui-ci, qui se plie de douleur. Profitant de cet instant de diversion, l'inconnu s'empare fermement du bras de Lola et l'entraîne avec lui, dans une course effrénée, afin d'échapper aux deux assaillants.

Lolita court, aussi vite qu'elle peut, aussi vite que la douleur le lui permet. De temps à autre, elle lance des coups d'œil derrière elle, pour évaluer la distance les séparant de Travis et Ophelia. Le garçon est au sol, essayant de calmer sa souffrance passagère, mais aucune trace de la petite brunette.

La jeune femme ne comprend pas pourquoi ses camarades l'ont attaquée. Elle se souvient de leur attitude presque animale, semblable à celle d'êtres possédés par une férocité sans merci. Un sentiment de trahison l'envahit, comblant le vide laissé par l'incompréhension. Charlie a eu raison de se méfier d'eux, peut-être.

Bientôt, ses émotions se bousculent à l'intérieur de sa tête. Colère, regret, peur. Elle ne sait plus où aller. Pourquoi suit-elle cet inconnu, qui l'a sans doute sauvée d'une mort imminente ? Elle ne connaît pas la réponse. Peut-être est-ce par instinct, simplement ? 

Soudain, le garçon qui l'accompagne s'arrête, net, près d'une maison. Il observe les alentours, aux aguets, prêt à relancer sa course en cas de besoin. Lola profite de ces quelques secondes de répit pour reprendre son souffle. Elle ne prononce aucun mot, ne sachant quoi dire à ce garçon.

Le jeune homme fait le tour de la demeure, mais cette fois-ci, à une allure beaucoup plus modérée. Lola pose une main sur sa hanche, espérant diminuer la douleur causée par les mouvements. Son compagnon de fuite atteint la porte, qu'il ouvre en laissant passer la jeune fille, avant de pénétrer à son tour dans l'habitation.

Un peu comme la cabane de la plage, l'unique pièce est très peu meublée ; une table, une petite cuisine et une cheminée, devant laquelle trône un fauteuil. L'inconnu ferme les rideaux, ou du moins les lambeaux qui en font office. Lola le regarde.

"Merci ... Pour, tu sais, la pierre ..." s'entend-elle marmonner.

Son interlocuteur se contente de hocher la tête, sans même lui accorder un coup d'œil. La jeune femme s'assoie sur le fauteuil, en soupirant, résolue à l'idée qu'il ne lui dirait rien. Qui est-il ? Tout ce qu'elle a de lui, c'est ce qu'elle voit : grand, athlétique, brun, yeux verts. Voilà ce qui le caractérise. Voilà comment Lola peut le décrire.

"Tu peux te lever, s'te plaît ?"

Lolita tourne la tête. Elle ne comprend pas pourquoi faudrait-il qu'elle se bouge.

"Eh oh, j'te cause !" insiste le garçon.

Elle soutient son regard, les bras croisés sur sa poitrine, bien décidée à jouer elle-aussi à son petit jeu.

"Ton nom." déclare-t-elle, provocatrice. "Et après je me bougerai."

Le jeune homme lève les yeux au ciel, visiblement exacerbé par ses enfantillages. "Allez ! On a pas que ça à faire, j'te rappelle que dehors, ya des fous furieux qui veulent nous tuer !" grogne-t-il, en tendant le bras vers la porte pour appuyer ses paroles.

Lola reste assise. Elle ne veut pas céder aux ordres patriarcaux de cet inconnu.

"Okay, okay, petite gamine. T'as gagné. Alex." souffle-t-il.

Lola sourit, contente d'elle, et se lève. Alex pousse le canapé rustique, et soulève le tapis coincé en-dessous, dévoilant une trappe. Il l'ouvre. Des escaliers. Une cave. Les yeux de Lola se posent sur l'obscurité qu'elle renferme.

"Descends. Ils seront là d'une minute à l'autre." ordonne Alex, sur un ton autoritaire.

Lola s'exécute. Elle emprunte l'escalier la première, et arrivée au milieu des marches, elle se retourne, pensant que le garçon la suivait. Mais non ! Au lieu de ça, il referme la trappe à l'instant où elle s'engouffre totalement dans le cellier. Elle est maintenant plongée dans l'obscurité la plus totale.

La jeune fille se maudit d'avoir accordé aussi facilement sa confiance à ce "Alex". Elle se met à se dire qu'elle n'aurait pas dû le provoquer autant. Oui, c'est ça, c'est sa susceptibilité qui a contraint le garçon à se venger en l'enfermant là ! Ou alors ... Lolita réfléchit ; et si c'est ça , la première épreuve du Jeu ? Peut-être qu'il cherche lui aussi à la tuer, après tout ... Elle est sans aucun doute prise au piège dans une chasse à l'homme improvisée, dont elle est la proie. Où elle et les autres sont les pions d'un jeu méticuleusement imaginé.

Tap - Tap - Tap

Lola sort de ses pensées. Elle redresse la tête. Des pas. Quelqu'un est là-haut. Des pas légers. Quelqu'un de petit est au-dessus d'elle. Et là, Lolita devine : c'est Ophelia, c'est Ophelia qui la cherche. Elle en a la certitude.

La jeune fille retient sa respiration. Elle essaye de ne pas faire le moindre bruit. Chose qui s'avère être périlleuse ; elle se tient, debout, sur un vieil escalier, en bois, qui craquera au premier mouvement qu'elle fera.

"Va-t'en, par pitié, va-t'en." supplie-t-elle dans sa tête.

Tap - Tap - Tap

Ce lent et ponctuel rythme lui est insupportable. Lola sait qu'elle ne pourra pas tenir plus longtemps dans cette même position, inconfortable.

Tap - Tap - Tap

Puis, bientôt, après de longs instants, sûrement les plus pénibles qu'elle n'ait jamais connus, Lola entend les pas s'éloigner peu-à-peu. Le son se fait plus diffus, jusqu'à être inaudible. Enfin, le bruit de la porte qui claque libère la jeune femme de son supplice. Elle finit de descendre les marches, prenant garde à ne pas tomber. En évitant de trop se déplacer pour ne pas tomber, elle s'assoit sur la dalle froide de la cave.

Au-dessus d'elle, il y a une petite fente à travers le plancher. Celle-ci laisse entrer un très faible faisceau lumineux, aidant les pupilles de Lola à s'accommoder plus vite à l'obscurité. Elle parvient presque à distinguer certaines formes géométriques, du mobilier sans doute.

 La porte se met à grincer de nouveau. Cette fois-ci, Lolita distingue deux pairs de pas ; des pas lourds, devant, des pas plus légers, derrière. Et si Ophelia était allée chercher Travis ? Avait-elle pu deviner sa présence, même si Lola avait été plus silencieuse que la pierre ?


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Bonjour !

Et voilà, le 7e chapitre  ! J'espère qu'il vous plaira !

La conclusion (les 2 derniers §) n'est pas trop à mon goût, mais je me voyais mal le couper autrement (j'avais prévu de faire plus long, mais tant pis, mes autres idées vous seront dévoilées au 8e chapitre, qui devrait arrivé dans le weekend du coup !)

Encore un nouveau personnage aha ! Je vous avertis tout de suite, vous risquez de faire la connaissance des autres (pas tous bien-sûrs !) dans les 2 chapitres suivants !

Merci pour votre lecture, et n'hésitez à pas à me faire des retours, ça me motive, et je rappelle que je suis ouverte à tte critique !

Bonne soirée ! 

Zazou.

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