Prologue

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Elle pensait, depuis bien trop longtemps maintenant. Elle pensait encore et toujours, sans s'arrêter, sans envie de revenir dans la réalité et dans sa triste vie qu'elle voulait à tout prix abandonner, laisser derrière elle. Elle était une mauvaise personne, il fallait qu'elle reste seule. Et pourtant cette solitude la tuait, elle ne pouvait plus la supporter car en effet, qui pourrai survivre ? L'humain est fait pour vivre en groupe. Alors pourquoi était-elle seule ? Son enveloppe charnelle, habituée à ce que son esprit n'ai pas de réaction, guidait ses muscles et la poussait à avancer. Son organisme s'était acclimaté et bougeait tout seul. Son corps voulait vivre. Son esprit voulait mourir. Rejetée, voilà ce qu'elle était. Dépitée, voilà ce qu'elle ressentait. Isolée, voilà ce qui l'effrayait. Elle songeait à ses actions passées, à ce qu'elle aurait pu changer à tel ou tel moment. Elle regrettait et se morfondait, voulant à tout prix changer ses antécédents. Elle était rongée par les remords ; elle était fatiguée, extenuée. Une fois de plus, son corps se mouvait sans attendre son esprit et finissait le travail entamé. Se battre. Voilà son quotidien. Se battre pour décharger ses émotions, pour voir souffrir les autres. Elle ne supportait pas de voir le bonheur qu'ils agitaient juste sous son nez. Donc elle se battait avec eux, parfois jusqu'au coma, parfois jusqu'à la mort. La mort... Voilà une autre problématique. Elle avait vainement essayé de la rejoindre. Néanmoins, si même l'arracheuse de vie ne voulait pas d'un être aussi piteux, qui pourrait vouloir d'elle ? Jours après jours, mois après mois, années après années, elle était toujours mise à l'écart, encore et encore. Chaque personne qui s'attachait à elle finissait par se détourner ou la trahir même si parfois, des sorts bien plus morbides les attendaient. Des brides de souvenirs lui défilaient à une vitesse ahurissante devant les yeux. Elle revoyait sa mère sur son lit d'hôpital, emportée par la dépression. Elle revoyait ses amis se détourner d'elle après le meurtre de sa meilleure amie. Elle revoyait son premier copain la trahir en se servant d'elle et de sa richesse. Elle entendait à nouveau ses propres cris de désespoir, découvrant tous les malheurs tombés sur ses proches. Elle ressentait à nouveau la souffrance que ses pertes procuraient. Elle percevait à nouveau la douleur que lui fournissait la trahison. Ses pensées dérivaient encore et lui arrachait le crâne. La douleur lui sciait la chair et son corps était pris de spasmes. Elle ne contrôlait plus rien. Elle voulait que cela s'arrête, que tout stoppe. Elle voulait mourir. Alors, dans un élan de folie, elle prit le couteau suisse qui était dans sa poche et traça des lignes sur la peau de son bras. Une pour ses proches. Une pour son passé. Une pour son avenir. Une pour sa dépression. Et encore une pour sa future mort. Le sang envahit une fois de plus sa peau et dégoulina sur le sol, laissant une grande trainée rouge et visqueuse qu'elle observait sans bouger. Attendant la mort. Une fois de plus.

Merci-Hanma.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant