Chroniques de Pershia Tome 2

Prologue.

Royaume de Pershia.
Prison.

In'aya avait été enchaînée dans le sous-sol de la prison royale, un endroit sombre et dégoûtant, où aucune lumière du soleil ne filtrait. Elle avait été torturée, affamée, violée, mais elle tenait bon, sa conviction n'avait jamais été ébranlée, même lorsqu'elle avait assisté à la torture des habitants de son village, même lorsqu'elle avait dû voir de ses yeux comment ils avaient été éviscérés, démembrés et souillés même dans la mort. Pour elle leur mort était pour la bonne cause, ils étaient morts parce que les dieux en avaient décidé ainsi et elle était sûr qu'un jour cela en vaudra la peine, du moins elle l'espérait profondément.

Elle entendit des bruits de pas qui semblaient de plus en plus rapprochés, elle savait sans même l'avoir vu qui venait lui rendre visite. Sa supposition fut justifiée lorsqu'elle aperçut enfin le visage de l'homme qu'elle n'avait pas vu depuis plus d'une vingtaine d'années, l'homme dont la trahison avait à jamais changé sa vie. Elle regarda Ahmed avec de la haine et de la rancœur, mais aussi énormément de mépris, pour elle cet homme n'était rien d'autre qu'une ordure. Ahmed avait pris de l'âge, son visage avait quelques rides et ses cheveux arboraient quelques mèches blanches, et pourtant cela n'enlevait en rien de sa beauté. Il était vraiment un très bel homme et elle l'avait aimé pour ça, mais aussi pour les belles paroles qu'il lui avait fait avaler.

Qu'elle était jeune alors, jeune et naïve, si crédule. Toute sa vie on lui avait dit que son destin était d'être une servante du temple, elle savait qu'elle ne connaîtrait jamais la chaleur d'un homme, elle n'avait pas d'attente. Et pourtant, elle avait eu le malheur de croiser le chemin de cet homme, bien sûr à la l'époque elle n'esperait rien de son amour à sens unique, et elle avait vu depuis longtemps qu'il avait des sentiments pour sa jeune amie, de plus elle appartenait aux dieux. Mais lorsque son amie avait été choisi par le roi, une petite voix en elle avait retrouvé espoir, espoir qu'un jour il la prendrait avec lui, après tout il était le fils du premier ministre, il avait donc de l'influence.

Au début, pour elle ce n'était que des rêves, que son imagination qui s'emballait encore, mais tout changea pour elle lorsqu'il commença à lui montrer de l'intérêt. Il lui faisait des compliments tous les jours, elle était noyée si profondément dans ce faux sentiment d'amour qu'elle n'avait pas vu qu'il se servait d'elle pour avoir des informations sur son amie au palais. Lorsque cette dernière tomba enceinte, les dieux parlèrent à In'aya, elle eut la vision d'une étoile tombant du ciel, se dirigeant vers le ventre arrondi de la reine, elle su alors qu'elle destinée grandiose attendait cet enfant. Ahmed devint à son tour premier ministre et lui promit encore plus de chose, elle succomba alors une seule nuit, lui donnant son corps et lui parlant de la vision qu'elle avait eut, ne sachant pas qu'elle venait de condamner le royaume de Pershia. Elle ne découvrit son erreur que trop tard, le roi était mort, une rébellion se préparait et son amie avait dû affronter ça toute seule, mourant elle aussi plus tard... Elle s'en était voulu toute sa vie, mais en avait aussi voulu à ce menteur, à ce lâche qu'elle rêvait de déchirer de ses mains.

- Bonjour In'aya, dit Ahmed, un sourire doux aux lèvres, cela fait tellement longtemps.

In'aya ne lui répondit pas, se contentant de cracher par terre.

- Ne soit pas comme ça, je ne voulais pas qu'ils y aillent si fort avec toi, pour ça je m'en excuse vraiment, mais pour refuses tu de répondre, Hum ? Ne me dis pas que tu te soucis encore de ta loyauté envers ta reine ?

- Que sais-tu de la loyauté Ahmed ? Quand as-tu jamais compris ce mot ?

- Je suis loyal envers mes convictions, envers moi-même et ma famille.

- Est-ce tout ?

- Envers toi aussi In'aya, tu le sais.

In'aya cracha une nouvelle fois par terre, dégoutée qu'il prononce son nom.

- Je vois que tu ne me crois pas, dit Ahmed en affichant un visage triste, mais c'est pourtant vrai. Je savais que tu étais à Jaharkta tout ce temps, et que tu allais très souvent dans ce village et pourtant je ne t'ai jamais causé du tord.

- En décimant des personnes innocentes, en trompant une enfant ? Tout ça pour quoi Ahmed ? Tu as déjà le royaume entre tes mains, que te faut-il de plus ?

- Je veux tout In'aya ! Cria Ahmed. Je veux tout ! Pershia, Jaharkta et les autres aussi, je veux le monde ! Alors dis moi où il est !

- Tu aimerais bien le savoir n'est-ce pas ? Se moqua In'aya. Je sais de quoi tu as peur, j'ai entendu parler de ta prophétie, ton ce qui va t'arriver.

- La ferme !

- A l'heure où la lune rencontrera le soleil, à l'heure où la terre embrassera la mer , le fils du ciel, l'étoile du matin vaincra le taureau noir et rétablira la paix.

In'aya récita la prophétie en entier, appréciant de voir le visage d'Ahmed déformé par la colère mais aussi de la peur.

- N'as-tu pas une marque de naissance noire en forme de taureau sur ton épaule ? Est-ce pour ça que tu as fait tout ton possible pour faire disparaître un bébé de la surface de la terre.

- Je t'ai dit de te taire ! Cria Ahmed, lui assènant une violente gifle de sa main baguée. Je ne te le demanderai qu'une dernière fois. Où est-il ? Où est-ce que tu les as tous envoyés In'aya ?

- Je ne te le dirais jamais.

- Tu cherches vraiment à tester ma patience n'est-ce pas ?

- Tu ne me tueras pas Ahmed, tu as déjà une vilaine prophétie sur ta tête, tu ne voudras pas encourir la colère des dieux en tuant une de leurs épouses.

- Détrompez-vous très chère. Je ne vais pas te tuer, pas parce que j'ai peur de ces dieux inutiles, mais parce que je vais te faire savoir que parfois la mort est préférable à ce que je vais te faire vivre.

- Les dieux me protègent, tout ce qui se passe arrive pour une bonne raison. Profite encore de tes derniers jours en tant que roi, car bientôt le fils du ciel vaincra le taureau noir.

Le visage d'Ahmed devint vert de rage.

- Gardes ! Je veux qu'elle parle, vous avez cartes blanches, tant qu'elle reste en vie ça n'a pas d'importance.