Fractures [VminKook]

54. Les fractures

"Tu es tellement mignon que tu es à croquer. Comme un mochi. Maman est tellement triste tu sais."

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Mme Park était de plus en plus souvent triste. Il avait malheureusement fallu qu'elle ait un enfant pour qu'elle se rende compte qu'elle n'en voulait pas. Ce qu'elle voulait, c'était retrouver sa liberté. Ce qu'elle voulait, c'était ne pas être responsable d'un autre être humain.

Monsieur Park travaillait beaucoup. Il était en déplacement toute la semaine et ne revenait que le week-end. C'était bien là les seuls moments où Mme Park arrivait alors à se comporter un peu comme une mère pour leur fils, la présence et le soutien de son époux la soulageant grandement.

Ce Mardi là, Madame Park avait encore trop bu. Ce Mardi là, c'était le jour d'anniversaire de son fils. Park Jimin avait deux ans. Le matin, Monsieur Park avait appelé en vidéo pour lui souhaiter un bon anniversaire. L'heure d'après, Madame Park avait déjà bu plusieurs verres d'alcool. Et le soir, elle avait oublié que les heures avaient défilé et qu'elle n'avait pas fait à manger à son jeune fils de toute la journée.

"Maman... Jimin faim." dit doucement Jimin.

Madame Park tourna ses yeux de la télé vers son fils au sol. Il avait joué avec son doudou toute la journée et non loin du canapé et donc de sa mère. Il s'était endormi à même le sol plusieurs fois, Madame Park étant trop occupée à pleurer et à perdre ponctuellement connaissance pour se rappeler qu'il devait faire la sieste dans son lit.

"Tu es tellement mignon que tu es à croquer. Comme un mochi. Maman est tellement triste tu sais."

Jimin regardait sa mère sans vraiment comprendre. Il mit son doigt sur son oeil.

"Oui Maman pleure. Triste. Regarde moi, je ne ressemble plus à rien. Mais toi tu es beau comme tout. Un petit Mochi. C'est toi qui m'a volé ma beauté tu sais."

Jimin prit son doudou contre lui et le serra en sentant son odeur.

"Papa est où ?" demanda le petit garçon.

"Toujours en voyage ! Il a la belle vie lui ! Il n'a pas à s'occuper de toi ! Ne me regarde pas comme ça ! Tu m'énerves, oust !"

Jimin croyais que ce mot, oust, que sa mère répétait souvent, faisait parti d'un jeu. Il allait alors se cacher, souvent dans la cuisine. Il s'accroupissait sous la table et attendait avec impatience et en souriant que sa mère vienne le chercher. Mais comme elle ne venait jamais, il revenait au bout de quelques secondes qui lui avait paru une éternité. Et comme très souvent, il finissait par pleurer, ne comprenant pas pourquoi sa mère lui lançait son chausson dessus.

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"JE NE VEUX PLUS TE VOIR ! JE N'AI JAMAIS VOULU ÊTRE MÈRE MOI !"

"Maman pas chausson !" pleura Jimin en cachant ses yeux.

Et alors que sa mère lui criait dessus en le menaçant de l'autre chausson qu'elle n'avait pas encore lancé, quelque chose se brisa en lui.

Il attrapa le chausson échoué près de lui et le lança à son tour sur sa mère. Il y eut un silence paralysant où Madame Park le regarda comme si elle ne le connaissait pas.

"Maman pas chausson."

"Tu es MECHANT ! Un mauvais enfant ! PAS BIEN ! Un MÉCHANT enfant ! " hurla Madame Park en lançant son deuxième chausson.

"Jimin pas mé... cha... pas cha... pas mé-chi... JIMIN PAS MÉ...CHIM ! PAS CHIM !!" cria à son tour Jimin en butant sur cet horrible mot.

"SI ! MÉCHANT !!! OUST !!"

Lorsque Jimin reçu de nouvelles choses sur la tête, il partit se cacher sous la table de la cuisine en pleurant et en serrant son doudou contre lui. Il entendit sa mère lui hurler à répétition à quel point il était méchant pendant plusieurs minutes entre tous les verres qu'elle buvait.

Alors, caché sous la table, il répéta ce qu'il avait entendu en parlant à son doudou.

"Doudou est méchim. Méchim doudou. Doudou est chim ! Chim Doudou !"

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Après plusieurs minutes, Jimin sorti de dessous la table et retourna dans le salon avec son doudou. Sa mère s'était endormie sur le canapé alors il grimpa dessus et se mit tout contre elle.

"Maman... Jimin pas chim."

Il s'endormit en un instant avec un sentiment de sécurité qu'il s'était créé. Jimin était petit, il ne savait pas quel était la différence entre le bien et le mal, être gentil ou méchant. Il ne pouvait pas le comprendre comme un adulte. Mais instinctivement, il savait qu'il n'aimait pas recevoir des choses que sa mère lui jetait dessus. Alors Jimin associa inconsciemment son mot de méchant avec quelque chose qu'il ne voulait pas être en commençant pourtant à se dire qu'il l'était.

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"Mon grand garçon ! Viens par là Jimin ! Papa t'a ramené un cadeau."

Monsieur Park ne savait pas ce qu'il se passait la semaine. Madame Park prenait grand soin à ce qu'il ne se rende pas compte de son état. Il avait bien remarqué qu'elle était parfois triste et il pensait que c'était car elle s'ennuyait. Il l'avait encouragé à chercher du travail. Mais étrangement, dans ces moments là, Madame Park disait qu'elle préférait s'occupait de leur fils.

Jimin n'avait pas souri depuis plus d'une heure. 

Quand son père était rentré, il avait avancé à tout petits pas vers lui, était tombé et son père l'avait ramassé en le câlinant comme la merveille qu'il était. Jimin n'avait pas pleuré de sa chute et avait demandé les bras de son père en permanence. Lorsque sa mère avait reproché à son père de répondre trop à ses demandes, Monsieur Park avait remis Jimin au sol et avait pris son épouse dans ses bras. Elle avait alors lancé un regard noir à son enfant et il avait arrêté de sourire.

"Pourquoi tu ne souris pas Jimin ? Tu boude mon petit ?" s'amusa tendrement son père.

Jimin ne répondit rien et regarda sa mère qui dit alors :

"Pourtant il est tellement mignon cet enfant. Tu es mignon quand tu ne boudes pas, on dirait un vrai mochi, tu ne trouves pas chéri ?"

"Ha ha c'est vrai ça, ses petites joues à croquer."

"Mochi pas chim."

"Comment ? Qu'est-ce-que tu essaies de dire Jimin ?"

"Mochi pas chim. Pas Jimin."

Madame Park lança un regard électrique à son fils dans le dos de son époux et s'empressa de répondre :

"Il baragouine pas mal en ce moment mon chéri. Il mélange des mots tu sais, ne fais pas attention."

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