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Elle en avait marre. Des jours qu'elle patientait, seule, dans cette petite cabine, perdue en plein milieu de la pampa sibérienne, en pleine tempête hivernale. Son royaume lui manquait un peu. Ses amies surtout.

Quelle poisse ! Ces barbares n'avaient pas été tendres avec elle, les marques sur ses poignets et ses chevilles en témoignent... Enfin, sur ses poignets, ça allait être compliqué de les voir puisqu'ils étaient ferrés. Elle les regarda en soupirant. Les souvenirs d'il y a quelques semaines affluèrent.

Elle se souvenait qu'elle discutait tranquillement dans ses jardins en compagnie de ses éternelles deux mêmes amies. A ce stade, tout le monde, même ses propres parents, les considéraient comme des sœurs. Il faisait beau et chaud, elle avait donc choisi de s'habiller en conséquence en enfilant une belle robe romaine blanche et légère, qui dévoilait sa silhouette voluptueuse lorsque les rayons du soleil passaient à travers.

Leurs rires emplissaient l'extérieur, faisant sourire les gens qui passaient à côté d'elles.

Puis, un cri déchira l'air serein, suivi par de nombreux autres. Le sang arriva à leurs yeux bien avant de voir les auteurs de ces méfaits.

Une horde de Vikings armés jusqu'aux dents envahi l'espace botanique. Ils frappaient les hommes et kidnappaient les femmes avec de grands cris sauvages qui effrayèrent tous les êtres vivants aux alentours.

Les filles s'étaient cachées sous un escalier, se serrant entre elles, tremblantes de la tête aux pieds, attendant que tout se calme pour sortir.

La vision d'horreur leur avait coupé la gorge. Une marre sanguinolente les attendait juste devant la sortie.

Elles auraient voulu rester plus longtemps mais un bruit suspect les poussa à passer la porte. Aussitôt, elles furent ceinturées et soulevées de terre. Leur débat était vain. Les guerriers étaient forts et résistèrent à leurs coups, bien qu'elles aient une force de jument. Une grande personne masquée et parée de quelques bijoux dorés les passa en revue. Elle s'arrêta devant elle. La jeune princesse en colère la regarda dans les yeux sans ciller. Le Masque fit un signe à son porteur et l'homme se dirigea vers une charrette équipée de fers. La suite, elle la connaissait. Il envoya ses sœurs dans un endroit inconnu et la rejoignit dans le véhicule, s'asseyant en face d'elle et passa tout le chemin à la fixer de ses yeux vides.

Elle n'avait pas eu la force de pleurer. Elle ne l'avait toujours pas. En fait, la simple idée qu'elle n'était plus avec ses amies la déprimait.

Ils l'avaient déposée là, sans un mot, et étaient repartis sans attendre. Sans rien à manger. Boire encore, elle pouvait faire fondre la neige, mais manger... à part se transformer en termite, elle ne voyait pas. Bon Dieu qu'elle avait froid depuis que le feu s'était éteint. Sa toge lui paraissait si fine, inexistante même.

La faim lui faisait entendre des bruits étranges et voir des ombres. Elle s'étendit sur le lit en fermant les yeux.

- T'es complètement marteau ma pauvre fille.

Les bruits se firent plus près. Plus discrets aussi.

Son ventre gronda à nouveau. Elle grogna. On toqua doucement à la porte. Elle cru à une nouvelle hallucination et ne répondit pas.

On frappa encore et encore.

Pas une illusion du coup.

Elle se releva sur son coude.

- Entrez !

La porte s'ouvrit.

Elle & elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant