Le marchand d'ombres

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« La légende raconte, que ceux qui regardaient derrière eux en temps d'un solstice d'été, leurs ombres leur serait dérobées. Nul savait où ces ombres allaient, ou encore où elle se promenaient. Car une ombre ayant enfin regagné sa liberté, il est presque impossible de la retrouver. »

Il était une fois, un petit village loin dans un désert encore inconnu. Ce village était banal, lui-même assez désert. Il y avait des passants, voyageurs, marchands, tout ce qu'il y avait de normal. Mais ce qui rendit ce village si spécial, c'est la magie qu'elle cachait en son sein.

Pas tous les passants étaient de simples êtres. Pas tous les voyageurs étaient de simples curieux. Et pas tous les marchands, vendaient des simples produits. Ces derniers, surtout étaient le cœur de tout ce mystère. Aux yeux des communs, le marché du village n'était qu'un triste marché de fruits et légumes, avec ici et là un bijoutier. Mais c'est dans les ruelles sombres sablées que tout se passait. La désolation disparaissait et une atmosphère mystique prit place. Des files de fumée d'encens flottaient dans l'air, traçant derrière elles un chemin pour trouver ce secret d'un monde caché.

 Une personne enroulée d'une cape se promenait dans les rues du village. Les villageois et marchands la regardaient d'un air suspect, intrigué. C'était vrai qu'avec son immense chapeau avec deux plumes de paon, et cette cape d'un brun-gris qui l'entourait dans son entièreté ne la rendait pas plus confiante. Iel tournait ici et là, traversait de stand en stand le marché pourfinalement se retrouver dans la ruelle à l'encens de sauge. Elle servait à purifier les lieux des énergies négatives, esprits mal-attentionnés, et surtout, ce que certaines personnes portaient avec elles. Cette fumée piquait le nez de notre voyageur, ce qu'iel trouvait énormément désagréable. Mais il n'y avait rien à y faire, il fallait passer par là pour atteindre le cirque.

Le cirque était un marché caché, sous le village et le marché de « surface ». Qu'un taux limité de personnes connaissaient l'existence de ce marché ; et encore moins pouvaient y accéder. Raja, notre voyageur, était un de ceux qui y avait accès. Iel n'était pas un simple vagabond ; mais un marchand d'ombres. L'ombre, élément si anodin selon nous, était une marchandise de plus rares, exquises. Et c'est ce genre de marchandises qu'on pouvait trouver au cirque ; des ombres, des bouts de lumières, des plantes inexistantes et il y en a encore.

 Ayant suivi la trace de fumée, Raja se retrouva devant une impasse. Iel tapota avec le manche de sa dague tout le long du mur sur des endroits précis. Iel fit de même sur les parois d'à côté, et escalada ensuite le mur qui lui barrait le chemin. Iel se fit tomber en bas, mais ne toucha pas le sol. Raja continua à tomber, le jour devint nuit et puis attrapa une plume qui flottait à ses côtés. Cet acte n'aurait aucun sens pour la personne commune, mais la vérité était que ces plumes étaient une des bizarreries du cirque. Celle ou celui qui attrapait une plume, sa chute serait freinée pour atterrir avec douceur et légèreté au sol. C'était également une manière de limiter des intrus, qui auraient par hasard trouvé l'entrée du sous-sol.


 Foulards, tapisseries, tentes, stands et encore plus d'encens. Ce lieu sacré, sûr, était non seulement un endroit d'échange pour certains, mais également une source de connaissances, et pour d'autres un même foyer. Car ici ceux répudiés et oubliés trouvaient une place et nouveau un nouveau chemin sur lequel marcher. Des lanternes éclairaient l'espace d'une lumière violette, et des lucioles et étoiles brillaient sous le plafond naturel qu'était le sol de la surface.

  Raja avait un but précis. Iel n'était pas ici pour se balader, s'informer ou quoi encore se distraire. Iel alla directement vers la tente d'un vieil ami, ou plutôt, « associé ». Le titre d'ami n'était là que pour la diplomatie, pour démontrer qu'iel faisait partie d'un certain cercle. Devant la tente un garde, du moins c'est à quoi il semblait, était debout. Raja montrait une invitation de son hôte et le garde le fit entrer. L'intérieur était richement décoré ; des lustres de joyaux, des étoffes luxueuses qui recouvraient les meubles, coussins et le sol. Certaines de ces étoffes contenaient de petits miroirs, ce qui fit que des petits rayons de lumière soient envoyés un peu partout dans la tente, dansant avec le mouvement des tissus. Sur un grand coussin sur le sol une femme était couchée, elle-même vêtue d'une somptueuse tenue ; un pantalon ample crème aux reflets brillants en un haut rouge, enroulé d'un foulard bordeaux avec également quelques paillettes.

Le CirqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant