32. Soirée arrosée

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23 Septembre

La lumière agressait sa rétine. Les battements réguliers de son cœur étaient en harmonie parfaite avec les basses du salon. Les gens dansaient. Ils buvaient aussi, beaucoup. Romain n'avait pas fait exception.

Tanguant au milieu de la foule, il se laissait ballotter par la vague d'adolescents autour de lui. Il avait mal au cœur, au crâne aussi. Les lumières passaient du noir complet aux couleurs flashy, c'était comme si le monde disparaissait pour revenir une fraction de secondes plus tard.

Il fallait qu'il se sorte de là, sinon il finirait noyé sous les danseurs. Vite. Romain se dégagea au prix de gros efforts, comme si personne ne voulait le laisser s'enfuir. Le cercle se referma autour d'eux et l'Espagnol les observa quelques secondes, le monde toujours fractionné de noir. Il avait soif.

En se dirigeant vers la cuisine, une main se posa dans son dos.

- Bonne soirée ? questionna Evan.

Romain se retourna, un peu vite. Il perdit l'équilibre mais l'autre adolescent le retint debout. L'Espagnol leva les yeux vers Evan qui fronçait les sourcils. 

- Tu as bu beaucoup ?

- Sais plus...

Il se laissa faire quand le footballeur l'assit sur une des chaises de la cuisine. Le coude posé sur la table pour avoir un soutien, Romain avala en un rien de temps le verre d'eau qu'Evan posa devant lui.

- Merci.

Le lycéen ne répondit rien, haussant les épaules. Les choses étaient devenus différentes entre eux depuis que l'Espagnol s'était mis en couple avec Edgar. Evan était plus froid, en dehors de leurs discussions. Il avait pourtant juré que Romain ne l'intéressait plus.

Dans un grognement, l'adolescent alcoolisé passa ses mains sur son visage. Il nageait dans le flou total et l'alcool n'aidait pas à lui rendre les idées claires.

- Je savais pas que tu serais à cette soirée, lança innocemment Evan.

- J'étais pas censé y être, c'est un pote qui m'a traîné ici.

Les coups de marteaux contre son crâne résonnaient à un rythme régulier, le faisant grimacer de douleur. De là où il se trouvait, il sentait encore son cœur suivre le rythme des basses, cognant avec force contre sa cage thoracique.

Un frisson traversa son corps quand Evan glissa sa main sur sa nuque.

- T'es sûr que ça va ?

- J'ai mal à la tête.

- T'aurais pas dû autant boire, le gronda-t-il dans un sourire.

Romain laissa sa tête tomber sur la table, uniquement sauvé de la rencontre violente avec le bois par ses bras. La main du brun ne quitta pas sa nuque, elle jouait au contraire avec ses cheveux. 

- Edgar n'est pas là ?

- Il révise.

Evan laissa échapper un rire railleur.

- Lui, réviser ?

- Il s'est rendu compte que si il voulait devenir cuisinier, il avait intérêt à se mettre un coup de pied au cul.

Un frisson traversa l'Espagnol quand les doigts de son meilleur ami glissèrent contre son épaule. Le froid de sa peau contrastait avec la chaleur de son épiderme halé rendu poisseux par l'alcool et la transpiration. Romain se dit dans un éclair de lucidité qu'il devait faire pitié. Il songea une seconde à repousser sa main, pensant à son petit ami. Il décala son épaule.

- T'inquiètes, on fait rien de mal, assura Evan en replaçant sa paume contre sa nuque.

Romain se redressa et le monde se remis à tanguer autour de lui. Le meilleur ami d'Edgar glissa ses fins bras autour de sa taille pour le soutenir. L'Espagnol essaya sans succès de s'éloigner de lui.

- Romain, tu tiens à peine debout, laisse-moi t'aider.

- Mais Edgar...

- Ne saura jamais rien, le coupa le footballeur. En plus on ne fait rien de mal. Je t'aide à marcher, comme le ferait un meilleur ami.

Le souffle d'Evan s'abattait à un rythme régulier contre sa nuque et Romain s'appuya contre lui. Il était vraiment mal en point. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de boire autant ?

- Viens, c'est l'heure d'aller te coucher.

Le brun le guida vers sa chambre et Romain se laissa faire, serrant la main d'Evan dans la sienne pour ne pas perdre l'équilibre. Il aurait été capable de s'endormir dans les escaliers avec tout l'alcool présent dans son sang.

Arrivé dans le couloir du premier étage, Evan colla Romain contre le mur et se jeta sur ses lèvres. L'Espagnol ne comprit pas ce qui était en train de se passer. Il se laissa faire puis le plus petit l'entraîna jusqu'à sa chambre. La porte se referma derrière eux et le bel adolescent fut tiré par le meilleur ami d'Edgar jusqu'au lit.

Le monde tanguait autour de Romain qui se laissa tomber dessus comme une masse avant de répondre au baisé d'Evan, penché sur lui. Les mains du footballeur se promenaient dans ses cheveux et sous son T-shirt qu'il s'empressa de le retirer.

La suite était floue dans son esprit, il se souvenait seulement du sourire satisfait d'Evan quand il réussit à obtenir ce qu'il souhaitait : son corps.

Trente-quatre visagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant