1# THAT Women (titre provisoire)

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Les cloches résonnèrent du clocher de la ville, tandis qu'une pluie torrentielle s'abattait sur les pavés des ruelles. Personne ne sortait par ce temps d'Octobre, impossible de faire deux mètres sans finir trempé jusqu'aux os. Seuls quelques silhouettes habillées de noir parcouraient discrètement la grande rue. Tous restèrent muets.

Les retardataires gravirent les marches marbrées de l'église. Les deux hommes en costume s'arrêtèrent à l'entrée, effectuèrent le signe de la croire, balayèrent la salle du regard.

Les bancs étaient occupés par une grande foule, complètement de noire. Certaines personnes s'étaient déjà relevées, pour se rendre près du cercueil trônant dans le fond de l'église. Dans le premier rang se tenait un homme. Il avait dans la fin vingtaine, mais de profondes cernes creusaient son visage latino. Ces cheveux ondulés et ébènes étaient soigneusement retenus en arrière par une couche de gel. Ce costard noir qui taillait sa silhouette athlétique portait le blason de l'un des plus luxueux tailleur de la ville. Ces pieds, chaussés de chaussures de cuir laqué, tapaient nerveusement le sol de pierre polie. Les traits de son visage étaient tendus, il lançait des regards noirs à quiconque s'attardait trop longtemps à lui faire part de condoléance.

Les deux hommes s'approchèrent de lui. Ils avaient une démarche trainante, difficile. A plusieurs reprises ils manquèrent de s'étendre dans l'allée en trébuchant. Leurs teint pâle était semblable à celui du cadavre dans le cercueil. Lorsque l'endeuillé les aperçut il fronça les sourcilles. Ils posèrent tout les deux un genoux à terre, leurs mains sur celle-ci, et leur tête étaient baissés.

- Nous sommes désolé patron, murmura le premier, un homme dans la début trentaine qui pourtant avait déjà les débuts d'une calvitie

- Nous- nous avons échoué à notre mission, patron... finit le deuxième, bien plus vieux que le premier

- COMMENT CA !? QU- beugla le dénommé patron

- Calmez-vous, monsieur. Nous sommes en publique, tout le monde vous regarde. Il serait malheureux que ce fâcheux évènements arrive aux oreilles de vos rivaux d'une façon si fâcheuse... interrompu un homme qui s'était tenu à coté du jeune homme depuis le départ.

La fin de sa phrase avait été dite si basse, que seul le concerné avait pu la comprendre. Cet inconnu avait une silhouette élancée. Ces cheveux châtains mi-long étaient peignés soigneusement à l'arrière de son crâne. Une expression sévère était collée sur son visage à la peau immaculé.

Ces paroles calmèrent le jeune homme dans la seconde, mais sa rage ne s'était pas pour autant volatilisée. Il sortit son téléphone de sa poche, puis entra le mot de passe. L'écran affichait : « Retrait de 2000$ mardi 26/09/20XX à 10 : 12 à la Banque de X », « Retrait de 10000$ mardi 26/09/20XX à 10 : 33 à la Banque de V », « Retrait de 7000$ mardi 26/09/20XX à 10 : 58 à la Banque de Z », ... Il bouillonnait du plus profond de son être ; ses poings étaient serrés au point que ces jointures devenaient blanches ; une veine battait furieusement sur sa tempe.

Il arracha le bouquet, qu'avait tenu tout le long l'homme qui l'avait calmé, des mains. Il gravit les marches de l'autel jusqu'au cercueil, sous les yeux de toutes les vipères présentent dans cette église. Toutes attendaient le moindre faut mouvement de sa part pour lui décocher une morsure mortellement irréversible.

Dans le cercueil reposait un corps, froid et blanc. On avait souvent tendance à dire que les morts avaient une expression paisible, lorsqu'ils rejoignaient les cieux, pour ce rendre au porte du paradis. Mais ce n'était pas le cas de ce cadavre vieux et asséché. Son visage démentait un tourment sans fin. Maintenant qu'il goutait aux flemmes de l'enfer, impossible de faire demi-tour. Il était habillé d'un costume au moins tout aussi couteux que celui du jeune homme. Sa barbe et ses cheveux blancs avaient été apprêtés pour la cérémonie d'adieu. Ses doigts, décorés d'une grosse bague en or avec une émeraude incrustée dedans, s'entrelaçaient sur son ventre.

Le jeune homme le fixa durant de longues minutes, sans grandes émotions dans les yeux. Il posa les roses blanches sur son torse inerte, et tout bas il chuchota : « Tu ne pourras plus me retenir maintenant. Il ne te reste plus qu'à prier en enfer, pour que je lui épargne la vie ». Il se détourna du cercueil, redescendit les marches, et fit signe à l'un de ces hommes d'approcher : « Verrouillez toute la ville. Personne n'entre ou ne sort sans que je n'en soit informé. Demandez l'aide des flics aussi ».

Extrait de future projetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant