2# The Seven Days Of Hell

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Je fixai le reflet de mon miroir. Une femme fatiguée s'y reflétait. Ses yeux injectés de sang étaient vides, dénués de sentiment, dont l'unique souhait étaient de pouvoirs remonter le temps. Sa peau carbonisée par le soleil tapant du pays contrastait avec la blancheur de son débardeur déchiré par endroit. Ses lèvres gercées étaient légèrement entrouvert, essayant de laisser passé un hurlement de détresse. Mais rien. Aucun son n'en sortit. Ses longs cheveux ondulés et bruns ébènes étaient retenus à l'arrière de sa nuque. Elle se tenait fermement le bras droit envelopper d'un bandage, tâché... tâché d'une substance rouge.... tâché de sang... Ce même sang se mélangeait à la crasse et la poussière qui recouvraient son visage souffrant, qui plaquaient les mèches foncées qui s'étaient échapper de sa queue de cheval sur sa tempe ruisselante de sueur. Cette femme, c'était moi... je faisais peur à voir... Je distinguais difficilement les traits du visage qui me faisait face. Mon sang me monta, au cerveau... je clignai des yeux... les contours se firent plus net... je crus d'abord à un miracle... mais ça aurait bien trop beau pour être vrai... Il affichait un sourire désolé. Il murmura bas, de sorte à ce que les hommes derrière lui ne l'entendent pas: "Pardonne-moi". Des vertiges me prirent d'assauts, me faisant chanceler sur le carrelage de la salle de bain. Le monde m'entourant se mit à tournoyer. Des images, des souvenirs, des sons se mélangeaient dans ma tête. J'agrippais avec le peu de force qui me restait le lavabo, essayant de ne pas m'écrouler. Un enfant courait. Il semblait être infatigable, contrairement à ses ainés qui peinait à tenir le rythme atroce sous cette chaleur étouffante. Il avait bien raison. Profiter de la vie tant que cela était encore possible. Il sautillait dans tout les sens malgré les sermons des adultes. Je n'avais pas pensé à le rappeler à l'ordre... cette joie de vivre inexpliquée me redonnait un peu de force... un peu de courage pour avancer... mais son ignorance, où plutôt son innocence fut une erreur.... il ne l'avait pas vu, et même si c'était le cas il aurait été incapable de dire de quoi il s'agissait... il ne l'avais pas vu, mais moi si... je l'avais vu se petit bout de plastique qui ressortait discrètement entre les pierre et le sable... je l'avais vu mais ce fut trop tard... j'avais beau avoir poussé un long rugissement, ce fut insuffisant pour arrêter le môme dans sa course effrénée... son visage se tourna une dernière fois vers moi avec un sourire radieux collé au lèvre... il était en suspension à quelques centimètre du sol... puis son pied toucha le sol... et l'effet fut immédiat... la terre et les pierre volèrent en éclat, suivie de la détonation d'une explosion... Je me dirigeai tout en trébuchant à mainte reprise vers la cabine de la douche. Je n'avais pas pris la peine de me déshabiller. Je posai une main tremblante sur le robinet et le tournai... Nous étions secoués dans tout les sens. Je triturai la radio tandis qu'à l'arrière du véhicule on entendait les pleures des enfants et les prières des femmes. L'homme au volant était en total concentration. Il fixait inébranlablement ce que les phares nous permettaient de voire. Du micro ne s'échappait que des grésillements. Je tentais de rester calme. ''MAYDAY MAYDAY ! Quelqu'un m'entends ?! Répondez ?! MAYDAY !!!! Nous avons immédiatement besoin de renfort ! MAYDAY MAYDAY ! REPONDEZ P*TAIN !!!!!''. Le signal était perturbé. Je réessayai cette manœuvre encore et encore. Un sifflement se fit entendre. Le petit bruit étouffé d'un objet qui passait la vitre se logea dans mes oreilles, suivie du choc avec la boîte crânienne de mon frère d'arme... et l'éclaboussement du sang... sur mon visage tétanisé... Je sursautai au contacte de l'eau froide sur ma peau douloureuse. Je m'assied dans un coin, enroulai mes bras autour de mes genoux, et appuyai ma tête contre le mur frais. J'ouvris brusquement les yeux. Je tentai de bouger mais une main me maintint les bras au dessus de ma tête. L'homme masqué était à califourchon sur moi, me collant uniquement avec son poids contre le matelas. Je voulu crier mais avant que j'en ai eu l'occasion il plaqua un bout de tissus humide sur la bouche et le nez. Au fur et à mesure que le temps s'écoulait et que je me débattais tel une sauvage, les forces quittèrent mon corps. La petite pièce se mit à tournoyer autour de moi. Et tout s'estompa brusquement... Ma main se referma sur mon haut, au niveau de mon cœur. Je souffrais... autant physiquement que psychologiquement... je souffrais énormément... cette victoire ne m'apportait aucunement de la satisfaction... et tout à coup je vis ses yeux... comme s'il se trouvait juste devant moi... il me regardait... je regardais... il me souriais... je lui souriais... malgré nos muscles douloureux, nos blessures, et notre fatigue. Malgré la situation de m*rde dans laquelle nous nous trouvions, nous parvenions à sourire, faiblement, mais nous sourions. Ses lèvres se mirent à remuer. Mais le bruit assourdissant des hélices recouvraient sa douce voix. Je me dis que ça n'avais aucune importance. Je lui tendis ma main, qu'il saisit sans attendre. Nous ne nous quittions pas du regard. Il posa un pied sur l'une des marches et se mit à peu près à mon hauteur. J'allais le tirer dans la cabine, quand il fit un mouvement brusque vers l'avant. Son sourire s'effaça dans la seconde. Des larmes se formèrent dans le coin de ses yeux. Il releva doucement la tête vers moi, son visage se crispait de douleur. Il tenta de mettre en mouvement sa bouche, mais cela ressemblait plus à un rictus qu'au moindre sourire. Je n'avais rien vu venir... Il s'effondra... alors que nous étions déjà à plus d'un mètre du sol... je me jetai vers l'avant pour le rattraper... mais un bras musclé qui s'était enrouler autour de ma taille m'empêcha d'aller plus loin... m'empêcha de me jeter dans le vide... Un liquide se mit à couler le long de mes joues. Je le voyais encore très clairement... là... étalé dans le sable... se vidant des ses dernières réserves de sang... Un long hurlement m'échappa... je maudis tout les êtres vivants de se monde... pourquoi... pourquoi ?! pourquoi dois-je souffrir ?! pourquoi suis-je en vie ?! pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ?! A partir de quel moment tout a déraillé ?!

Extrait de future projetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant