Hello ! Il y a quelques temps je me suis inscrite au concours The Writer, dirigé principalement par Nyn_Everdeen.
Il est présenté sous forme d'émission télé, c'est plutôt marrant ! Malheureusement, je n'ai pas pu donner mon texte à temps. Mais le voici :
J'entre dans la chambre par la porte entrouverte, sans aucun bruit, et le voit. Il est là, à demi-allongé sur son lit, il a les yeux rivés sur son téléphone et, heureusement, il ne peut m'entendre. "Salut", je murmure. Plus aucun son ne sort de ma bouche, je n'ai plus de voix. J'entends sa respiration, rythmée suite à ses expressions face à l'écran. Je me demande ce qu'il regarde, je m'approche, et prends place, comme autrefois à côté de lui. Le lit n'émet aucun son, et quand j'étale mes jambes, je remarque que mon corps flotte dans les airs. J'essaye tant bien que mal de me poser, mais je ne suis plus qu'une âme morte. Admirative, je l'observe d'abord. Je souris à la vue de son visage aux doux traits, de ses cheveux aux boucles dorées. Je passe une main dans sa chevelure, il ne réagit pas, c'est tellement étrange. Je ressens enfin ce soulagement de le retrouver, ici. J'estime la situation meilleure que ce qu'on appelle "rien". Je m'appuis alors sur son épaule, ne ressentant aucun contact malgré moi. Curieuse, je baisse les yeux sur l'écran qu'il fait défiler. Sans surprise, il regarde des photos de moi. Je reconnais cette soirée où je dansais avec mes amis, et je reconnais aussi cette journée ensoleillée que j'ai passé au bord de la plage... Souvenirs douloureux pour lui, je songe, mais pour moi aussi. Je n'avais pas souhaité que ça se passe de la sorte. Je ne voulais pas le voir sans moi, c'était quelque chose d'affreux, autant pour moi que pour lui. Que ressentait-il ? Il était possible qu'il se sente abandonné. Une histoire d'amour n'est pas censé se terminer. La mort est un terrible moyen de fuite. A mon si jeune âge, la maladie peut très vite nous emporter... Comment pouvais-je éviter une chose pareille ? Je ne voulais pas chercher à savoir, je voulais profiter de le voir, ici, encore en vie. Il pose l'appareil à ses côtés, sur son lit, et s'allonge un peu plus, pour fermer les yeux. Je ne vois plus le vert qui m'attirait autre fois, sa respiration me laisse pensive à ses rêves. Je fais de même, me blottissant contre son torse chaud. Mais sincèrement, je ne ressens plus sa chaleur, ni son aura, ni sa douce odeur. Torture à nous deux dans nos mondes parallèles. Les larmes me montent aux yeux quand je remarque qu'il déverse quelques larmes, tombant une par une sur son coussin. Il ne prend pas la peine de les essuyer, et le connaissant il ne laissait jamais ses larmes couler. Il savait faire face. Avant, il était déterminé. J'ai peur qu'il se sente coupable de ne pas avoir réussi à trouver l'argent nécessaire pour mon traitement. Mais ce n'était pas à lui de le faire, nous n'étions pas seuls au monde.
Ma famille m'a en quelques sortes laisser mourir, c'était comme si la maladie leur faisait peur. Il était le seul à me rendre visite à l'hôpital, il restait mon quotidien. Ma petite soeur venait souvent également, mais Maman l'attrapait souvent, et ça ne lui plaisait pas. La dernière fois que je l'ai vu lui, c'était dans cet endroit maudit. J'étais dans mon lit, prise par une des plus grande fatigue que je pouvais avoir, et lui se tenait là, assis à mes côtés. C'était un peu comme dans un rêve, votre petit-ami qui vient vous rendre visite, qui reste pour prendre soin de vous. Mais je savais qu'il se sentait mal de ne rien pouvoir faire. Je ressentais sa frustration, de me regarder, si impuissant. Il me parlait pendant des heures, tout seul parfois. De longs monologues animaient mes journées, c'était drôle au début, mais il désespérait. Je n'avais plus aucun espoir, moi aussi, on m'avait prévenu. Je n'ai jamais eu peur de mourir. Je n'ai jamais eu peur de ma maladie, j'ai essayé de me battre. Il s'est battu avec moi, mais notre dernier contact fut sa main dans la mienne. Mes yeux peinaient à rester ouverts pour que je puisse croiser son regard, je m'éloignais, secondes en secondes, comme si toute ma vie s'envolait dans les airs.
Il ne bougeait presque plus quand je rouvrais les yeux. S'était-il endormi ? C'était évident, il me semble. Je l'abandonne dans son monde, me relève, un peu fragile. Je me retourne pour le regarder dormir encore une fois, il est si mignon. Et ça rend les choses dix fois plus fortes. Je fais quelque pas, parcourant sa grande chambre, et la redécouvre. Mon regard croise sa guitare classique, sur laquelle il me jouait des morceaux rien que par lui-même. Ca, c'était quelque chose de précieux, c'était un talent qui lui appartenait. Je chérissais sa passion pour la musique, c'était si romantique, ses airs de chansons qui nous rassemblaient. A un moment, mes yeux se rivent sur un cadre photo, que j'hésite à toucher. Par respect, je me retiens, et me baisse à la hauteur du meuble. Devant un beau paysage de montagne, je reconnais le beau visage de sa mère, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Il n'y a pas son père sur cette photo. Son père n'était jamais vraiment là pour lui, et ça lui était tellement égal que ça m'atteignait de l'intérieur. A côté se trouve son éternelle pile de bouquins qu'il ne finissaient jamais. Je ris doucement, mais faisant monter les larmes jusqu'à mes yeux. Si je continue à me remémorer tous les souvenirs du passé, je pouvais ne jamais en finir. Mais j'aimais ça, j'aimais trop ça.
Un bruit me fait sursauter dans mon dos, je me retourne soudain. Il se lève, et à une vitesse très rapide sort de sa chambre. Il laisse la porte entrouverte, je me lance dans le couloir me demandant qu'est ce qui se passe, et où il se rend. Je n'ai pas le temps de m'élancer à sa poursuite qu'il revient, le pas rapide, avec un verre d'eau à la main. Soulagée, je le laisse refermer la porte et reprendre place sur son lit. Entourée par les murs bleu clair de la pièce, je prends place sur la chaise de son bureau. Je regarde toutes ses affaires, et je tombe sur une liste. Une liste de choses qu'il a à faire. Je m'attarde sur la dernière action de cette liste, le faire. Je remonte plus haut, relis en détail. Ce sont des choses de la vie de tous les jours, comme faire ses devoirs, peaufiner son morceau de guitare, ou rendre de l'argent à un ami. Oh, il avait un tas d'amis, il était toujours occupé, toujours à une soirée ou une sortie. C'était souvent qu'il m'emmenait, mais je ne me sentais pas à ma place, j'avais l'impression de déranger, que ses amis ne m'acceptaient pas. Moi, j'aimais quand nous étions seuls. J'aimais quand le monde se couchait pour nous laisser se découvrir, encore et encore. Je retrouve ses feuilles de français, me perd dans la lecture de ses rédactions. Il n'aimait vraiment pas l'école ! Il avait hâte de rejoindre la vie professionnelle. Ca ne le dérangeait pas de sécher régulièrement, quand il venait me voir à l'hôpital par exemple. Il n'aimait pas les cours mais restait quelqu'un de très sérieux. Entre nous, c'était un des seuls problèmes de notre relation d'adolescents. Il ne me laissait pas enfreindre les règles. Ca pouvait être positif, mais il rompait ma liberté. J'aimais défier la vie, j'aimais beaucoup prendre les devants.
Malheureusement tout est retombé sur moi, et du jour au lendemain je me suis retrouvée clouée dans un lit hors de chez moi. La vie m'avait abandonnée. J'avais tenu le plus longtemps possible, mais mon entourage ne me soutenait pas autant. J'aurai pu éviter la mort, j'aurai pu rester ici. Mais c'était peut-être écrit. Je n'entends plus grand bruit de son côté et me lève de la chaise pour retourner le voir. Au premier regard, je m'arrête net. Il était sur son lit, allongé dans une position assez étrange, comme inconscient. J'observe la situation, ne pouvant m'approcher, prise par la peur et le doute. Pourquoi je m'inquiète tant, peut-être qu'il dort... Je remets la chaise en place et viens à sa rencontre. Je ne peux avoir aucun contact avec lui, alors il m'est impossible de le réveiller ni de faire quoi que ce soit. Ma bouche s'ouvre grand devant ce que je perçois à la seconde. Je tombe à terre, stupéfaite, et essaye de réfléchir. Ce n'était pas un simple verre qu'il était allé chercher. Une boîte de morphine, qui devait m'appartenir quand je souffrais, était aussi posée sur sa table de nuit. Et je prends la peine de regarder, toute tremblante mais je crois avoir déjà compris. Elle est vide. Il n'aurait pas... Il n'aurait pas essayé de me rejoindre ? Dans le monde des... Dans un monde qui n'existe pas. Je n'existais plus. Son action est affreuse. J'ai mal, je ne ressens plus rien de concret mais je sais que si j'étais encore en vie, je souffrirai plus que je ne le faisais déjà. L'amour fait de grandes choses, mais il avait fait cela trop vite, sans un bruit et comme si ça n'importait plus. Je caresse sa joue puis ferme les yeux.
Il s'appelait Axel. Je l'aimais.