La demoiselle d'honneur

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Enfin ! Mon petit frère s'est marié aujourd'hui. Vous me direz « Cela n'a rien d'extraordinaire. », mais sachez qu'il n'a jamais gardé une fille plus de six mois. Celle-ci a battu tous les records en se retrouvant un anneau au doigt, en l'espace de sept mois et demi.

Il nous a raconté être littéralement tombé sous le charme de cette fabuleuse jeune femme. Ce sont ses mots, pas les miens.

Durant la cérémonie, mon regard a été irrémédiablement attiré par la demoiselle d'honneur de celle que je peux maintenant appeler, ma belle-sœur.

Dieu qu'elle a éclipsé la mariée ! Sa robe longue, d'un rouge vif et très ajustée, révélait un corps élancé parfait. D'où je me trouvais, on pouvait en apprécier les courbes par l'interminable fente qui remontait jusqu'à sa hanche. Son décolleté plongeant attirait le regard beaucoup plus profondément que je ne l'aurais cru possible. Sa chevelure auburn, dont les mèches retombaient savamment de chaque côté de son visage angélique, avait ravi mes yeux en un instant.

Comme je le disais, je connaissais à peine ma belle-sœur. Donc, sa remarquable demoiselle d'honneur, qui était en réalité sa sœur, encore bien moins. Lorsque nous sommes arrivés à la fête, j'ai tout tenté pour parvenir à attirer son attention. D'ordinaire, je ne bois pas plus que nécessaire, mais je l'ai vue qui se morfondait dans un coin reculé, attendant probablement le prince charmant.

Mon charme n'a jamais été quelque chose qui me privait d'avoir un nombre généreux de conquêtes. Le seul hic... Vous le savez-bien ! Ce n'est pas facile d'aborder une beauté comme elle sans se dire qu'on n'a aucune chance. Elle devait avoir le monde à ses pieds en permanence. C'était même très surprenant de la voir sans partenaire à son bras.

Bref, qu'avais-je à perdre, si ce n'est ma dignité face à une rebuffade presque probable ? Les riches n'ont pas obtenu leur argent en comptant les pommes. Ils ont travaillé pour y parvenir.

C'est avec une certaine détermination que je l'ai rejointe avec un verre dans chaque main. Elle semblait préoccupée et je dus parler pour qu'elle daigne enfin me regarder dans les yeux. 

Caliente !

Ses yeux émeraude m'observèrent sans comprendre, jusqu'à ce que je lui présente la jolie boisson arborant un minuscule parasol. Elle la prit avec gratitude, goûta du bout des lèvres et me sourit ensuite spontanément. Elle se rapprocha de moi et frôla mon épaule. J'allais probablement m'évanouir, mais la sensation était trop agréable pour ne pas la laisser me torturer aussi habilement jusqu'à ce que mort s'en suive.

— C'est mon premier mariage, débuta avec candeur la belle rousse qui continuait à m'hypnotiser par ses gestes raffinés. J'aurais dû penser que la danse serait de mise et mes escarpins sont beaucoup trop hauts pour cela.

Parfait !

J'avais le sujet idéal pour continuer la conversation. Je lui proposai une balade à l'extérieur où nous marcherions pieds nus. Les jardins étaient d'une beauté époustouflante en cette période estivale et la tenue soignée des sentiers n'entravait aucunement nos pas silencieux sur la terre cuite.

D'un air joyeux, elle s'exclama en voyant le coucher du soleil se refléter sur l'énorme piscine qui fusionnait à la perfection avec l'océan en trame de fond.

Je la persuadai de se détendre les pieds en s'asseyant au bord du grand bassin d'eau. Ce fut avec beaucoup de reconnaissance qu'elle accepta mon offre, me tirant tout près d'elle afin que je profite tout autant de l'eau fraîche. Nos jambes n'étaient qu'à quelques millimètres l'une de l'autre et je n'eus qu'à faire un tout petit mouvement pour toucher à sa peau soyeuse. Tranquillement, elle en fit autant, contemplant nos membres accomplir un ballet sous la surface.

Elle avait placé ses mains de chaque côté de son corps, comme si elle s'apprêtait à sauter à l'eau, mais au lieu de cela, elle tourna son visage vers moi tout en appuyant son menton sur sa propre épaule. Les derniers reflets du soleil miroitaient dans sa jolie chevelure chatoyante.

Une déesse se tenait à mes côtés. Cela ne pouvait être autre chose. Sa peau laiteuse ressemblait à s'y méprendre au fin matériau qui constituait les statues de l'antiquité grecque.

« Superbe ! » fut le seul mot encore sensé qui sortit de ma gorge. Celle-ci se consumait d'envie de l'embrasser. La jeune femme émit un ravissant rire, me donnant des idées encore plus irrésistibles de prendre possession de ses lèvres pulpeuses. Ces dernières étaient embellies par un magnifique baume à la pigmentation naturelle. J'en perdais le souffle, tellement cette vision était parfaite.

Nos mains finirent par se rejoindre avec délice ; mon pouce glissant délicatement sur ses doigts gracieux. Est-ce que nos visages s'étaient rapprochés ? Il me sembla que oui, mais cela ne devait pas venir de moi. J'avais ce sentiment qu'une aussi charmante jeune femme ne pouvait pas s'intéresser à ma personne. Cela relevait de l'irréel. Pourtant, la seconde d'ensuite, elle s'était encore rapprochée jusqu'à ne plus être qu'à quelques centimètres de mon visage. Était-elle réellement comme moi ?

Cette question reçut sa réponse alors que nos bouches se touchèrent avec légèreté pour poursuivre une danse sensuelle. Sentant l'audace envahir mon corps, je la pris par la nuque pour écraser nos lèvres, mais surtout, dans l'intention d'enfin toucher à ses petites mèches frivoles qui s'échappaient de son chignon, à la base de son cou.

Notre baiser était inattendu. Jamais je n'aurais pu penser qu'un geste aussi agréable pourrait m'atteindre à ce point. Je venais à ce mariage sans intention aucune, mais terminait cette soirée dans les bras d'une femme des plus magnifiques. Était-ce cela le coup de foudre ? Zeus était passé, percutant nos corps de son éclair foudroyant.

— Clara !

Mon frère venait de me trouver, estomaqué de voir sa sœur en train d'embrasser une autre femme. Rigolant avec celle dont je ne connaissais toujours pas le nom, je répliquai sans attendre.

— Tu as raison frérot, les femmes de cette famille nous font tomber sous leur charme en un instant...

Sous le charmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant