Chapitre Unique

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"Je me souviens des rires de la foule... Des cris de joie des enfants... Les lumières, la musique..."

Un raclement de gorge se fit entendre.

"Madame, ça fait vingt minutes que vous parlez à votre verre, les gens commencent à avoir un peu peur."

La petite panda rousse leva lentement les yeux vers le bar-man barman qui la dévisageait. C'était rare pour un poisson, même anthropomorphique, d'occuper un travail terrestre. Mais avec un aquarium en guise de comptoir, la seule chose qui dérangeait les clients étaient la tendance de l'eau à être trop salée.

"Vous êtes bien rude pour quelqu'un à la peau lisse."

"Écailles. Ce sont des écailles."

Il semblait légèrement inquiet par ses réponses, la bouche béante.

"Soit. Si vous insistez "

L'ailuridée se détourna du tenancier, descendant de son tabouret trop grand pour ses courtes pattes blanches de crocodiles, et alla s'installer plus loin à une table avec son verre.

Se laissant bercer par la lumière tamisée de ce vendredi soir, elle plongea le regard dans le liquide avant de se rendre compte qu'il ne pouvait pas contenir ses yeux.

Alors qu'elle faisait cette étonnante découverte, une étrange personne vint s'asseoir à sa table, en face d'elle.

Recouverte par une longue cape de voyage sombre à capuchon, le visage dissimulé par l'obscurité du lieu, la seule chose que Nougat parvint à distinguer fut ses vibrisses. Ce qui ne la renseignait que peu sur son identité.

"On dirait qu'il n'a pas aimé votre histoire."

"Tout le monde n'aime pas les aventures", fit-elle en haussant les épaules. "Vous avez déjà pris un verre ? Il risque de vous mettre à la porte."

"Alors déjà, il n'y a pas de porte", répondit l'inconnue en désignant le rideau qui servait d'entrée. "Et ensuite."

D'un geste ferme elle agrippa la boisson de Nougat, déclarant :

"Voilà. J'ai remplis les deux conditions. Je gagne quelque chose ?"

"Le droit d'écouter mon histoire."

"Ça tombe bien, j'allais la demander. J'entendais rien depuis l'autre bout de la salle."

La panda décela un sourire sous le capuchon.

"Tout commença lorsque les grands bateaux furent forgés..."

Les mains sur les hanches, le vent dans le pelage, arborant une tenue marine à tricorne, elle regardait depuis le pont de son bateau le pont entre deux vaisseaux alors qu'un chanteur arrivait au pont de sa chanson.

Son équipage déchargeait actuellement le bâtiment endommagé et fumant de son butin, n'attendant que l'ultime coup pour sombrer dans les abysses.

"Attendez", interrompit soudainement l'inconnue. "Vous étiez une pirate ?"

"Non, juste marin mais pas comme la couleur. Des pirates nous avaient attaqués, et on a le droit de voler les voleurs si on les bats."

Et l'occasion était trop belle pour ne pas leur "emprunter" un bandeau.

Décidant d'aider ses hommes et de se salir un peu les mains, elle s'élança vers le mat brisé étalé en travers des deux appareils. Grimpant dessus, là où ses subordonnés utilisaient la planche qui, pour une fois, ne menait pas aux requins.

Un GOUT inNAttenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant