29 | Sous le choc

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Il a reçu ses soins, j'ai été auscultée sous son regard inquisiteur en dépit de l'insistance de sa cousine pour qu'il sorte, puis il a mis tout le monde à la porte, arguant que j'avais besoin de repos et de tranquillité. Intransigeant, y compris avec son commissaire de père au beau milieu d'une enquête, oui. La nuit étant avancée, je devais dormir, récupérer. Ce qui était vrai. Alors tout le monde étant parti avec l'intention de revenir le lendemain, je me suis retrouvée sous ma couette en moins de deux minutes. Avec Biscotte à mes pieds et Alexandre contre ma peau, me serrant entre ses bras comme si sa vie ne dépendait que de ce simple geste. Je ne voulais rien d'autre, parce que je crois que c'est le cas pour la mienne, désormais. J'avais seulement besoin de son contact rassurant, le reste pouvant attendre que le jour soit levé voire plus encore. Peut-être même toujours.

Garde-moi ainsi.

Mon sommeil a été ponctué de cauchemars sans images. Je n'ai eu que le son, les angoisses, en parfaite illustration de ce qu'il s'est véritablement produit. Fidèle au poste, l'officier m'a inlassablement attirée plus près, murmurant des paroles rassurantes chaque fois que la panique me submergeait.

Ne me lâche pas, s'il te plaît ! Comment ai-je pu me retrouver embarquée dans une telle histoire ?! Et toi, papa... je suis si désolée... Je te demande pardon d'avoir tant douté, tu as toujours agis pour me protéger ! Je t'aime. Excuse-moi. M'en voudrais-tu ? Dis-moi ce qu'il s'est réellement passé sur la falaise, ce jour-là ! Je t'en prie, donne-moi les réponses !

***

Il est neuf heures tapantes et je discute distraitement avec Mickaël ainsi que le brigadier, préparant avec application un granola aux cacahuètes. Leurs mines étaient soucieuses lorsque j'ai franchi le seuil de la cuisine, mais pour tout vous dire, nous parlons météo. J'avoue apprécier cette légèreté, la délicatesse dont ils font preuve en s'abstenant de m'assaillir de questions sur mon état, tant physique que psychologique. Puisque, évidemment, je suis toujours sous le choc. La peur me tordant encore le ventre, j'ai eu toute la peine du monde à me détacher d'Alexandre afin de sortir du lit. Néanmoins, je suis plutôt fière d'être parvenue à préserver son sommeil, car il mérite ce repos après ces longues heures à veiller sur mes terreurs. Je crois que Biscotte l'apprécie, étant donné qu'il est resté à ses côtés. Peut-être devais-je être être vexée...

Patapouf a-t-il déjà snobé Martine au profit de quelqu'un d'autre ?

Je ne crois pas, non.

Hum. J'aurais dû choisir un chien.

Bref.

Ouep.

Ma mâchoire est affreusement douloureuse, mon corps une courbature de bas en haut. Sans doute me serait-il davantage utile de faire de la compote, ignorant si je peux mâcher. Toutefois, ma lèvre a bien dégonflé.

Merci la glace.

Je suis restée un bref instant à me contempler dans le miroir, me demandant ce qu'il se serait passé si la police était arrivée plus tard. D'ailleurs, comment m'ont-il retrouvée ?

Je n'avais même pas mon téléphone.

Perdue dans mes pensées, je sursaute quand Michael reprend la parole.

— Bon ! Il est temps pour moi d'aller sur le tournage, vous me suivez Rémy ?

Pourquoi as-tu l'air si pressé de partir tout à coup ? Ai-je raté quelque chose ?

Son regard oscillant vers la droite, je me tourne, suivant la même direction.

Ah. D'accord. Oh, misère... Es-tu sérieux ?! Qu'ai-je encore fait ?!

Sauter pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant