Minuit 58

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Pourquoi ?

Pourquoi tu m'écoutes dire tout ça ?

Ça ne t'est pas destiné.

Ça fait plusieurs soirs que j'essaie de me convaincre que ça l'est.

Je crois que j'ai échoué.

C'est à elle que je m'adresse.

Dans cette détresse.

Ce n'est pas à toi que je parle.

Mais je suis là, pâle.

J'écris.

Je ne sais pas ce que j'écris.

Mais je l'écris.

Toi et moi on est voué à être détruit.

Parce que je ne contrôle rien.

Parce que je me pose devant mon ordi.

Et je laisse faire mes mains.

Ce ne sont pas mes phrases qui guident mes rimes.

Ce sont mes rimes qui guident mes phrases.

Parce que ce qui m'anime.

C'est ce que je ressens quand le soleil s'efface.

J'essaie, j'essaie.

J'te jure que j'essaie.

J'essaie d'écrire pour toi.

Mais je n'y arrive pas.

Je n'y arrive pas.

Parce que j'écris avec mon cœur.

Et ponctue avec mes pleurs.

Elle les contrôle tout deux.

Ma plume lui en veut de lui avoir laissé sa signature.

Mon cœur aussi.

Et si, et si c'était la fin ?

Et si toi et moi demain on se parlait plus ?

Parce qu'on ne peut plus.

Parce qu'on ne veut plus.

Parce qu'on n'en peut plus.

Et si tout ça n'avait servi à rien ?

Parce que c'est trop tard.

Parce que c'était rare.

Ou c'est devenu commun.

Et si tu devais tout oublier.

Est-ce que tu le ferais ?

Et si demain je partais.

Tu m'en voudrais ?

J'crois que tu devrais.

Et si on faisait en sorte que ça n'arrive pas ?

C'est ce que je me disais.

Avant que tu ne coures dans ses bras.

Le procès est passé.

Minuit 43, début de l'audience.

Minuit 58, fin de la romance.

OcytocineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant