Just

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Je savais bien que je devais avancer. Le futur était là, juste devant moi, et je n'avais plus qu'un pas à faire pour vraiment commencer ce que tout le monde appelle la vraie vie. Mais en un sens, en un sens que je ne comprenais pas vraiment, je ne voulais pas faire ce pas en particulier. Je n'avais pas vraiment envie de commencer la vraie vie. Je ne savais pas ce que ça impliquait, et je ne savais pas ce que je voulais faire de cette vraie vie.

Et puis je me posais des questions. Je savais que je devais avancer pour de vrai, oublier ce qui avait autant impacté ma vie il y a quelques années, mais ça me faisait peur. Si j'arrêtais de penser à Automne, si j'oubliais Automne, est-ce qu'elle allait m'oublier aussi? Est-ce qu'elle allait m'en vouloir? Des doutes me saisissaient dès que j'y réfléchissait: Est-ce qu'Automne se souvenait même de moi? De ma voix, de mon visage? De ce qu'elle m'avait offert? De ce que je lui avais montré? Est-ce qu'elle avait préféré l'oublier? Peut-être. Je n'en savais rien, et ça me rendait triste. Ma gorge se nouait violemment quand j'y pensais, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Automne était partie, ça n'avait plus de sens de se soucier de ce qu'elle pensait maintenant. Je n'avais jamais marqué les esprits. Certainement pas celui si étrange d'Automne.

Je n'ai jamais su ce que je voulais faire dans la vraie vie, non plus. J'ai eu ces rêves d'enfant, bien sûr, vétérinaire ou monarque, mais aujourd'hui, je ne sais plus. J'ai comme oublié tout ce que j'ai pu vouloir dans la vie. J'ai toujours pensé que la vraie vie ne me concernait pas vraiment. Qu'elle viendrait toute seule. Je crois que je n'aimais pas trop me dire que j'avais tort.

La vraie vie me faisait si peur, en un sens, que je préférais ne pas y penser.

Die Anywhere ElseWhere stories live. Discover now