A la recherche du temps aimé

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     Les bois n'avaient jamais été aussi verts. Lesoiseaux chantaient à leur habitude, virevoltant de branche en branche. Commeles imitant, deux enfants trottaient d'un arbre vers l'autre. Le jeu qu'ilsjouaient n'avait aucune importance, tant que la fin soit la même ; perdusdans la forêt, retrouvés dans leur intimité. Ilsriaient. C'était de si beaux rires ; plein de joie sincère et d'unelégèreté éternelle. 

     Arrivés dans cette clairière familière, les deux jeunes garçons se laissèrent tomber dans l'herbe. Deux petites têtes blondes dont les cheveux se mélangèrent avec cette herbe qui semblait presque artificielle dû à sa couleur phosphorescente. Le soleil caressait leurs joues, leur donnant un léger teint rosé. Les enfants reprirent leur souffle. Ils n'avaient pas arrêté de courir de chez eux jusqu'à cet endroit adoré. Au début ils devaient prendre nombreuses pauses, des fois marchant une bonne partie du chemin. Ensuite, ils arrivaient à tenir de plus en plus, jusqu'en ayant plus besoin de s'arrêter. Personne ne pouvait les rattraper depuis ce jour, que ce soit par la distance que personne ne savait tenir, ou encore par la vitesse et agilité que ces deux petits êtres avaient développé. 

     Leur respiration se calme, et enfin ils virent le ciel qui se dessinait devant eux. Ce ciel si bleu, si doux. Quelques nuages pointèrent leur nez à travers cet espace laissé par les arbres. Le jeune aux yeux bleus avait lu dans un livre que les nuages avaient des formes de lapin, oiseau, et toute autre créature connue à leurs yeux. L'autre enfant au regard vert ne sachant pas lire, écoutait toujours avec émerveillement ce que son ami avait à dire. C'est ainsi que, curieux, ils se mirent à observer les nuages, essayant d'y reconnaître quelconque forme. Malgré les dires du livre, ils avaient de la difficulté. Entre les arbres qui cachaient une partie des nuages et puis les cumulus qui adoptaient la forme que le vent leur donnait, ils devaient user leur créativité pour donner sens à ce corps blanc aéré. Ils avaient beau à avoir du mal mais, cette difficulté s'étant présentée, ils en ont fait un jeu. Celui qui trouverait le plus de formes sera appelé « prince » pour le reste de la journée. C'était un jeu simple, mais ça les amusait. Après tout, la vie d'un enfant était simple. En tout cas, jusqu'à un certain moment.

     Il n'y en avait pas qu'était meilleur à ce jeu que l'autre. Néanmoins, les jours où le petit aux yeux verts était le prince, le reste du village ne pouvait pas faire autrement que le dévisager. Certains le regardaient avec mépris, d'autres avec une immense inquiétude. Il faut savoir que, le garçon aux yeux bleus était issu d'une famille de nobles après tout. Mais celui-ci donnait peu d'importance à son titre. Un jeu était un jeu, et la promesse de cette victoire devait être tenue.

     C'est ainsi qu'ils se baladaient à travers les rues, continuant leur jeu en toute joie et bonne humeur. S'ils avaient le plaisir de recevoir quelques sous de leurs parents, ils passaient chez la boulangère pour se procurer deux délicieuses tartelettes de framboises. Nombreux regards se posèrent sur ces bouilles barbouillées par le jus du fruit rosé. Nombreux chuchotements accompagnèrent ces deux petits guerriers dans leurs aventures. Nombreux avis survolaient au dessus de l'insouciante innocente. 

     C'était une routine habituelle pour cette paire d'enfants. Une routine si naturelle, une routine que d'autres enfants et même adultes auraient pu envier. 

     Malheureusement, toute envie ou jalousie aura vite prit fin, car ce jour un prince fut banni. Le drame de l'enfant qui – 



- Est-ce que votre voyage a été plaisant jeune maître ?

     Le jeune homme aux cheveux blancs ouvrit les yeux. Il les cligna rapidement, s'habituant à la douce lumière aux diverses couleurs. Lentement il se redressa, se frottant les yeux. Le paiement ayant été effectué en avance, il se leva et quitta la tente en jetant un dernier regard sur la vendeuse de rêves. Celle-ci sourit tout simplement, laissant un petit rictus s'échapper de sa bouche. Les draps de la tente se refermèrent, chacun rejoignant à nouveau le cours de sa journée.  



     Parmi les lueurs violettes et bleues que les lampes dégageaient, les humains gisaient entre les stands des nombreux marchands. Telles des fourmis, ils étaient en masses alignées devant l'inatteignable. Entre eux, un jeune noble se déplaçait, les passants s'écartant de lui.

     Le froid avait emparé l'immense marché souterrain. Les clients tremblaient, tentant de fuir l'origine de ce froid glaciale. Fuir un Prince de Glaces. Lui qui n'avait pas connu la chaleur depuis nombreuses années... Lui qui était venu dans cet abysse de magie et de désir pour se rapprocher de son souhait le plus cher ; trouver la chaleur qui lui manquait. Ce bref retour au passé avait ravivé une petite flamme qui semblait être perdue depuis tout ce temps. Flamme à laquelle le prince s'accrocha de toutes ses forces. Souvenir de lui, qu'il ne laissa pas échapper.

     « S'il vous plait... Qu'elle ne s'éteigne pas, je vous en prie... Qu'elle ne s'éteigne pas. » supplia-t-il.


     « Qu'elle ne s'éteigne pas... Qu'elle revienne... »

     « Qu'il revienne... »

Le CirqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant