Chapitre 4 : Infirmerie

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Quand il entendit du bruit dans le bureau de Mme.Pomfresh, Harry se rassit sur sa chaise en lâchant les mains de Draco, bien qu'il n'en avait pas envie.

Aucun professeur ne passa dans la journée, ni aucun élève. Mme.Pomfresh venait de temps en temps pour voir comment se porter Draco, elle vérifiait son pouls, sa température, sa tension et autre. Elle venait aussi demander à Harry s'il avait besoin de quelque chose, et il répondait toujours que, non, il n'avait besoin de rien.

Il finit par demander le soir, avant qu'elle parte si elle savait pourquoi personne n'était venu voir Draco. Elle lui répondit que Dumbledore avait interdit les visites tant que Draco n'était pas réveillé.

Harry était heureux de cette réponse. Premièrement, car personne ne viendrait le déranger en attendant le réveille de Draco, et deuxièmement, car il y avait bien des personnes qui voulaient le voir, c'est juste qu'elles ne le pouvaient pas.

Il était satisfait d'être le seul à son chevet. Mais de savoir que d'autres personnes voulaient sûrement le voir et que Draco n'était pas seul, comblait Harry.

Il entendit Mme.Pomfresh sortir de l'infirmerie et Harry laissa son regard se perdre quelques secondes, sur le ciel étoilé qu'il apercevait par la fenêtre. Il inspira longuement et la vue des étoiles eut pour effet de détendre ses muscles. Ses problèmes lui semblaient moins importants.

Il allait bien, et Draco aussi, il fallait simplement qu'il se réveille, et tout serait parfait.

Harry posa ses yeux sur ce visage inanimé face à lui. Il était sûr qu'il l'avait ancré dans son esprit pour toujours. Il pouvait fermer les yeux et toujours voir le visage pâle et sans vie de Draco sous ses paupières.

Cette nuit-là encore, Harry tenait les mains de Draco entre les siennes. Mais cette fois si, il ne s'excusait pas, il lui disait simplement combien il voulait le revoir, et qu'il devait se réveiller le lendemain.

Harry n'avait rien mangé depuis maintenant deux jours, et il n'avait toujours pas fermé l'œil. Mais il aurait tout le temps de se reposer après le réveil de Draco. L'épreuve l'avait épuisé, il devait l'admettre. En ce moment, le soleil était déjà bien levé dans le ciel et pourtant, Harry lutait contre une vague de fatigue.

Il se sentit débordé d'une énergie nouvelle, quand Dumbledore passa les portes de l'infirmerie. Mais il n'y avait pas Rogue avec lui, et il ne tenait aucune potion entre ses mains.

- Comment se porte Draco ?

- Bien. Son état est stable. Répondit Mme.Pomfresh à la question du directeur.

- La potion sera prête pour demain matin.

Mme.Pomfresh acquiesça tandis que Harry eut envie de crier. Devait-il encore attendre ? Il avait l'impression d'être assis dans cette pièce depuis des années. Il avait envie de retrouver Draco, de le serrer contre lui et de s'excuser.

- Pourquoi cela prend-il autant de temps ?

- Severus fait de son mieux.

Harry avait envie de répondre que ce n'était pas le cas. Qu'il pouvait sûrement être encore plus rapide, mais il n'en dit rien. Il était fatigué d'attendre, il était fatigué, tout simplement. La dernière nuit qu'il avait passé dans les bras de Draco, lui semblait bien loin aujourd'hui.

Il sentit une vague de tristesse l'envahir, sûrement dû à la fatigue. Mais la pensée qui tournait en boucle dans sa tête, était que peut-être, il ne se réveillerait plus jamais. Harry se sentait seul et désarçonné face à cela. Draco ne pouvait pas l'abandonner ainsi. Oh bien sûr, Harry savait que Draco n'avait rien choisi de tout cela. Mais Harry était en train de se noyer dans une vague d'émotion négative et il était incapable de sortir la tête de l'eau. Enfaîte, il ne savait pas s'il était incapable de respirer, ou s'il n'en avait simplement plus envie.

Draco c'était noyé, alors lui aussi, il le ferait. C'était assez autodestructeur comme manière de penser, mais Harry n'en avait rien à faire. Là, tout de suite, il cesserait de respirer si Draco le faisait. Il l'avait dans la peau, son cœur était lié au sien. Personne ne comprendrait cela, il en était sûr. Il avait l'impression d'être la seule personne dans ce monde à avoir été à ce point amoureux. Il se doutait que ce n'était probablement pas la vérité, mais était-ce important ? La seule chose, ou plutôt personne, qui était importante aux yeux de Harry était en train de dormir dans un sommeil magique dont il n'était pas certain qu'il puisse se réveiller un jour.

- Harry ?

Il leva les yeux vers le directeur, il en avait complètement oublié sa présence. Ses pensées se bousculaient dans sa tête trop rapidement, et il n'arrivait pas à les suivre, il se faisait emporter, oubliant le monde réel.

- Oui ?

- Il faut que tu ailles te reposer maintenant. Je t'ai laissé rester ici-

- Parce que je ne vous ai pas laissé le choix.

Dumbledore sourit à ses mots et à l'insolence de Harry. Le pire, c'était que Harry avait conscience que si Dumbledore avait envie de le virer de l'école ou de le réduire en cendres avec un seul sortilège, il en serait capable, et Harry ne pourrait rien faire contre lui.

- Bien sûr. Écoute Harry, tu as bon cœur, nous le savons tous ici. Tu as sauvé la sœur de Fleur alors que tu n'y étais pas obligé, tu restes au chevet de Draco... C'est très gentil à toi, mais rester ici n'aidera pas Draco, tu te fatigues pour rien Harry. Ta troisième épreuve se rapproche, tu dois te reposer.

- Je ne bougerais pas d'ici.

- Comme tu voudras.

Dumbledore lui avait souri avant de se retourner et de parler avec Mme.Pomfresh. Harry se concentra et entendit quelques bribes de leur conversation.

- Il ne dort pas de la nuit, Albus. Il reste à son chevet, s'excuse et lui demande de se réveiller.

Harry se concentra de nouveau sur le visage de Draco, les joues probablement rougies. Il était persuadé que l'infirmière dormait quand il s'approchait de Draco la nuit.

Il sentit le regard de Dumbledore sur lui, mais Harry ne bougeait pas. Il finit par entendre des pas qui signifiaient que Dumbledore était en train de quitter la pièce. Harry attendit le reste de la journée debout, faisant les cent pas à côté du lit de Draco. Il entendait parfois des élèves marcher, et passer devant l'infirmerie. Harry ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Ron et Hermione, il lui manquait. Peut-être aurait-il dû leur dire la vérité.

Il sortait avec Draco.

Rien que cette pensée le rendait si fier et heureux. Bien sûr qu'il devrait en parler à ses meilleurs amis. Draco faisait maintenant partit de son bonheur, c'était indéniable. Harry souriait doucement, déplaçant une mèche de cheveux qui tombait sur le front de Draco.

Le repas du soir devait être tout juste fini, car Harry entendait de nombreux bruits de pas et de bavardages devant la porte de l'infirmerie. Il entendit une fille crier, il crut reconnaître la voix de Pansy Parkinson, mais il n'en était pas sûr. Elle voulait entrer dans l'infirmerie, mais on avait dû la retenir, car les portes restèrent fermées.

Une fois le soleil couché, Harry s'assit de nouveau sur le côté du lit, prenant les mains de Draco dans les siennes, mais cette nuit-là, il ne dit rien. Savoir qu'il était peut-être écouté le mettait mal à l'aise, alors il restait là, à veiller sur Draco. Il était prêt à rester aussi longtemps qu'il le fallait, tenant les mains gelées de Draco entre les siennes, jusqu'à ce qu'enfin, il se réveille.

Mon cœur s'est noyé dans tes pleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant